Gilles Bernheim, grand rabbin de France, comme vous avez pu le lire dans un récent article sur Itinerarium, s’est prononcé contre le mariage homosexuel. Mais il n’est pas le seul à s’inquiéter des éventuelles dérives d’une loi légiférant sur ce domaine. Outre les évêques de plus en plus nombreux à emboîter le pas – une cinquantaine au total – et prêt à se prononcer officiellement lors de la prochaine Assemblée plénière du 3 au 8 novembre, la Fédération protestante de France estime dans un communiqué du 13 octobre, « que le projet de ‘mariage pour tous’ ne favorise pas la structuration de la famille ». Elle exprime aussi « sa très vive préoccupation, si au delà du « mariage pour tous », une réforme du droit de la filiation devait s’engager sans être précédée d’un vaste débat public analogue à celui qui a précédé l’adoption des lois de bioéthique par le Parlement ».
Les religions ne sont pas les seules à élever la voix. La droite non plus.
La gauche est débordée par sa base : les maires connaissent la réalité du terrain – un fossé sépare les électeurs de la province de ceux des grandes villes. C’est la différence entre le pays légal et le pays réel : le marais poitevin n’est pas celui de Paris.
La fronde de l’Outre-Mer
En Martinique, 20 maires sur 34 déclarent qu’ils refuseront de marier des couples homosexuels. Les 14 autres précisent qu’ils demanderont à d’autres officiers d’état civil de le faire à leur place. A la tête de ce mouvement de contestation, Raymond Occolier, maire du Vauclin dans l’île, grande figure du PS local. Dans un entretien à Famille Chrétienne, il précisait :
« De toute façon, le ‘mariage’ homosexuel, je ne le ferai pas. Je ne redoute pas les sanctions. C’est le chrétien qui parle, pas uniquement le citoyen. Je ne peux pas faire quelque chose que Dieu réprouve. C’est ma conscience qui hurle ! Le gouvernement pourra mettre la pression, je ne céderai pas ».
Bernard Poignant, dont l’amitié politique avec François Hollande remonte à 1984, s’oppose ouvertement au mariage homosexuel.
Dans le dernier numéro de Famille Chrétienne (N°1814 du du 20 au 26 octobre), notre confrère Samuel Pruvot est allé interroger « celui qui doute à l’Elysée », Bernard Poignant, maire de Quimper, proche de François Hollande et possédant un bureau à l’Elysée :
« Tous les responsables religieux ont eu des prises de position plutôt convergentes contre le mariage et l’adoption par des personnes de même sexe. Dans ce débat, il faut encore écouter les psychanalystes, les psychologues, les associations familiales [...] Un certain nombre de maires affirment qu’ils n’appliqueront pas la loi. Ils sont nombreux en Outre-Mer. Certains maires réclament déjà une clause de conscience, comme les médecins [...] Comment va-t-on écrire le code civil ? Cette question est particulièrement grave, elle n’est pas assez posée. Je suis curieux de savoir comment on va libeller le livret de famille. En tant que maire de Quimper, je suis amené à donner aux époux un livret de famille. Mais que trouvera-t-on dedans ? ‘Parent 1 et parent 2′ ? ‘Parents A et B’ ? Cette solution ne me convient pas ».
Sur toutes les questions éthiques, la conscience prend le pas sur les ambitions politiques. Le mariage homosexuel n’est pas le seul débat discuté. Le projet d’une révision de la loi Leonetti sur la fin de vie ne fait pas l’unanimité en interne. Le Professeur Didier Sicard, mène depuis la rentrée une commission organisant dans tout le pays des débats citoyens dans le but de proposer une réflexion plus aboutie sur le problème de l’euthanasie, avant la mise en place d’un projet de loi. En Off, le professeur fait bien part de son hostilité à la mise en place d’un loi légalisant l’euthanasie en France. Les réformes sociétales qui ont été l’apanage de la gauche ces vingt dernières années semblent ne plus faire recette aujourd’hui.
Pierre Mayrant
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