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Anthologie permanente : Wallace Stevens

Par Florence Trocmé

Le vent tourne

Voici comment tourne le vent :
Comme les pensées d’un vieil humain
Qui pense encore ardemment
Et désespérément.
Le vent tourne comme ceci :
Comme une humaine sans illusions,
Qui sent encore en elle de l’irrationnel.
Le vent tourne comme ceci :
Comme des humains s’approchant fièrement,
Comme des humains s’approchant furieusement.
Voici comment tourne le vent :
Comme un humain, houleux, houleux,
Qui se moque de tout.

The Wind Shifts

This is how the wind shifts :
Like the thoughts of an old human,
Who still thinks eagerly
And despairingly.
The wind shifts like this :
Like a human without illusions,
Who still feels irrational things within her.
The winds shifts like this :
Like humans approaching proudly,
Like humans approaching angrily.
This is how the wind shifts :
Like a human, heavy and heavy,
Who does not care.

 

Wallace Stevens, Harmonium, édité et traduit par Claire Malroux, edition bilingue, José Corti, 2002, p.204 & 205

Les Falaises irlandaises de Moher

Qui est mon père dans ce monde, dans cette maison,
À la base du spirituel ?

Le père de mon père, le père de son père, le –
Des ombres comme vents

Remontent à un parent d’avant la pensée, d’avant la parole,
À la source du passé.

Elles remontent aux falaises de Moher émergeant de la brume,
Au-dessus du réel,

Émergeant du lieu et du temps présent, au-dessus
De l’herbe verte, mouillée.

Ce n’est pas un paysage, plein de somnambulisme
De la poésie

Et de la mer. C’est mon père ou, peut-être
C’est ainsi qu’il était,

Une ressemblance, un de la race des pères : terre,
Et mer et air.

The irish Cliffs oh Moher

Who is my father in this world, in this house,
At the spirit’s base ?

 

My father’s father, his father’s father, his –
Shadows like winds

 

Go back to a parent before thought, before speech,
At the head of the past.

 

They go to the cliffs of Moher rising out of the mist,
Above the real,

 

Rising out of present time and place, above
The wet, green grass.

 

This is no landscape, full of the somnambulations
Of poetry

 

And the sea. This is my father or, maybe,
It is as he was,

 

A likenesses, one of the race of fathers : earth
And sea and air.

 

Wallace Stevens, À l’instant de quitter la pièce, traduit de l’anglais (États-Unis) et préfacé par Claire Malroux, José Corti, 2006, pp. 16 & 17.

fiche bio-bibliographique de Wallace Stevens

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