Magazine Culture

Martine et l’orthographe

Par Christian Tortel

“Le soir tombait. Papa et maman, inquiets, se demandaient pourquoi leurs quatre garçons n’étaient pas rentrés.

Les gamins se sont certainement perdus, dit maman. S’ils n’ont pas encore retrouvé leur chemin, nous les verrons arriver très fatigués à la maison.

Pourquoi ne pas téléphoner à Martine ? Elle les a peut-être vus ! Aussitôt dit, aussitôt fait ! A ce moment, le chien se mit à aboyer.”

Ce texte est la dictée qui a été proposée à vingt ans d’intervalle à un échantillon d’élèves de fin de CM2, en 1987 et en 2007. Le Monde se fait l’écho d’une “note d’alerte” émanant des services statistiques du ministère de l’éducation : le niveau en orthographe baisse !

Sur une dictée de 85 mots, la proportion d’élèves faisant plus de 15 erreurs, qui était de 26 % en 1987, est passée à 46 % en 2007.

“Le soir tombè. Papa et maman, inquiets, se demandaient pourquoi leurs quatre garçons n’étaient pas rentrés.

Les gamins se sont certainaiment perdus, dit maman. S’ils n’ont pas encore retrouvé leur chemin, nous les verrons arriver très fatigués à la maison.

Pourquoi ne pas téléphoner à Martine ? Elle les a peut-être vu ! Aussitôt dit, aussitôt fait ! A ce moment, le chien se mit à aboyer.”

Ce sont principalement les erreurs grammaticales qui ont augmenté, passant de 7 en moyenne en 1987 à 11 en 2007. Ainsi, alors que 87 % des élèves écrivaient correctement “tombait” dans la phrase “le soir tombait”, ils ne sont plus que 63 % en 2007. Alors que 61 % des élèves orthographiaient correctement le mot “certainement” en 1987, ils ne sont plus que 50 % en 2007. En revanche, sur des conjugaisons difficiles pour les élèves de CM2, comme l’accord du participe passé avec l’auxiliaire avoir, le pourcentage de réussite n’évolue pratiquement pas : en 1987, seulement 32 % des élèves, écrivaient correctement “vus” dans la phrase “elle les a peut-être vus” ; en 2007, ils sont 29 %.”

Quelles leçons tirer ? Ce texte ne fait pas 85 mots mais 67, et que comprendre à ce raisonnement incohérent qui fait dire à maman :

” Les gamins se sont certainement perdus “

et juste après :

” S’ils n’ont pas encore retrouvé leur chemin, nous les verrons arriver très fatigués à la maison “.

Ce Petit Poucet new look est correct, orthographiquement parlant (si l’on peut dire), mais assez incohérent quant au raisonnement maternel, non ? Comment envisager qu’ils seront fatigués alors qu’on les imagine perdus ? A moins de les considérer comme simplement ” égarés “, l’une des acceptions possibles de perdus, mais exagérée, n’est-ce pas ?

Téléphonons à Martine…


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Christian Tortel 18 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines