Magazine

Live-blogging à retardement : voyage Paris-Bretagne

Publié le 31 octobre 2012 par Francisbf

Bon. J'avais eu super la flemme de retranscrire ça quand je l'ai fait, en août dernier, mais je m'y suis finalement résolu. Parce que c'est quand même un beau moment passé avec mon popa, hein popa ?

8h40 : Hourra ! Nous sommes partis, Père et moi, pour la verte Bretagne, terre de mystères et de  consanguinité, dans notre fière Toyota Yaris rouge, vestige de la crise de la cinquantaine tardive (et quelque peu décevante) de mon papa. Et tenez-vous bien, on va prendre les petites routes ! Comme des vrais baroudeurs ! Pour l'occasion, j'ai laissé pousser ma barbe et décidé de tenir un journal. À vrai dire, il y a deux raisons à cela : éviter de penser à la musique que mon papa m'inflige (en ce moment, Ana Moura pleurniche sur la N20, je n'ose penser à ce qui m'attend à Moulins la Marche). La deuxième, c'est de ressusciter un instant ce blog moribond. En fait, à l'origine, j'ai accepté de faire ce voyage pour pouvoir faire un statut facebook super liké, mais après avoir hésité sur différentes approches (ado blasé, renoueur de lien filial étiré par le fuseau du temps qui passe, explorateur des contrées occidentales), j'ai laissé tomber, trop compliqué, puis si ça se trouve, mes contacts facebook seront en vacances.
8h51 : nous sommes sur le périph, et je continue mon récit. Ça agace mon papa que je ne lui lise pas ce que j'écris, alors je continue. J'en profite pour vous signaler à quel point ma tâche est ardue : non seulement le fado me casse les oreilles, mais je dois écrire sur des feuilles volantes, étant donné que je n'ai retrouvé aucun des douze carnets que j'ai entamés et qui se sont manifestement égarés dans les travaux de la maison, et que je dois écrire avec un gros stylo-clé USB-pointeur laser, en tenant l'iphone de mon papa qui nous sert de deuxième GPS.
8h56 : oh, des immeubles !  La Seine ! On arrive au travail de ma grande sœur, je vais faire coucou. Hop, c'est fait. Aucune des voitures devant n'a de plaque d'immatriculation intéressante.
8h58 : Je vomis un peu dans ma bouche. En plus, j'ai pas petit-déjeûné. On est cernés par des arbres dont je peine à reconnaître l'essence.
9h00 : Ha, une plaque rigolote ! BJ-xxx-HD. Sans doute un producteur de films pornos en route vers ses studios. Je me demande s'il trompe sa femme. Probablement.
9h01 : Je me surprends à apprécier le fado. Peut-on parler de syndrôme de Stockholm après seulement 21 minutes ?
9h03 : Purée, c'est la forêt vierge.
9h04 : Ha non, de la ville.
9h06 : Cette musique me rend tout mélancolique. Et dire que j'ai oublié mon Smecta. HA HA. Heureusement, l'humour scato me permet de garder le moral, même si mon visage reste un masque de sérieux pour tromper la vigilance de Père qui râle parce que je ne surveille pas assez son iphone à son goût, et qui râlerait encore plus s'il soupçonnait que je prenais du plaisir, lui qui tient à ce que je sois misérable. Bon, ce n'est pas dû au voyage, mais même.
9h12 : la forêt domaniale de Sainte-Appoline est bien laide. Je n'irai pas y chercher des champignons, même le couteau sous la gorge.
9h15 : Nationale 12, morne plaine. Je pense à la mort, mais ne pleure pas, même pas pour attendrir mon papa. D'ailleurs, mon petit cousin a essayé il y a deux jours, et mon papa a rigolé alors que ça fendait le cœur, ce petit rouquin en larmes.
9h17 : ce qui est chouette, c'est que le paysage change. La plaine est démornifiée par des arbres. C'est chouette, les arbres.
9h19 : je repense à la mort, mais c'est à cause d'un hérisson écrasé, pas du paysage, qui reste plutôt arborifère.
9h21 : et maintenant, un piaf. Ce voyage démarre sous de mauvais auspices. Avec en plus du fado en fond sonore. L'univers m'envoie un message, c'est sûr. Je devrais mettre ces feuilles en bouteille et les jeter par la fenêtre, qu'elles ne brûlent pas dans notre inévitable accident.
9h24 : papa ne veut pas acheter de poules, alors qu'on arrive à Houdan. Il essaye d'être scabreux en parlant de poules de luxe, mais ça ne lui va pas, en plus il a des dents toutes neuves.
9h32 : avons passé des pancartes Bû et Bu. Sont-ce deux villages différents ? À googler dès que possible.
9h33 : premier stop, à l'aire Nord de la Mésengère, caractérisée par une flaque. Et un banc.
9h37 : ho purée. Ho purée. Il veut nous faire passer par les petites routes jaunes. Le GPS indique 1h16 pour faire 67 kilomètres. Dans quoi me suis-je fourré ?
9h38 : on change de disque. Comme j'ai la main, je mets du blues (Precious Bryant). Ça sautille. Je chantonne.
9h40 : deuxième hérisson.
9h42 : je claque des doigts sur Black Rat Swing. Ça balance, baby !
9h43 : troisième hérisson.
9h44 : deuxième piaf.
9h47 : quatrième hérisson (petit). Je claque de la langue sur Fool me good.
9h53 : les 2,5kg de blanquette de veau sont apparemment à 20€ à la boucherie Avraise
9h54 : premier rat écrasé. J'essaye de méditer sur la paysannerie française en  contemplant les champs moissonnés, mais mon papa m'interrompt pour me montrer un restaurant chinois.
9h57 : décidément, je kiffe le jeu de guitare de Precious Bryant.
9h59 : Argh. En fait, Père prend la route qu'il prenait petit. Pourquoi ? Ça sent le traquenard. Mais lequel ? On croirait un film français genre Ceux qui m'aiment prendront le train, « un père mourant parcourt les routes de son enfance, en compagnie de son fils, avec qui il essaie de renouer, mais, ne sachant communiquer, il s'exprime par le fado qu'il lui inflige en fond sonore. Leur chemin est jalonné d'animaux morts ». J'espère que je me trompe. Il prétend que c'est juste pour éviter l'autoroute.
10h07 : premier lapin écrasé ; cinquième hérisson. Sur You give me fever, c'est moins triste.
10h08 : troisième piaf.
10h09 : sixième hérisson.
10h16 : Verneuil, c'est joli tout plein. On va prendre un café.


10h56 : Après que nous bûmes des cafés dont un crème et un pas, nous visitâmes en rapide succession Notre Dame de Verneuil, [hein ?] Saint Gorgon et Saint Ortaire, une boulangerie où nous acquîmes un croissant pour mézigues et un pain au choc’ pour Daddy, puis une maison de la presse où un élan nationaliste me fit acheter l’Equipe, ainsi qu’un Canard et un carnet et un stylo pour remplacer mon stylo-clé USB-pointeur laser qui roula sous le siège conducteur lors de notre parcage en ville. Puis nous quittâmes Verneuil et ses colombages sous le patronage de Precious Bryant.


11h02 :  je fais cliquer mon nouveau stylo au rythme de Broke and ain’t got a dime


11h04 : créature écrasée non identifiable

11h08 : septième hérisson


11h12 : deuxième lapin


11h13 je fais un jeu de mots hilarant sur Saint Martin d’Ecublais (des culs blets ! haha !) et Père ne réagit pas. Il est de mauvais poil.


11h22 : deuxième créature non identifiée


11h23 : troisième et quatrième créature non identifée


11h28 : la forêt domaniale de Moulins-Bonmoulins a plus la classe que celle de Sainte-Appoline. Je suis sûr qu'il y a des ours, là-dedans.


11h29 : Ah ! Un ours écrasé ! Qu'est-ce que je disais.


11h30 : non, c'était une blague en fait.


11h30 : si j'ai une fille, je l'appellerai Gauburge.


11h35 : le paysage à la sortie de Moulins-la-Marche est décidément agreste et virgilien. Mais pas rupestre, faute de mammouths.


11h38 : remplaçons, après deux écoutes, le disque de Precious Bryant par Madeleine Peyroux et un chien. Je n'ai pas vu la Féline de Jacques Tourneur, je ne sais pas pourquoi Daddy me le demande.


11h40 : quatrième piaf écrasé.


11h45: deux gamins assis sur une meule de paille au milieu des champs. C'est meugnon. Ils doivent discuter cartes Pokemon.


12h02 : on est dans les Choux (Cne de Sées) lol

12h06 : Madeleine Peyroux nous fait chier, on passe à Anita O'Day.


12h09 : le paysage est toujours aussi agreste et virgilien, mais il fait moche. Je me demande si le producteur porno de tout à l'heure connait des stars.


12h13 : cinquième créature non identifiée.


12h30 : je m'endors un peu. Ça va nuire à mon comptage d'animaux morts.


12h40 : Papa va pisser dans les bois, sous un ciel bas. Il prend longtemps, ce doit être un gros pipi.


12h50 : j'ai cru voir un petit lapin blanc, mais en fait c'était un mouchoir. Je suis déception.


12h53 : huitième hérisson


12h56 : il pleut sur Domfront


14h35 : avons mangé à Domfront, sous la pluie, du lapin et du bar. Avons échangé des vues sur la littérature, le radotage de Père et l'inexpugnabilité. Domfront est jolie, plutôt colombagière.


14h41 : la vivacité des souvenirs domfrontais de Père fait peur. On se croirait dans un Chabrol.


14h44 : troisième lapin


15h04 : quatrième lapin, neuvième hérisson.


15h12: mon papa a décidé d'être joueur : il pousse de grands braiements, soi-disant pour se réveiller. Pour l'aider dans cette optique, je le frappe sur la cuisse. Pas encore d'accident.


15h15 : cinquième piaf. Je décide d'arrêter de compter les animaux morts. C'est trop déprimant.


15h23 : sixième piaf.


15h24 : ça par exemple, le Mont Saint-Michel à l'horizon !


15h25 : oups, on le voit plus.


15h26 : ha si, le revoilà ! Il pleut.


15h27 : il pleut plus.


15h31 : croisons des courges en pleine croissance.


15h38 : septième piaf.


15h39 : tiens, le Mont Saint-Michel ressemble à un étron dessiné par Toriyama (le meilleur dessinateur de cacas du monde)


15h43 : il repleut, mais fort.


16h36 : ha, j'ai dormi. Bon, du coup, on s'arrête.


16h52 : bon, j'ai redormi.


??h ??On est arrivés.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Francisbf 367 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte