Magazine Société

Institut Leclerc et notre visite

Publié le 20 octobre 2012 par Raymond Viger

De la prison à la maison

Lettre à ma fille

Danielle et moi avons fait du bénévolat à l’institut Leclerc. Nous y avons rencontré des gens sensationnel. Un de ceux-ci, Robert Joncas, nous a demandé de publier une lettre pour sa fille.

Robert Joncas,   Dossier Prison

À ma fille,

Comme j’aimerais te voir, te parler, te prendre dans mes bras. Ça fait 5 ans que l’on ne s’est pas vus. Tu me manques beaucoup. Peut-être est-ce ma faute? Je n’avais pas à partir comme ça et te laisser seule.

J’ai ma part de responsabilité dans ce temps perdu. 9 ans d’incarcération, ça fait des dommages. On aurait pu aller à la Ronde, faire du camping, aller à la pêche, faire un voyage… Toutes ces années gaspillées par ma faute.

Ce qui me fait le plus mal, c’est de ne pas savoir ce que tu fais. J’imagine le pire : la drogue, les mauvaises fréquentations, les mauvaises influences… Quand j’avais ton âge, je ne pensais qu’à tripper avec mes amis. Mon père me disait de ne pas conduire vite, de ne pas consommer de drogue, de ne pas voler, de travailler honnêtement… Ça ne me rentrait pas dans la tête. À 20 ans, il fallait que je bouge, il me fallait de l’action. Sans émotions fortes, je n’étais pas bien. La gang de chums, les parties, les femmes, c’est ce qui comptait. Maintenant, c’est à mon tour de faire comme mon père et de te dire la même chose.

Trop d’alcool, de drogue, le jeu et autres dépendances ne sont qu’illusions. Quand vient le jour où l’on se retrouve seul, tu diras: «Je me suis fait avoir, mon père avait raison.» Si tu penses que je ne t’aime pas, alors tu dois t’aimer toi-même. N’écoute pas ceux qui veulent t’entraîner dans le négatif. Tu dois rester forte. Je sais que ce n’est pas facile.

Ne scrape pas ta vie comme moi. Parce qu’un jour, après avoir haï tout le monde autour de toi, tu vas finir par te haïr toi-même. Et là, ça va faire mal. Comme moi présentement, je me hais parce que je suis en prison et que je n’ai pas été là pour tes 16, 17, 18 ans… Toutes ces années perdues par ma faute. Crois-tu que je ne le regrette pas? Je sais, tu me diras: c’est ma vie, on est en 2012, on n’est plus dans ton temps, 1970-80-90.

Je veux te dire, ma fille, que les problèmes de drogues, d’alcool et une vie criminelle n’apportent rien de bon. Un faux bonheur éphémère, un monde de misère, d’illusions qui mènent inévitablement à l’hôpital, en prison ou à la morgue. Les époques se succèdent mais les problèmes restent les mêmes : la pauvreté, la misère, la criminalité changent de visage mais c’est toujours la même bêtise humaine.

Maintenant, c’est à toi. Que vas-tu faire avec tout ce que je dis ? La même chose que moi quand j’avais ton âge ? Au moins, je te l’aurai dit. Tu es avertie. J’ai fait de mon mieux. Je t’ai dit ce qu’un père doit dire à son enfant. À toi de faire tes bons choix.

Je t’aime. Ton père.

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