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... Cours Kilian, cours... !

Publié le 24 octobre 2012 par Pascal Boutreau

Capture d’écran 2012-10-24 à 22.43.36Voilà, ça couvait depuis quelques semaines, mais c'est désormais officiel, mon blog est désormais relayé par lequipe.fr, sous une forme "customisée" commune à tous les blogs de lequipe.fr à l'adresse suivante espritdusport.blogs.lequipe.fr (pour l'instant les commentaires buggent). Je vais néanmoins continuer à alimenter cet espace, pour vous les fidèles qui êtes là depuis si longtemps (tu vois Nick, tu pourras continuer à profiter de Keira Knightley et de ses copines, "marque de fabrique" de ce blog... je me serais bien abstenu de mettre ma photo sur le blog L'Equipe, mais c'est la règle du jeu...).

Cela me permettra aussi de faire ici une version plus personnelle puisque je vais par exemple m'abstenir de mettre mes critiques ciné sur le blog made in L'Equipe (enfin, quand je prendrai le temps d'y retourner) ou encore mes plans d'entraînement (oui oui je continue à m'entraîner avec toujours l'EmbrunMan en ligne de mire). Un peu moins de messages perso sur le blog L'Equipe. Alors, même si le gros du contenu sera le même, on reste ici entre nous ;) 

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Dans la news précédente, était évoqué le Grand Raid de la Réunion, également appelé la Diagonale des Fous. Comme d'habitude, la victoire est revenue à l'Espagnol Kilian Jornet, "l'ultra terrestre". Un peu plus de 26 heures pour courir les 170km et les 11000m de dénivelé. Moins d'une semaine après avoir été chercher un titre mondial de skyrunning en Malaisie. Une fois encore, le prodige de seulement 24 ans, a laissé sur les chemins de la Réunion, le deuxième (Antoine Guillon) à plus d'une heure. Un phénomène. Il y a en « KJ » quelque chose de Forrest Gump. Le héros du film de Robert Zemeckis, incarné par Tom Hanks, qui traverse les États-Unis en courant, emmenant des fans dans sa foulée. En 2010, sans doute le meilleur avaleur de grands espaces au monde, a traversé les Pyrénées de la côte atlantique à la Méditerranée. Huit jours et trois heures (113 heures de course au total) pour un périple de 850 km et de plus de 42 kilomètres de montée. Au fil de ses sauts de cabri, au détour d’un chemin, certains de ses admirateurs, alertés par les forums spécialisés, sont venus se joindre à lui pour partager quelques foulées. « C’est un peu comme un gamin jouant au foot avec Zidane, sauf que nous, notre Zidane, c’est Kilian », racontait alors l’un de ses suiveurs. Et c'est comme ça à chacune de ses sorties.

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Des records, Kilian en a une collection invraisemblable. Parmi les plus marquants, son record du GR 20 en Corse. Moins de 33 heures pour les 200km du sentier corse, son record du Tahoe Rim Trail aux Etats-Unis (280km, 14000m de dénivelé en 32h54'), sa montée-descente du Kilimandjaro en 7h14 (la photo ci-dessus), ses trois victoires dans l'Ultra-Trail du Mont-Blanc ou dans la Pierra Menta, la mythique course de ski-alpinisme, spécialité dont il est aussi le meilleur au monde.Kilian, c'est une histoire. Premiers pas près du refuge du Cap del Rec, tenu par son père, à 1 987 m dans les Pyrénées catalanes. L’été de ses cinq ans, il gravit le pic d’Aneto, point culminant des Pyrénées à 3 404 m. « À dix-huit mois, il marchait, courait pendant quatre ou cinq heures, raconte Nuria, sa mère, institutrice. Nous voulions qu’il soit autonome et qu’il trouve les solutions par lui-même. » Le fiston regarde cette période comme « une vie de bonheur. Avec ma sœur Naila, on a appris à s’amuser avec la montagne. Mes parents m’ont donné les outils pour toujours m’en sortir, pour être capable de marcher dans la nuit, trouver les chemins, éviter les rochers. La montagne, c’est chez moi ! Ce n’est pas un lieu de souffrance mais un terrain de jeu. » De la souffrance, Kilian en a connu. Comme cet hiver quand lors d'une expédition, Stéphane Brosse, triple champion du monde de ski alpinisme, n'a pas survécu à une chute, emporté par une corniche qui a cédé à quelques mètres seulement de l'Espagnol. La montagne ne pardonne pas. Kilian le sait. Et la respecte même si certains voient d'un mauvais oeil la médiatisation parfois exagérée des montées en basket du prodige au sommet du Mont-Blanc. Leurs arguments sont recevables avec effectivement le risque d'inspirer quelques inconscients désireux de faire "comme Kilian"... mais sans son expérience.

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Succès oblige, les détracteurs existent. A une époque où le moindre exploit devient suspect, les apôtres du "tous dopés" sont prompts à semer le doute au regard de l'accumulation des performances "hors normes" du Catalan, dont l'un des camps de base est à Font-Romeu (sur la photo avec la marathonienne Paula Radcliffe). Difficile de lutter contre ces idées. Même l'argument des nombreux contrôles antidopage subis (en particulier dans les compétitions de ski-alpinisme) ne peut suffire à faire taire les plus sceptiques (d'autant plus qu'on sait très bien que l'absence de contrôle positif ne prouve plus grand-chose... cf. un certain cycliste américain...). Mais Kilian a une histoire. Une philosophie aussi. " Partir du village, monter au sommet et redescendre le plus vite possible, avec le minimum de matériel. Il n’y a que toi et la montagne. Qu’y a-t-il de plus naturel ? Le trail, c’est courir dans les nuages, dans le vent, la liberté absolue. Avancer encore et encore. Il faut chercher de nouvelles montagnes pour aller y courir sur les nuages et poursuivre ses rêves. » Si vous avez un peu de temps, regardez cette vidéo d'Intérieur Sport. Lors de la saison 5, une des émissions lui était consacrée. Cela s'appelait "Seul au monde". Tellement vrai.

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Un coup de coeur avec les deux médailles obtenues par les filles aux Championnats d'Europe de tennis de table, discipline que j'ai autrefois suivie et pour laquelle je garde une grande affection.

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Grâce à Xian Yi Fang, médaillée d'argent et Li Xue, médaillée de bronze, la France est montée sur le podium. Oui, oui j'ai bien dit la France. J'en entends déjà se gausser à la lecture des patronymes de ces deux demoiselles, évidemment d'origine chinoise. Mais voilà, contrairement à ce que certains pourraient penser, Xian Yi Fang par exemple n'a pas bénéficié de passe-droit pour obtenir sa nationalité tricolore. Comme n'importe quel autre citoyen d'origine étrangère, elle a pu bénéficier de son passeport tricolore et donc représenter la France dans les grandes compétitions parce qu'elle travaillait en France depuis suffisamment d'années. Ce n'est pas une "mercenaire" comme il en existe parfois. Xian Yi Fang est arrivée en France en 1997, à 19 ans, et a obtenu sa naturalisation en 2005. Pour info, elle a également réussi son concours à Sciences Po Paris où elle prépare un Master ! (Photo Hubert Gueriau, merci Hub ;))

Au-delà de cette précision, ces deux médailles me font surtout plaisir pour Rozenn Yquel-Jacquet, aux commandes de l'équipe de France féminine depuis plus de dix ans. Une passionnée qui touche enfin le fruit de l'énorme travail accompli depuis des années dans un contexte pas toujours facile. Difficile en effet de convaincre des filles de se consacrer pleinement au sport quand celui-ci ne vous garantit rien pour l'avenir. Carole Grundisch a longtemps été un grand espoir mais a souvent mis sa carrière entre parenthèses pour se consacrer à ses études de kiné. Les exemples sont multiples. Et ne concernent évidemment pas que le tennis de table. Mais pour avoir suivi un temps le total investissement de Rozenn, je suis super heureux pour elle et pour le ping féminin français d'avoir enfin pu aller chercher un peu de lumière.

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Petit focus sur le triathlon avec le week-end dernier à Auckland, la dernière manche des championnats du monde. Bon, les Français n'y ont pas vraiment brillé. Mais cela ne doit pas faire oublier la bonne saison des Bleus avec notamment les quatrième et cinquièmes places de David Hauss et Laurent Vidal aux Jeux olympiques de Londres, derrière les trois extraterrestres de Sartrouville, les deux frères Brownlee et l'Espagnol Javier Gomez.

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Si les "Elites" Tricolores sont restés en retrait à Auckland (bravo tout de même à Léonie Périault et Simon Viain, vice-champions du monde en juniors), un grand coup de chapeau à Yannick Bourseaux (en photo - photo ITU, DR) et Stéphane Bahier, sacrés champions du monde en para-triathlon. La discipline fera son entrée aux Jeux Paralympiques de Rio, en 2016. En catégorie Tri 4, Yannick Bourseaux, ancien membre de l'équipe de France « valide » avant une chute en vélo dans une descente de col l'ayant handicapé au bras droit, récolte son quatrième titre (2005, 2006, 2011, 2012) (David Travadon, 8e). L'autre titre est décroché par Stéphane Bahier, 37 ans, champion du monde en Tri 2 (David Peiffer, 6e). Amputé de la jambe droite après un accident de la route, Bahier a participé aux Jeux paralympiques de Pékin, en cyclisme, et s'est lancé dans le paratriathlon depuis un an. Yan Guanter, vice-champion du monde en Tri 5 et  Geoffrey Wersy, bronze en Tri 3 ramènent deux autres breloques. Chez les femmes, Edith Dasse est 7e en Tri 4

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Ce week-end, direction le Béarn, pour les Etoiles de Pau, l'une des six plus grosses épreuves au monde de concours complet. Pour les néophytes en sports équestres, le concours complet, c'est une sorte de triathlon du dada. En trois jours, les couples enchaînent une épreuve de dressage, un parcours de cross et un parcours de saut d'obstacles. A ce petit jeu, les Allemands ont été sacrés champions olympiques à Londres, avec à leur tête le prodige Michael Jung qui, le jour de ses trente ans, s'est offert l'or par équipes et l'or individuel. Il va falloir être sacrément fort pour lui trouver des cadeaux d'anniversaire à la hauteur l'an prochain... Jung, qui est également champion du monde et champion d'Europe en titre, à la fois en individuel et par équipes, sera à Pau ce week-end.

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Franchement, si vous êtes dans le coin, ça vaut le coup (sinon, vous pouvez aussi regarder la télé. Sur Equidia Life, on vous proposera près de 15 heures de direct...). Notamment le cross du samedi avec des obstacles de mammouth qui suffiront à convaincre ceux qui estiment que "l'équitation, c'est pas du sport", qu'ils font fausse route. Parce que croyez-moi, se trouver sur un animal de 600 kilos et franchir des obstacles naturels tels que ceux proposés sur le parcours de ce concours 4 étoiles (la plus haute classification pour du concours complet), ça déménage et ça demande autant de technique que de physique. Alors, allez hop, tous à Pau. Et en plus le soleil est annoncé ce week-end. Bon, pas vraiment, mais ça, c'est mon côté optimiste...


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