Magazine Humeur

Borloo plus fort que le COUAC-40 à lui tout seul !

Publié le 06 novembre 2012 par Kamizole

« Plumer la volaille sans qu’elle criaille » (Colbert) - ce qui reste à démontrer - il s’y connaît le Borloo (au coin du bois… comme un malandrin). Il n’a jamais été avare de matière de taxes et fait même preuve à cet égard d’une imagination débordante. J’ai le parfait souvenir qu’il voulait en instaurer une - qui fut dite « taxe picnic » (plutôt piquer notre fic et nous niquer en même temps) - sur les assiettes, couverts et verres en plastiques, plus les serviettes en papier - qui passa à la trappe devant le tollé général déclenché par cette mirobolante idée. Vous y ajoutez cette parfaite fumisterie absolument injuste de la « taxe carbone » qui fut retoquée par le Conseil constitutionnel car les industriels les plus polluants en étaient exonérés alors que les particuliers l’eussent payée plein pot.

Faisant une recherche sur Google Actus au sujet du choc de compétitivité prôné par Louis Gallois - 30 milliards d’euros qui passeront de nos poches à celles des patrons - j’ai bien de quoi tomber à la r’bidaine en trouvant ces deux titres magnifiques qui illustrent parfaitement la « méthode Borloo »… Le premier du Point Borloo chiffre le choc de compétitivité nécessaire à 60 milliards d’euros (30 oct. 2012) et le second Borloo demande « un allégement d’un côté, des taxations de l’autre » (RMC et BFM-TV 30 oct. 2012).

Il me fait irrésistiblement penser au « Rap des frères Raptout » : qui avait été concocté par des étudiants de droit de Villetaneuse lors d’une fête organisée au Casino d’Enghien. Je n’y étais pas allée (pas de fric) mais il paraît que cela fit beaucoup rire notre prof de droit budgétaire et fiscal.

Un sacré prestidigitateur le Borloo : il nous pique le fric d’une main et le donne au patronat de l’autre. Je n’invente rien : « Il faut donc opérer un transfert massif de charges, avec un allégement d'un côté (pour les entreprises) et une taxation de l'autre ». Etant bien évident que les entreprises en bénéficieront - vous verrez qu’elles n’en licencieront et/ou délocaliseront pas moins non plus qu’elles n’augmenteront certainement pas les salaires. Nous n’avons pas eu droit pendant 5 ans à cette sinistre farce pour nous laisser prendre à ces billevesées.

Egalement un sacré menteur : il ose prétendre que les charges pesant sur les entreprises auraient augmenté de 30 milliards depuis juillet. Je n’ai pas le temps de vérifier et n’ai pas trouvé d’articles de décryptage passant cette affirmation au crible d’un détecteur de mensonges mais je suis persuadée que cela ne saurait tarder.

Bingo ! Un article tout frais pondu - avantage d’être toujours à la bourre ! - fort instructif du blog des précieux « décodeurs » du Monde qui pointe (sur moult sujets d’actualité) les exagérations proférées par Jean-François Copé lors de l’émission « tous politiques » sur France Inter (5 nov. 2012) qui reprend à son compte les 30 milliards d’euros, y ajoutant pour faire bon poids bonne mesure que « les dépenses publiques vont augmenter de 5,5 milliards d’euros en 2013. Or c’est erroné. La dépense totale de l’Etat passera, selon les documents de présentation du budget de 369,8 milliards d’euros à 370,9 milliards, soit une hausse de 1,1 milliards d’euros, inférieure à l’inflation prévue ».

Jean-Louis Borloo et Jean-François Copé s’entendent comme larrons en foire pour mentir comme des arracheurs de dents. Il faudrait n’avoir aucune connaissance en matière de droit fiscal et budgétaire pour croire un seul instant que l’on peut alourdir le budget de 30 milliards d’euros en un seul exercice quand bien même y aurait-il eu un collectif budgétaire en juillet 2012. Mais le vrai problème est précisément que dans leur grande majorité les Français ne disposent pas des connaissances nécessaires et suffisantes pour opposer un jugement critique à ces affirmations totalement infondées : « mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose ».

S’agissant du « choc de compétitivité » qu’il fût de 30 milliards d’euros (Gallois) ou pire de 60 milliards (Borloo) les grands perdants seront une fois de plus les salariés : double voire triple peine pour eux car ils sont comme nous tous - « salauds de pauvres » - des con…sommateurs et con…tribuables. Bref, des cochons de payants. C’est nous qui sommes les vrais « pigeons » plumés et tondus comme des moutons jusqu’à arracher la peau. Car Borloo n’a rien changé à ce qu’il préconisait lorsqu’il fut ministre de Sarkozy : « Il faut"une TVA qui touche l'importation, une taxe carbone aux frontières de l'Europe et une taxe sur les produits financiers. L'ensemble de ce dispositif permettra d'alléger les charges sociales »…

Il ressort bien entendu l’antienne ultralibérale « Le problème est clair. C'est celui du coût du travail ». Que l’on ne me fasse pas croire que ce serait le niveau des salaires qui pèserait sur les entreprises. Se souvenir de la remarque de Jean-Philippe Cotis, directeur de l’Insee et auteur d’un rapport sur le partage des fruits de la croissance, remis à la mi-mai 2009 à Nicolas Sarkozy (lequel l’enterra immédiatement) qui se demandait pourquoi les salaires avaient si peu progressé depuis 25 ans. Trois après, les salaires ont encore moins augmenté - sauf ceux des cadres supérieurs - comme en témoigna la dernière étude sur les personnes vivant au-dessous du seuil de pauvreté (en 2010 : quasi 8,5 millions soit une augmentation de 480.000 personnes) laquelle faisait état en même temps d’une baisse très importante du pouvoir d’achat des ménages, sauf pour la minorité des couches sociales favorisées.

J’ai déjà écrit à moult reprises que je préférais être keynésienne que conne. Je persiste et signe. Il faudrait peut-être faire comprendre à cette bandes de parfait abrutis qu’il n’est pas possible de réduire de façon aussi drastique le pouvoir d’achat des ménages - 60 milliards d’euros qui pèseront totalement sur nos déjà maigres revenus et prétendre en même temps relancer la croissance lors même que l’on sait parfaitement que depuis plus de 10 ans elle est exclusivement tirée par la consommation des ménages.

Prétendre qu’elle se ferait par le biais des exportations relève au mieux de l’imposture. L’on sait en effet déjà depuis fort longtemps notamment grâce à l’ouvrage de Jeremy Rifkin « La fin du travail » (1996 ed. La Découverte) que les entreprises de tous les pays cherchant à exporter en baissant le coût du travail au maximum - et encore, était-ce avant les délocalisations massives notamment vers la Chine et les pays européens où les salaires et autres charges sociales sont au minimum quatre fois moins importants qu’en France - que les emplois qualifiés (notamment dans l’industrie) disparaîtront des pays où ils sont les mieux rémunérés et que n’y subsisteront que des « jobs » le plus souvent en contrats de courte durée ou en intérim.

Ce en quoi il ne se trompait pas nonobstant toutes les critiques qu’il s’attira. Prétendre comme certains - dont Nicolas Sarkozy et sa bande d’UM/Pcapables - que les emplois qualifiés perdus dans l’industrie seraient remplacés par d’autres au moins autant sinon davantage qualifiés dans les services de pointe liés aux technologies informatiques n’a guère plus de sens puisqu’ils sont tout autant délocalisables, notamment en en Chine et en Inde. Ce qui a déjà plus qu’amplement commencé à se faire.


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