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"But You Don't Do That Anymore" (Damages - 5.09/5.10)

Publié le 01 novembre 2012 par Shoone

Damages: 5.09/5.10 I Like Your Chair & But You Don't Do That Anymore (Series Finale)


Les series finale se sont multipliés cette année. Que de séries, si ce n'est cultes, un minimum emblématiques, qui s'achèvent en 2012. Signe d'un tournant dans le genre? En tout cas, je le prends clairement comme la fin d'une époque. C'est d'autant plus concret pour moi avec la fin de Damages (puis de Weeds aussi, un peu beaucoup) *moment émotion* Bien sûr, évoquer un series finale ce n'est, de plus, de toute manière jamais évident, je crois. Certes ça a beau ne pas être une première pour moi, ni pour Damages, revenue d'entre les annulées, mais voilà... ça reste compliqué de s'atteler à une telle review. C'est tout ça conjugué qui fait qu'au final, je rends déjà un peu les armes dans la tâche de livrer un texte à la hauteur de l'excellente conclusion de la série. Je ne prétends donc aucunement faire le décryptage le plus complet de la fin de Damages, ce sera sûrement long, comme à ma sale habitude, aussi foutraque que mon esprit... mais voilà, l'intention est de surtout simplement revenir une dernière fois sur son récit pour une ultime review en guise d'adieu. Le mieux est de commencer alors par l'un des points essentiels de ce final, la métamorphose d'Ellen qui finit de s'accomplir magistralement. Jamais la jeune femme si innocente des débuts n'aura été aussi semblable à Patty et c'est là qu'on réalise tout le travail fait cette saison pour amener à mettre en évidence ce changement. Entre ses problèmes familiaux, sa trahison envers Chris, ses méthodes dans l'affaire... toutes ces petites choses font sens dans ces épisodes pour amener à la transformation, d'autant plus qu'elles ont pu gagner en substance pendant la saison. Le jeu de Rose Byrne est aussi à saluer dans ce processus. Elle atteint un niveau d'intensité qu'elle n'avait jamais égalé je pense et surtout, parvient superbement à se réapproprier les mimiques de Patty pour encore mieux souligner l'évolution et la rendre la plus naturelle possible.

Puis il y a évidemment Patty qui livre ses derniers secrets et règle ses derniers comptes. On pourrait toutefois presque être déçu de ne pas la voir jeter ses dernières forces dans la bataille judiciaire, pour finir même par déclarer forfait dès le début du procès, mais il s'avère que pour elle il ne s'agissait pas tant que ça de gagner, comme pour Ellen. De plus, Damages n'a jamais été une vraie série judiciaire, centrée sur des histoires de tribunal, elle reste donc fidèle à elle-même. Pour Patty, au final, ce qui comptait vraiment, c'était de mettre Ellen à l'épreuve, de la forger à son image. C'est les thèmes de l'enseignement, du mentor qui ressurgissent, rappelant toute l'ambivalence de sa relation à la jeune femme puis son besoin de se trouver une "héritière", de remplacer sa fille mort-née. Elle s'occupe là du futur, en même temps qu'elle en finit avec le passé - ce qui est d'ailleurs un peu illustré par la dream sequence d'ouverture du final - en faisant face à son père. Cela semble peut-être un peu éloigné de la trame général, mais quand j'y pense, ça restera un des moment clés de la série pour la mythologie autour de Patty. Ce serait même la dernière pièce de ce puzzle en fait. La haine démesurée de l'avocate pour cet homme mourant donne largement une idée de la brute qu'il a dû être et à quel point cela a façonné Patty. C'est là l'origine de tout ce qu'elle est. Son refus de lui pardonner, alors même qu'il est sur son lit de mort est clairement l'apothéose de la scène, point culminant aussi du ressentiment du personnage. C'est aussi quelque chose de plutôt inhabituel dans fiction, cette absence d'absolution, faisant définitivement de Patty quelqu'un à part. La performance de Glenn Close à cette occasion est évidemment à la hauteur de l'évènement, et bien plus que cela, tant l'intensité émane d'elle. Elle rend la rage contenue du personnage palpable, même dans sa retenu. Si bien qu'il y a plus que jamais quelque chose d'à la fois terrifiant et déchirant en elle.

Je vous mentirais si je vous disais que j'ai complètement adhéré à la résolution de l'affaire de la saison, autant qu'aux derniers développements sur Patty/Ellen. Le fait est que les éclaircissements via flashbacks n'apportent que peu de surprises une fois compris qu'il s'agit de tout mettre sur le dos de Rutger, comme la série insistait lourdement dessus précédemment. La logique de l'arnaque de ses riches collaborateurs véreux m'a aussi pas mal échappé... puis entre les détails économiques et les quelques semaines depuis mon visionnage, difficile de bien me souvenir de quoi il retournait vraiment avec ce fameux Fond 23. Bref, l'ensemble de "l'histoire derrière l'histoire" ne tient pas tout à fait et se révèle assez paresseuse. ça ne rend de plus, encore une fois, pas plus intéressant Channing qui s'en sort comme si de rien n'était et qui n'a finalement pas grand chose à se reprocher, si ce n'est une tendance chaud-lapin et le jeu toujours plus plat de Ryan Philippe. Malgré tout, l'ensemble ne m'a pas ruiné ce final, car même si ce n'était pas tout à fait efficace ou inspiré, il y avait tout de même tentative de quelques twists dans la tradition damagesienne, pour fournir un minimum de divertissement. Après, il y a aussi tout de même cette (autre) trahison de Rutger envers Ellen qui vient servir l'évolution de cette dernière ainsi que le test de Patty

Enfin, le dernier flash mystère de la série réussit à trouver des explications bien plus satisfaisantes. Alors, bien sûr, pour tout fan de Damages qui a intégré les codes de la série, la réalité n'est pas si surprenante. Évidemment, Patty n'a donc pas fait assassiner Ellen et la révélation ne fait que respecter un schéma que la série applique depuis longtemps, où les apparences du traditionnel flash sont trompeuses. Mais contrairement à la saison passée, on arrive à maintenir un suspens autour de ce dont il retourne exactement grâce à une mise en scène qui fait mieux illusion (même s'il y a eu un peu triche avec le sang autour d'Ellen). L'état d'Ellen est donc au final lié à une grossesse et si ça a pu en décevoir certains par le manque de sensationnel, je pense que c'était la meilleure idée qu'ont pu avoir les auteurs. Ils l'ont très bien amenée, en distillant divers indices y faisant écho entre le nid des pigeons symbolique, le besoin d'air d'Ellen, ses vomissements et c'était le dernier élément à introduire pour achever le rapprochement avec Patty et en même temps la poser face à la possibilité de changer de voie avant le point de non retour. En guise d'ultime twist, ils frappent également fort avec le meurtre de Michael, victime du contre-temps d'Ellen. Il est aussi surtout le dommage collatéral de la bataille entre elle et sa mère, devenant une ultime façon d'incarner le thème de la série. Il y a aussi quelque part une justice dans sa mort puisqu'elle ramène un peu les compteurs à zéro entre Patty et Ellen. On regrettera néanmoins qu'on ait si peu le temps de voir Patty exprimer son deuil et que la scène rituelle du ponton, où elle aurait pu en avoir l'occasion, soit si bâclée (et difficilement supportable visuellement).

Tout ça pour conclure avec un inattendu dernier flashforward servant d'épilogue. Il y avait de quoi être méfiant quant à l'utilisation d'un tel procédé pour finir la série, mais passé un léger temps d'adaptation, le saut dans le temps fait sens. Il fonctionne d'autant plus qu'il se concentre sur l'essentiel et qu'il n'en fait pas des caisses pour décrire la situation future de Patty et Ellen. Tout est dans la suggestion et c'est bien mieux comme ça. Il y a aussi quelque chose de très juste et malin dans son écriture. On pourrait croire qu'on nous propose un happy end, avec Patty et Ellen plus vieilles, chacune ayant obtenu tout ce qu'elle voulait, succès et famille, se retrouvant pour oublier les vieilles querelles... et finalement, ce n'est qu'un fantasme de Patty, évitant le piège "harry potterien". Le vrai dernier rebondissement qui en dit long sur les personnages. Chacune a donc pris une voie opposée mais a dû renoncer à ce que l'autre a réussi à atteindre. Ellen, a abandonné sa carrière pour se consacrer à sa famille et Patty a poursuivi son ascension professionnel mais perdant tout son entourage. Deux résultats différents d'un même dilemme, entre le succès et le bonheur, représenté par la grossesse des deux femmes. C'est ce qui rend la conclusion si riche, illustrant le pouvoir néfaste et consumant de l'ambition démesurée, de la soif de revanche des victimes. Je ne pense pas qu'il faille y voir une prise de position sexiste de la série, comme on a pu le suggérer, mais surtout un message sur cette quête de victoire, de pouvoir dévorante qui s'auto-produit par ses dommages collatéraux, à apaiser avant qu'il ne soit trop tard. Le dernier plan, dans cette perspective, sur une Patty nous fixant longuement dans sa limousine, plus esseulée que jamais, est à mon sens, parfaitement trouvé. L'aura et le désespoir exprimé par Glenn Close crèvent l'écran, envoûtent et valent bien mieux que n'importe tirade finale. Patty a simplement à la fois tout gagné... et tout perdu.


Bizarrement, même si évidemment la fin de la série m'attriste, comme vous avez pu le comprendre, je quitte ses personnages plutôt sereinement. Oui, Patty et Ellen laissent un vide et clairement, les phénoménales Glenn Close et Rose Byrne vont atrocement me manquer... tellement que j'en serais même prêt à me coltiner les plus grandes daubes dans lesquelles apparaîtra  Byrne. Mais voilà, je suis, au fond, satisfait de quitter leurs personnages maintenant. Il m'a semblé que l'essentiel avait été dit sur leur relation torturée, le vrai coeur de la série. Les auteurs vont, de fait, vraiment au bout de l'évolution de chacune, de la construction de la mythologie pour s'arrêter au moment parfait pour donner un ensemble maîtrisé et cohérent depuis le pilot. Bref, ce final n'est peut-être pas aussi parfait que j'aimerais qu'il le soit, mais il clôt plus que dignement 5 saisons de drames, puzzles temporels et retournements de situation qui ont eu une importance particulière pour moi, pour m'avoir initié à l'art de la série hautement feuilletonnante du câble. Alors voilà, so long Damages, you are through with me.


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