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Dette : prenez vos billets pour la nouvelle crise

Publié le 11 octobre 2012 par Omelette Seizeoeufs

C'était le 6 septembre. Mario Draghi a annoncé un soutien "illimité" aux pays de l'eurozone menacés par leurs dettes. Le mot "illimité" a produit un certain effet et a servi à rassurer les requins. Les taux payés par l'Espagne et l'Italie baissent aussitôt. Tout le monde est content. L'euro est sauvé !

Pourtant, un peu comme avec les forfaits téléphoniques illimités, il y a des clauses en bas du contrat qu'il faut lire. Et la condition essentielle du soutien illimité de la BCE oblige le pays demandeur d'aide de se soumettre aux "réformes" préconisées par la BCE. Pour avoir une idée de ce à quoi ressemblent de telles réformes, je vous invite de regarder un peu la Grèce.

Un mois plus tard, les choses semblent s'être calmées. L'Italie emprunte à des taux raisonnables, malgré une récession dure et des déficits qui explosent, malgré ou plutôt à cause de plusieurs politiques d'austérité et de libéralisation.

Pourtant...

En Espagne, cela se passe encore moins bien. Standard & Poors vient de baisser l'Espagne à BBB- avec perspective négative, c'est-à-dire à un cran des "junk bonds", malgré le soutien illimité de la BCE, qui reste, néanmoins, potentiel.

"L'intensification de la récession est en train de limiter les mesures que peut prendre l'Etat espagnol", écrit l'agence dans un communiqué. "La hausse du chômage et les restrictions budgétaires sont susceptibles d'intensifier le mécontentement social et de contribuer aux fictions existantes entre le gouvernement fédéral espagnol et ceux des régions", ajoute le texte.

C'est sans doute lucide, mais guère encourageant. S&P reconnaît que l'Espagne ne peut rien faire, la situation sociale étant déjà pire que chaude. Pire encore, les autres pays de l'Europe seraient réticents de prendre en charge la dette des banques espagnoles.

L'agence [...] a des "doutes sur l'engagement de certains gouvernements de la zone euro à mutualiser les coûts de la recapitalisation des banques espagnoles"

La situation en Grèce a montré qu'il fallait attendre le plus longtemps possible pour sauver les pays en difficulté, sans quoi on passe à côté de ces crises qui permettent à l'Europe de se définir.

Donc, actuellement, le problème c'est que l'Espagne pourrait demander de l'aide au BCE, mais ne le fait pas, parce que, évidemment, le pays est déjà sur le point d'exploser et que plusieurs tours de vis supplémentaires pour satisfaire la BCE ne vont pas améliorer particulièrement la situation. Donc l'Espagne traîne des pieds, joue la montre, mettant ainsi en cause le principe même du soutien illimité.

D'où la crainte d'une nouvelle envolée des taux :

The ECB's commitment to do "whatever it takes" to counter perceptions of a eurozone break-up by buying a potentially unlimited amount of government debt has dented Spanish borrowing costs in recent months, on the expectation that Madrid will sign up to the commitments on economic reforms and fiscal retrenchment that are needed to trigger bond buying by the central bank. However, officials fear that if Spain continues to refuse help and the ECB remains on the sidelines, yields on peripheral debt will once again rise.

Si, politiquement, il est impossible pour un pays (et pas seulement l'Espagne, mais n'importe quel pays qui se retrouve aux abois) de demander l'aide à la BCE, c'est comme si la promesse de soutien "illimité" n'a jamais existé.

En même temps, Draghi réaffirme que cela ne saurait être autrement : la BCE ne fera jamais tourner la plance à billets :

"La BCE ne peut s'engager dans du financement monétaire et ne peut pas remplacer l'action des Etats membres (de la zone euro). Il est trop facile de penser que la BCE peut remplacer l'action des gouvernements ou leur manque d'action en imprimant de la monnaie. Cela n'arrivera pas", a dit Mario Draghi lors de son audition devant la Commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen

Concrètement, nous voilà au point de départ, à nouveau : tout doit être réglé par l'austérité, et c'est tout. Préparons nous pour un nouveau chapitre dans la Crise de la Dette, qui finira, dans six mois (donc juin 2013 à peu près), par une nouvelle mesure qui aura des allures définitives, mais qui s'avérera à son tour insuffisante.


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