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Sondages : que peut faire François Hollande pour remonter ?

Publié le 18 octobre 2012 par Copeau @Contrepoints

Quelle est la différence entre François Hollande et Félix Baumgartner ? Aucune. À y bien regarder, on s’aperçoit même qu’ils chutent aussi vite l’un que l’autre.

Par Hervé Karleskind.

Sondages : que peut faire François Hollande pour remonter ?

Quelle est la différence entre François Hollande et Félix Baumgartner ? Aucune. À y bien regarder, on s’aperçoit même qu’ils chutent aussi vite l’un que l’autre. Pour un Président de la République élu voici moins de six mois, c’est un tour de force. Un record. Et, à la différence de l’Autrichien, rien ne prouve qu’il s’était préparé. C’est bien là que le bât blesse.

Sauver le soldat Ayrault, lui aussi en chute libre, ne serait-il d’aucune utilité ? Fusible il est, fusible il restera jusqu’à ce que, usé jusqu’à la trame, le Président de la République se résolve, par exemple à la faveur d’une défaite électorale, à lui donner congé. N’en déplaise aux ministres, il faudra donc faire avec. Avec un homme qui, de toute évidence, n’est pas, dit-on, l’homme de la situation. Erreur : il est tout à fait dans le casting. Lui reproche-t-on son côté un peu autoritaire, façon prof’ un peu acariâtre, son look un peu provincial, son élocution empotée, sa voix sourde, ses coups de gueule sans effets, qu’il aurait tous les torts d’essayer de changer. Il ne fait pas de « claquettes », selon sa propre expression - le spectacle vaudrait-il le détour ? -, il aurait même tendance à raser les murs. Mais, comme il le dit lui-même, répondant à ses détracteurs socialistes, il n’a pas été nommé à Matignon « par hasard ».

Il a parfaitement raison. Que se serait-il passé si par exemple Hollande avait nommé un personnage plus acéré, moins passe muraille bref, plus vivant et donc plus encombrant ? Imaginons un instant qu’une concurrence se soit installée dès le début entre les deux pilotes de l’exécutif : on n’aurait évidemment pas tardé à parler de « guerre » de « guérilla », on aurait fait le compte des partisans de l’un et des ennemis de l’autre. Il ne se passe aujourd’hui rien de tout cela.

Et c’est même le contraire ! Et c’est bien là que se pose le problème : Hollande et Ayrault sont trop semblables et partagent donc les mêmes défauts. Cette même inertie versatile, cette même indécision chronique, ces mêmes colères qui sont autant d’aveux d’impuissance, cette même incapacité à gouverner autrement qu’en laissant faire, comme ce fut le cas avec la stupéfiante déclaration de Vincent Peillon, Ministre du Cannabis ? ou, au contraire, en démentant les imprudents comme Jérôme Cahuzac qui s’était prononcé en faveur d’une extension de la redevance télé aux résidences secondaires.

Les sondages sont à l’unisson : ce n’est pas tant la déception que les Français sanctionnent de façon aussi brutale - une première sous la Vème République - que l’indécision, le flou, l’amateurisme dont semble faire preuve le couple de l’exécutif. La gestation de la loi de Finances est un feuilleton hallucinant. Que dire aussi de cette loi sur le mariage des homosexuels, - une véritable réforme de gauche, propre à ressouder une majorité en déshérence - qui elle aussi donne lieu à bras de fer entre le Premier ministre et les députés socialistes qui voudraient y faire figurer la procréation médicalement assistée.

Que dire encore du vote, obtenu au forceps, du Traité européen par une majorité, pourtant large, mais justement trop large au point de pouvoir s’offrir le luxe de se montrer rétive et donc de succomber à plaisir à ces petits travers groupusculaires qu’elle affectionne tant.

Lorsque l’on compare les courbes de popularité, on s’aperçoit que François Hollande, près de six mois après son élection, se trouve au même niveau que Nicolas Sarkozy en février 2008, soit neuf mois après son arrivée au pouvoir. Même Jacques Chirac, qui avait essuyé la grosse tempête de l’automne 1995, ne faisait pas d’aussi mauvais chiffres en novembre de cette année-là.

L’analyse ne résout pas pour autant la question : que peut donc faire François Hollande pour remonter une pente qui s’avère fatale ? La réponse est presque trop simple : apprendre dare-dare le métier de président, cesser de jouer une partition ridicule et absurde, celle de la « normalité », prendre la décision qui s’impose quand un ministre de l’Éducation Nationale qui semble avoir fumé la moquette se prend à souhaiter la dépénalisation du cannabis…  et conserver son Premier Ministre. Il n’en trouvera pas d’autre aussi zélé, aussi loyal et prêt à tout faire dans la maison, les courses, le ménage, et même la surveillance des enfants quand ils sont censés faire leurs devoirs.

Le problème n’est donc pas soluble dans un changement de Premier Ministre. Il l’est en revanche dans un changement d’attitude du président lui-même.


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