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Il était une fois l'argent...

Publié le 19 octobre 2012 par Copeau @Contrepoints

Jean-Philippe Bidault aimait sûrement les histoires lorsqu’il était enfant. Car, pour le plus grand bonheur du lecteur, dans son dernier livre, il raconte l’histoire de l’argent depuis l’antiquité.

Par Bogdan Calinescu.
Publié en collaboration avec l'aleps.

Il était une fois l'argent...
Il n’a rien à voir avec les frères Grimm mais il adore les contes. Pourtant, Jean-Philippe Bidault est un ancien élève de Normale Sup’ en Sciences physiques et directeur d’une société de gestion d’actifs. Rien à voir avec les petites histoires. Sa démarche est réussie. Alors que le monde connaît la crise, que les monnaies sont bousculées, qu’on se réfugie dans l’or et qu’on se pose de plus en plus de questions, il a choisi de faire appel au passé pour comprendre le présent ? Il commence avec Périclès et finit dans le futur en passant par Jean Bodin, John Law et Montesquieu. Ce n’est pas un livre sur la monnaie mais sur l’argent en général.

Périclès et Louis XIV aimaient l’argent et le luxe. Ils ont construit le Parthénon et Versailles sans regarder aux dépenses… Jean Bodin fait partie des premiers à comprendre comment fonctionne la monnaie et ce qu’elle représente (même aujourd’hui, on ne le sait pas très bien). Grâce à lui, les finances du royaume sont sauves. Newton sera, au contraire, subjugué par la spéculation tandis que John Law mettra en place un système qui ruinera les riches (un peu comme les socialistes en France). Moins connu, Gregor MacGregor place en Bourse l’emprunt de l’État comme s’il jouait au Loto, Napoléon comprend très bien l’importance de l’argent pour gagner une guerre alors que son neveu, Napoléon III, mettra en place une Union monétaire latine qui durera 50 ans.

Les Banques centrales ? Elles sont très récentes. La célèbre Fed. a été créée sur une île en 1910, dans le secret le plus total. L’entre deux-guerres c’est la « mésentente cordiale » et l’argent demandé à l’Allemagne, ce qui la fera basculer dans les bras du IIIème Reich. Durant ces années, l’auteur ne pouvait pas éviter Keynes, personnage intéressant et plutôt méconnu. On pense qu’il est toujours aux sources de l’interventionnisme public alors qu’il reconnaissait souvent les limites de l’étatisme (la « Sorcière de Bretton Woods » n’est-elle pas la main invisible d’Adam Smith ?).

Hayek est raconté à travers un dialogue plus ou moins imaginaire avec Gunnar Myrdal qui a reçu le Nobel en même temps que lui. « Ne nous y trompons pas, dit Hayek à propos des initiatives des neuf pays membres de la Communauté européenne, au-delà de l’eau tiède de leur communiqué officiel, c’est vers une monnaie commune que vont s’orienter les Neuf et ceux qui les rejoindront ensuite. Avec, c’est sûr, un jour une autorité supra-nationale pour la contrôler. Demain l’Europe risque d’être un vaste État-providence. Et après-demain, assurément, une terre de servitude… Non seulement une monnaie européenne unique ne serait pas mieux gérée que les monnaies nationales, mais à bien des égards elle serait même pire ! » La suite de l’Histoire donne (en très grande partie) raison à Hayek. L’État-providence n’a pas débouché sur la servitude totalitaire mais il a failli et la monnaie unique résiste uniquement grâce à la volonté (et à l’argent) de l’Allemagne.

Et en 2024 ? Difficile de prévoir ce qui va se passer mais, comme le suggère l’auteur, nous vivrons peut-être l’époque de la concurrence entre les monnaies privées…

Jean-Philippe Bidault, Si l'argent m'était conté..., Éditions du Palio, 206 p., 2012.

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