Magazine Humeur

Grève à la SNCF = « Prise d’otage »

Publié le 28 octobre 2012 par Kamizole

Cela faisait longtemps que l'on ne nous avait pas ressorti cette antienne des ultralibéraux qui n’hésitent nullement à nous sacrifier sur l’autel de profit maximum. Chantée à chaque grève dans les transports routiers ou aériens. Notons au passage que c’est une injure à l’égard des véritables otage qui, hélas ! En meurent parfois. Cette fois elle émane du Groupement national des transports combinés (GNTC) Grève SNCF : "prise d'otage" (Flash-eco Figaro 24 oct. 2012).

Les « sales bêtes » ! Pour éclairer votre lanterne si vous avez manqué le début du film, ces sociétés ont profité de la privatisation des transports publics imposées par Bruxelles pour faire main basse sur les services publics de transports de voyageurs (trustant un nombre incroyable de dessertes urbaines ou régionales) ainsi que le fret : prière de ne pas se demander pourquoi la Sernam, autrefois filiale florissante de la SNCF (qui dut s’en séparer à cause d’une injonction de la Commission européenne) est désormais en faillite. Le « ferroutage » - alternative écologique à « Tout-en-camion » n’est plus à l’ordre du jour puisque Calberson a partie liée avec Geodis, un de ces transporteurs des transports combinés… J’ai bien plutôt envie d’écrire « qui ont trouvé la bonne combine » pour rafler l’argent de l’Etat tout en « roulant  » les usagers (devenus des clients) et en tentant de museler les salariés… et leurs syndicats.

Leur bête noire ! Un sacré morceau d’anthologie, digne de figurer dans le programme du Régime de Vichy ou celui de Pinochet.

« Il est temps de libérer le rail français de sa tenaille syndicale » - rêveraient-ils de mettre les syndicalistes et les grévistes dans des stades ? - car « il est totalement inacceptable qu’une grève SNCF stoppe les trains de fret des entreprises ferroviaires privées et parce que le réseau ferré est toujours sous le contrôle anormal des agents SNCF »…

Je ne sais s’il faut entendre par cela les grévistes ou l’activité normale de contrôle du trafic sur les lignes - encore publiques : placées sous le contrôle de « Réseau ferré de France » - exercé par la SNCF. Leur rêve : se débarrasser complètement du peu qu‘il reste d’Etat. Mais pas tout … pas si folles les guêpes : laisser les dépenses d’investissement et de fonctionnement à Réseau ferré de France - structure publique propriétaire des lignes - pour n’en tirer que les profits. On connaît d’ailleurs bien la chanson ultralibérale : « Privatiser les profits, nationaliser les pertes ».

Ils le disent carrément «  L'actualité et la pression des organisations syndicales ferroviaires (...) montrent que nous avons raison d'être opposés au regroupement sous une même holding de l'exploitation et de l'infrastructure sous la gouvernance de la SNCF » dans la mesure où nonobstant la loi de 1997 qui a séparé la gestion du réseau (attribuée à RFF) et son exploitation, assurée par la SNCF et quelques exploitants privés, « la SNCF abrite toujours des personnels assurant, pour le compte de RFF, la maintenance ou les circulations sur le réseau »…

Horribilis ! Et de prétendre qu’en l’occurrence que « se référer au "modèle allemand" ne serait pas, dans ce cas, le bon exemple ». Ils préfèrent sans nul doute le "modèle anglais" - privatisation totale du réseau - d’une si parfaite incurie : l’absence d’investissements dans les matériels (trains, voies, sécurité) étant responsable de moult défaillances avec parfois des conséquences gravissimes pour les usagers victimes de déraillements.

Ceci dit, et comme à chaque fois, cette grève aurait pu être évitée par le dialogue social. Cela se produit à chaque changement d’heures à l’automne et au printemps. Le personnel de la SNCF n’étant d’ailleurs pas les seuls à être mécontents. Les usagers - surtout ceux qui doivent emprunter les trains (notamment les TER) pour travailler - ont exprimé leur colère autant en décembre 2011 qu’en février et mars 2012. En effet, souventes fois les correspondances entre les trains qu’ils doivent emprunter avaient été décalées de façon importante - soit trop tôt soit trop tard - voire supprimées… L’on sait très bien que le dialogue avec les usagers est la tarte à la crème de la SNCF : « l’Arlésienne » de l’information « en temps réel » des voyageurs étant ressortie après chaque incident ou accident ayant entraîné des retards parfois très importants.

Bien évidemment, il est impossible de supprimer les aléas climatiques et autres mais les contrôleurs présents dans les trains ont le devoir d’informer les voyageurs. Ils le font parfois avec beaucoup de diligence et d’a propos. J’ai pu le constater le 7 octobre 2000 lorsque les trains ne purent partir de la gare d’Austerlitz à cause de l’incendie qui s’était produit dans les caves de la bibliothèque François Mitterrand. Je partais pour Châteauroux où l’on devait venir me chercher en voiture.

Le train partit avec retard de la gare de Lyon, rejoignant la ligne normale à Brétigny-sur-Orge. Les contrôleurs ont parcouru toutes les rames pour demander aux voyageurs s’ils devaient prendre un autre train par la suite et ont appelé les gares pour retarder le départ des trains afin de leur permettre de ne pas rater leur correspondance… J’ai souventes fois voyagé en train dans des conditions difficiles (grèves et ou autres retards) et à l’exception d’un trajet fort épique - plus de 4 heures pour aller de Paris à Tonnerre ! - où le contrôleur indiqua par micro -  il avait le même fort accent bourguignon que Guy Roux ! - aux voyageurs poursuivant leur parcours vers le Jura les gares et les horaires de correspondance, la plupart du temps nous étions laissés dans la panade et l’ignorance.


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