Magazine Cinéma

[Critique] CAMILLE REDOUBLE de Noémie Lvovsky

Par Celine_diane
[Critique] CAMILLE REDOUBLE de Noémie Lvovsky
Camille, 40 ans, actrice ratée en plein divorce, profite d’une seconde éthylique pour voyager dans le temps. Elle troque alors ses désillusions d’adulte pour de nouveaux 16 ans, baladeur cassette sur les oreilles, rébellion adolescente plein les veines. Du postulat de base très excitant « que ferait-on si l’on revenait dans son passé avec ses yeux d’adulte ? », elle offre une comédie profonde, libre (de ton), libérée (de tout schéma narratif convenu), incroyablement maîtrisée. Entre candeur et tristesse, Camille fouille l’époque de tous les possibles ; Noémie Lvovsky (qui incarne la Camille-titre à la fois à 16 et 40 ans) déterre la magie de l’âge ingrat : les délires avec les copines, les premières expériences, les rêves et espoirs. Des décalages provoqués par l’échange spatio-temporel, la talentueuse cinéaste navigue entre séquences hilarantes (elle drague des petits jeunes, refuse tout dialogue avec celui qui 25 ans plus tard lui brisera le cœur, Samir Guesmi), et instants poignants (les dîners précieux avec ses parents, Michel Vuillermoz et Yolande Moreau, dont elle noiera la perte dans l’alcool à l’âge adulte). De ce cocktail détonnant et singulier, elle offre à voir une petite pépite bourrée d’intelligence et de drôlerie, fantaisie eighties aux accents mélancoliques séduisants. Voir l’actrice-réalisatrice en pleine parenthèse régressive se rendre au bahut en bicyclette, 99 luftballons à fond dans le walkman ? C’est aussi décalé, que beau. 
L’adolescence. Un sujet, par ailleurs, qui a toujours passionné Lvovsky, qui signait déjà avec La vie ne me fait pas peur, l’une des meilleures œuvres françaises sur ce thème. Chose amusante : les quarantenaires de Camille redouble pourraient tout aussi bien être les versions, vingt plus tard, des héroïnes torturées qu’elles filmaient en 1999 : femmes abîmées par la vie, les deuils, les épreuves. En retournant dans le cocon des seize printemps (cocon familial, scolaire, mais aussi beauté d’une époque pas encore saccagée par l’internet et la télévision), la réalisatrice convoque le passé de chacun, appelle à des sentiments universels, touche à quelque chose de très intime. Parce qu’elle le fait sans prétention aucune (le film est subtil mais pas intello, populaire mais pas simpliste), et avec- en fond- une sincérité qui transcende la forme (plutôt banale), elle parvient à faire rejaillir les trésors des années 80 sans jamais apparaître ni ringarde, ni has been. Camille redouble ou un vrai régal- grave, drôle, nostalgique- entre rires et larmes. 
[Critique] CAMILLE REDOUBLE de Noémie Lvovsky

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Celine_diane 512 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines