The we and the i de michel gondry : un hymne à la jeunesse

C’est la fin des cours pour les étudiants d’un lycée du Bronx, l’occasion pour eux de tous se retrouver dans le bus scolaire. L’occasion aussi pour nous de découvrir qui est réellement chacun, et quelles sont les relations qui unissent ces adolescents.

Michel Gondry, l’ovni français

Même si certains auront associé le nom de Michel Gondry à ceux d’Eternal Sunshine of the Spotless Mind, Be Kind Rewind (Soyez Sympas Rembobinez) ou encore Le Frelon Vert, il faut rappeler (sans crier cocorico pour autant) que Michel Gondry est un réalisateur français. Habitué à un style très personnel et facilement reconnaissable, Michel Gondry travaille également dans le milieu de la musique puisqu’il est lui même musicien et qu’il a réalisé de nombreux clips musicaux (notamment Bjork, Paul McCartney, The White Stripes, Kanye West, Noir Désir, Radiohead, les Daft Punk, etc.).

Présenté à la quinzaine des réalisateurs au festival de Cannes 2012, The We And The I est un film monté très artisanalement : tous les acteurs sont des amateurs et sont véritablement au lycée. Un casting a été organisé par Michel Gondry et l’équipe du film pour sélectionner, non pas les meilleurs, mais les étudiants qui correspondaient le plus aux personnages qu’ils désiraient mettre en scène. Michel Gondry a d’ailleurs retravaillé le script pour qu’il corresponde mieux aux acteurs. De plus, le film a réellement été tourné dans un bus du Bronx, avec en bonus une vraie chauffeuse new-yorkaise qui le conduisait.

Between the walls

Quatre ans auparavant, Laurent Cantet réalisait Entre Les Murs, un film sur une classe de collégiens dans une zone réputée « difficile ». Un long-métrage acclamé au festival de Cannes 2008 puisqu’il reçoit la Palme d’Or à l’unanimité du jury, alors présidé par Sean Penn. The We And The I possède quelques points communs avec le film français : d’abord un sujet presque similaire, et une authenticité – presque filmé façon documentaire – assez frappante.

Sur un sujet presque léger qui peut paraître sans intérêt ou vite ennuyeux, Gondry arrive à poser une ambiance très réaliste et à nous captiver : on prête alors  toute notre attention aux jeunes et à leurs problèmes (plus ou moins importants).  Des personnages à la fois originaux et assez banals, comme on pourrait croiser tous les jours dans le bus ; des timides, des durs-à-cuire, un asiatique, des gays, des blacks, des hispaniques, des filles et des garçons : un groupe très hétérogène mais où les différences culturelles, physiques ou idéologiques n’ont pas d’importance (si au moins vous possédez un smartphone). The We And The I est un film moderne, un hymne à la jeunesse, mené par un réalisateur pas si jeune que ça (49 ans) mais qui semble avoir tout compris du sens de la vie pour les lycéens.

Un début et une fin

Ce trajet est pour certains l’occasion de changer et d’évoluer – notamment Michael, le personnage principal, même si on accorde une grande importance à chacun des personnages. Au départ, on se demande quelle direction va prendre le film, on hésite même à dire documentaire : une sorte de compilation de personnages et d’histoires. Puis, au fur et à mesure, le tout commence à prendre un sens. Des relations s’établissent rapidement entre les personnages : des problèmes opposent certains, des souvenirs en réunissent d’autre.

The We And The I est globalement une photographie de la jeunesse du 21^ème siècle. Un tout assez dynamique, plein de bonne volonté et d’humour pour un huit-clos qui se déroule dans un bus le temps du trajet. En plus d’être un moment de cinéma (certes moderne), The We And The I se révèle être un moment de vérité. Gondry a su intégrer à son récit des vidéos amateurs relatant des faits énoncés par des personnages, ce qui donne un côté plus.. gondriesque. Un très bon film qui s’ajoute à sa filmographie déjà exemplaire.

A noter qu’il faut absolument le voir en version originale ! Le film bénéficie également d’une superbe bande-originale superbe à écouter ici.