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Etude de Séralini : début ou fin du débat sur la nocivité des OGM ?

Publié le 05 octobre 2012 par Vindex @BloggActualite

Etude de Séralini : début ou fin du débat sur la nocivité des OGM ?
Depuis le 18 septembre dernier, le débat sur les organismes génétiquement modifiés est relancé. En effet, cette date fut celle de la parution d’une étude scientifique très critique, présentant les OGM comme néfastes à la santé, celle du professeur Séralini. Un véritable tapage médiatique, à coup de photographies impressionnantes de tumeurs sur des rats de laboratoire, s’est alors déchaîné contre les OGM, dénoncés comme néfastes et dangereux. Cette étude semblait pour beaucoup clore le débat autour du maïs transgénique en particulier. Mais en réalité, dans les milieux scientifique et médiatique, des critiques à l’égard de cette étude furent faites, ne faisant en fait que relancer le débat. Certains même pensent, que sur le plan scientifique, il ne fait que commencer, cette étude étant apparemment la première menée sur long terme, en l’occurrence sur deux ans. Il est à notre avis utile de mettre au clair les choses sur cette étude, et de faire un résumé des critiques négatives qu’elle a reçues.
Critique de David Zavaglia dans le Magazine de la Santé
Le chroniqueur du plus en plus célèbre magazine de la Santé sur France 5, fait une critique plurielle de cette étude. Voici cette critique (en vidéo) que nous allons résumer. 
Premièrement, David Zavaglia utilise un argument d’autorité certes un peu facile mais toutefois évocateur. En effet, il affirme que l’article donnant le compte-rendu du l’étude a été publié dans une revue certes scientifique (c’est un minimum) mais peu reconnue par la communauté scientifique : Food and Chemical Toxicology. La pertinence de cette revue est en effet de 3 sur un maximum de 50. Bien sûr, la critique ne s’arrête pas là. David Zavaglia soulève plusieurs insuffisances de l’étude de Séralini : d’abord, elle ne peut démontrer la dangerosité de tous les OGM, puisqu’elle n’a étudié les effets que d’une forme d’OGM parmi tant d’autres : le maïs NK 603, commercialisé par la société Monsanto. Qui plus est, David Zavaglia rappelle à juste titre que l’étude a pris pour cobaye une espèce particulière de rat, très sujette aux tumeurs cancéreuses même sans consommation régulière d’OGM : les Sprague Dawley. En effet, sans consommer d’OGM, un tiers des rats de cette espèce en moyenne contractent des tumeurs ! C’est dire que l’étude n’a eu aucun mal à trouver des tumeurs à ces rats. Enfin, David Zavaglia rappelle que pour la validité d’une étude scientifique, il faut un minimum de puissance statistique. C'est-à-dire qu’il faut un minimum de cobayes ayant subi les tests pour que les résultats soient suffisamment significatifs et libres de tout hasard. Or l’étude du professeur Séralini ne respecte pas ce principe, puisqu’il a travaillé sur des lots de 10 rats seulement, au lieu de 50 habituellement.
Ce que critique aussi fortement le chroniqueur, docteur en biologie cellulaire et moléculaire, c’est le tapage médiatique qu’a occasionné la révélation de cet article. Il estime que l’étude a été révélée dans un contexte quelque peu mercantile, un peu à la manière des études de Monsanto favorables aux OGM. Toutefois, le docteur Zavaglia ne rejette pas toute l’étude en bloc : il estime qu’elle est importante puisque c’est la première à être réellement effectuée sur le long terme. Et puis même si elle ne prouve pas la dangerosité des OGM, elle ne prouve pas non plus qu’ils  n’ont aucun effet. Elle a en tout cas le mérite de lancer un débat qui va probablement susciter d’autres études faites par d’autres scientifiques.
Autres critiques venant du monde scientifique
Dans une interview avec le site Futura-Science, Marcel Kuntz soulève aussi les points de discorde sur cette étude. En effet, il rappelle que les auteurs de l’étude affirment travailler sur une variété proche du NK603 mais sans nommer en elle-même la variété utilisée. Le scientifique se demande alors si cette variété n’est pas suffisamment différente pour altérer la validité des résultats. Il affirme aussi que l’étude aurait dû consister en une comparaison avec d’autres maïs, non transgéniques, pour être plus pertinente. Il aurait en effet fallu comparer les effets de plusieurs maïs, OGM ou non, sur les rats, pour réellement savoir si les OGM sont dangereux. Il pense aussi que les résultats de l’étude ont été surinterprétées et ne peuvent pas conduire à une conclusion aussi tranchée. Il dit enfin que l’opération de communication fut importante autour de cette étude, si bien que les résultats de cette étude sont parvenus au grand public avant la communauté scientifique.
D’autres articles, comme celui de Le Monde, écrit par Stéphane Foucart, soulèvent des critiques diverses et variées. Stéphane Foucart rappelle par exemple que les résultats posent un problème : en effet ils ne seraient pas proportionnels à la quantité de maïs ingéré par les rats.
Hier et aujourd’hui, l’Agence de Sécurité Sanitaire Allemande et l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments ont rejeté l’étude de Séralini. Celui-ci, pour se défendre, affirme que ces instances sont infiltrées par des scientifiques appartenant aux lobbies en faveur des OGM. Mais Gilles-Eric Séralini est-il lui-même tout blanc ? Non selon Stéphane Foucart, qui pointe du doigt ses financements, constitués de nombreuses sociétés de la grande distribution étant axées dans les gammes « sans OGM ». On peut aussi ajouter que l’étude fut cofinancée par le sénateur de Moselle, François Grosdidier, plus ou moins connu pour son engagement contre les OGM. Il aurait ainsi prélevé 100 000 euros de sa réserve parlementaire.
Conclusion :
L’étude du professeur Séralini, malgré sa médiatisation, ne semble pas assez convaincante pour la communauté scientifique. Son protocole n’est pas assez rigoureux, ses résultats doivent être interprétés avec prudence et ses financements ne sont pas anodins. Toutefois, il ne faut pas rejeter en bloc ces analyses et poursuivre les expériences avec plus de rigueur pour que le public ne croit pas que le débat est définitivement tranché, alors qu’en réalité, il ne fait que commencer… 
Sources
Futura SciencesLe MondeMarianne 2Libération 
Vincent Decombe

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