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Homeland : La rentrée des anti-héros.

Publié le 16 septembre 2012 par Lauramaz @LauraMaz

Homeland : La rentrée des anti-héros.Ca y est c’est la rentrée ! Alors que 42% des français ne sont pas partis en vacances et que le mois de juillet a cru qu’on était en mars, les chaines françaises ne nous ont pas aidés à nous changer les idées avec de bonnes séries. Même si à la décharge des concurrents de France Télévisions, pas facile de se faire une place en prime avec les Jeux Olympiques, force est de constater que les chaines ont encore profité des vacances pour alléger leur catalogue de « séries boulets » dont elles veulent se débarrasser. Retour sur les bides et les aberrations estivales et surtout portrait de la série événement de la rentrée Homeland.

Comme prévu la série de Teresa Rebeck a fait un gros bide sur TF1. Déjà qu’aux Etats-Unis Smash est loin d’avoir été un succès, pas besoin de chercher très loin pourquoi les Français qui n’aiment pas les séries musicales, se fichent de Marylin Monroe et pour qui Broadway n’est qu’une avenue ne sont pas précipités en masse devant leurs écrans à une heure du matin pour savoir qui de Karen ou d’Ivy décrocherait le rôle Marylin. Pourquoi TF1 a-t-elle acheté cette série élitiste et condamnée d’avance ? Le mystère reste entier. La série boulet de France 2 c’est Private Practice, d’où une programmation sporadique et incohérente depuis 2 ans. Mais cette année pas de scrupule, à peine septembre revenu la saison en cours a été interrompue sans sommation. Les fans, certes peu nombreux, de la série devront patienter pour pouvoir regarder les 14 épisodes qui restent encore à diffuser. Combien de temps ? Ah ben ça, on verra bien. C’est un boulet on vous dit ! Parmi les choses très intrigantes qui se sont passées sur les chaines françaises,  M6 détient sans doute la palme de « j’ai acheté une série événement mais je ne sais pas bien quoi en faire ». Et depuis le 20 juin,  à 11h du matin (oui, oui, du matin), se cache sur M6, Modern Family. 11 Emmy Awards et 46 nominations, 1 Golden Globe, la série de Christopher Lloyd est sans doute l’une des plus grandes réussites en matière de sitcoms depuis Friends. Jusque là M6 nous avait habitués aux bonnes vieilles sitcoms du soir et le succès de Scènes de Ménage, pourrait nous laisser croire que le public aime les séries comiques familiales à l’heure du dîner. Alors d’où vient cette idée de programmer une aussi bonne série à 11h du matin ? Mis à part se priver d’audience, je ne vois pas…

Mais où étiez-vous en vacances pour ne pas avoir entendu parler d’Homeland ? C’est LA série de la rentrée. Diffusée sur Canal depuis le 13 septembre, elle a fait les beaux jours de Showtime la saison dernière et la saison 2 a été signée au bout de seulement 4 épisodes diffusés aux Etats-Unis. Les téléspectateurs sont toujours plus nombreux et les critiques sont dithyrambiques. Ca faisait longtemps qu’une série n’avait pas fait l’unanimité comme ça. Si vous n’aimez pas les séries pleines de complots, de guerre, d’Al-Qaeda, de CIA et de nouvelles technologies, bref, si vous n’avez pas aimé 24, pas la peine de vous abonner, cette série n’est pas pour vous. En revanche si vous êtes nostalgique depuis que Jack Bauer a raccroché son Motorola,  précipitez-vous vous ne serez pas déçu. Alex Gansa, Howard Gordon et Gideon Raff reviennent avec leurs thèmes préférés le terrorisme, la guerre et le 11-Septembre. Libérés des contraintes liées au format de 24, qui les obligeaient à quelques invraisemblances, les showrunners peuvent prendre le temps, d’installer leurs personnages et faire monter la pression moins artificiellement. Dix ans après, cette série nous montre à quel point la blessure du 11-Septembre n’est toujours pas cicatrisée chez les agents de la force anti terroriste. Comme sa grande sœur, Homeland met en scène des personnages traumatisés qui mènent la guerre contre la terreur avec la même force qu’au lendemain des attentats de 2001.

The Nation sees a hero. She sees a threat[1]. Adaptée de la série israélienne Hatufim (Prisonniers de guerre), Homeland met face à face Carrie Mathison (Claire Danes – Angela 15 ans), une agent de la CIA en disgrâce réaffectée au contre-terrorisme et le sergent Nicholas Brody (Damian Lewis – Band of Brothers, Life) présumé mort en Irak, qui revient en héros après 8 ans de captivité dans les geôles d’Al-Quaeda. Comme un certain Jack Bauer, Carrie ne se soumet pas à sa hiérarchie et elle est prête à briser quelques règles pour prouver que Brody n’est pas celui que l’on pense et qu’il ne doit sa libération qu’à une alliance avec des terroristes déterminés à mener de nouveaux attentats sur le sol américain. Difficile de savoir si le comportement étrange de Brody est lié à son syndrome post traumatique ou s’il est effectivement passé du côté de l’axe du mal.  Dés le pilote, on s’aperçoit que cette série a beaucoup plus de potentiel que 24, car le rythme de narration étant plus lent, la psychologie des personnages plus approfondie et les intrigues ont le temps de s’installer.

Enfin une femme est pleine de défaut ! Carrie Mathison est un personnage relativement nouveau à la télévision. C’est une « anti-héroïne », au sens où l’on entend désormais dans les séries (cf. Bad is The New Black). Jusque là les héroïnes même si elles n’étaient pas parfaites avaient toujours un côté Wonder Woman pour rattraper leurs faiblesses. Meredith Grey (Grey’s Anatomy)  a des problèmes d’intimité mais c’est le meilleur chirurgien de sa promo, Olivia Benson (Law & Order SVU) ne peut pas garder un mec mais arrête toujours les méchants violeurs et Brenda Leigh (The Closer) est une workaholic accro à la junk food mais bon elle dirige une unité spéciale de la police de Los Angeles chargée d’enquêter sur les cas prioritaires. Carrie, elle, galère. Personne ne la prend au sérieux, elle vient de faire une grosse boulette qui lui a valu de quitter le terrain, elle prend des médicaments suspects et n’est pas respectée de ses pairs. Bref, elle a un petit côté looseuse et pas vraiment de super pouvoirs pour contrebalancer. Une femme normale (ou presque) incarnée merveilleusement par Claire Danes qui n’a plus 15 ans et qu’on est bien content de retrouver sur le petit écran. De son côté Damian Lewis, qui porte toujours aussi bien l’uniforme, interprète magistralement ce militaire ambigu qui nous rappelle par certains côtés Ron Kovic (Tom Cruise) dans le film Né un 4 juillet. Les auteurs n’ont pas oublié de créer des personnages secondaires forts, comme Saul Berenson (Mandy Patinkin – Criminal Minds) le chef du département de la CIA qui a tout appris à Carrie ou encore Jessica Brody (Morena Baccarin – V) l’épouse du sergent qui doit réapprendre à vivre avec un mari traumatisé dont elle avait fait le deuil.

La série préférée d’Obama. Le Président nous avait déjà fait le coup avec The Wire et Lost et voilà qu’il remet ça avec Homeland. (Note pour M6 sa série préférée à regarder en famille c’est Modern Family, je dis ça, je dis rien). Dans une interview au TV Guide, Damian Lewis raconte que POTUS lui a avoué faire croire à Michelle et aux enfants qu’il avait du travail à la Maison-Blanche, pour pouvoir regarder la série le dimanche après-midi au lieu de les accompagner au tennis. Ah ben bravo Barack, on va finir par croire qu’il a passé son mandat devant la télé cet homme là ! Cela dit en matière de télévision le leader du monde libre a plutôt bon goût et en matière d’anti-terrorisme, il s’y connaît. Enfin on espère !

Aux Etats-Unis la saison 2 qui commencera le 30 septembre, est l’une des plus attendue de la rentrée télé. Contemporaine, réaliste et efficace, Homeland est bien partie pour égaler, voire dépasser le succès de 24. Et si les journées de l’agent Mathison sont moins chargées que celle de Bauer, elles sont tout aussi intenses et prenantes pour les téléspectateurs amateurs de politiques et d’action. Sa fragilité, ses souffrances et sa ténacité, la rendent tellement attachante qu’elle nous ferait presque oublié une autre Carrie en moins de 24 heures.


[1] La Nation voit un héros. Elle voit une menace



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