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L'échelle de Jacob

Publié le 09 novembre 2012 par Olivier Walmacq

Jacob est un ancien soldat du Vietnam. Autrefois il avait une famille mais depuis quelques temps, il vit avec une fille à la photocopieuse. Il va de plus en plus avoir des visions morbides qu'elles soient réelles ou non...

Affiche Française - L'Echelle de Jacob

La critique purgée de Borat

Sorti en 1990, L'échelle de Jacob d'Adrian Lyne (réalisateur de Flashdance, film shooté à la MTV de son propre propos et de Liaison fatale) n'est pas à proprement parler un film d'horreur, mais il appartient aux oeuvres horrifiques. Pour le rôle éponyme, il fait appel à Tim Robbins, jusqu'ici cantonné à de vulgaires films commerciaux ou sans grand intérêt. Au hasard, on citera Top Gun, Erik le viking ou Howard the duck. Autant dire qu'après ce film, la carrière de Robbins décollera enfin et surtout avec Robert Altman. On retrouve aussi Elizabeth Pena, Eriq La Salle (Urgences), David Aiello (Léon), Matt Craven, Ving Rhames (Mission Impossible), Jason Alexander et Macauley Culkin (oui le marmot de Maman, j'ai raté l'avion). Echec commercial, il est pourtant considéré depuis comme le meilleur film de son auteur. On peut même dorénavant parler de référence, malgré qu'il soit encore trop méconnu du public actuel. Le film débute par des images du Vietnam. Jacob est un professeur engagé comme soldat durant la Guerre du Vietnam. On voit alors notre héros se prendre une lance au bout d'un moment. Puis paf, l'ami se réveille dans son lit en compagnie d'une jolie fille nommée Jezebel. Une fille de la photocopieuse comme en trouve beaucoup de très jolie (réflexion typiquement masculine c'est vrai).

Tim Robbins - L'Echelle de Jacob

Il vit bien avec elle, mais peu à peu notre protagoniste va avoir de drôle de vision. De plus, la réalité commence à avoir un goût pour le moins douteux, on peut même dire que ça part dans tous les sens. Mais une fois le film vu en entier, L'échelle de Jacob dévoile ses cartes complètement (le twist final quoi) et se rapproche particulièrement d'un Silent Hill avant l'heure (le jeu de Konami hein, les films de Christophe Gans et Michael J Bassett arrivant bien après). (attention spoilers) En fait, l'air de rien, Lyne dresse une vision pour le moins singulière de l'Enfer. Oui, le royaume de l'ami Lucifer, el Diablo et autre Mephistophélès. Mais Lyne ne montre jamais le visage du Diable, jamais. Le purgatoire par excellence apparaît comme une réalité alternative, où notre héros se retrouve balloté sans échappatoire. On ne sait pas pourquoi cet être en particulier se retrouve dans le cas là, cela n'intéresse pas Lyne et même le spectateur. La fin nous dévoile qu'il est mort au Vietnam par un de ses camarades drogué par une merde vietnamienne. Pourtant bien avant, on peut trouver quelques indices permettant de démontrer cette théorie. Tout d'abord, les personnes sans visage qui apparaissent au cours du film dans des cauchemars de Jacob ou même quand il se fait enlever.

Tim Robbins - L'Echelle de Jacob

Il s'agit tout simplement de démons, créations uniquement crées pour renforcer cet Enfer et intensifier l'irréel de la situation. On peut également le voir dans Silent Hill avec les infirmières elles aussi décharnées et sans visage. La référence du jeu envers le film est donc purement logique, surtout que les gars de Konami sont connus en général pour être des cinéphiles (voir la saga Metal Gear Solid). Mais le purgatoire sert aussi à montrer le pêché par excellence. Ainsi, la première représentation de la femme chez Jacob est un adultère. Ce n'est pas sa femme ou ses enfants (dont un qui est mort, souvenir évidemment douloureux) qui ne feront qu'apparaître durant une forte fièvre. Peu avant, il verra tout un lot de démons lors d'une fête et il voit toute la perversion en la personne de Jezabel, sa compagne. Elle montrait telle une femme du Diable, se faisant comme baiser par un serpent (remember Adam et Eve). Cela atteint son sommet quand le serpent finit par la tuer en lui ressortant par la bouche. Une vision dégueulasse au possible de la tentation et la scène de la fête est assez éprouvante psychologiquement. En sachant que Lyne joue aussi sur les noms de ses personnages. En effet, le titre fait référence à la Bible et Jacob fuit son frère symbolisé par une échelle.

On peut voir cela comme une distance entre l'Enfer et le Paradis. Jezebel aussi, reine d'Israël ayant conduit selon Jean à des détournements idéologiques et entraîner la perversion chez l'autre. Chose identique ici vu qu'elle représente l'adultère qui plus est avec un serpent. En d'autres termes, Jacob/Adam est une nouvelle fois victime de Jezebel/Eve. Mais pire, la voyante que voit Jacob durant la fête lui dit qu'il est déjà mort. Ce dernier ne sait pas qu'il est mort et vient de le savoir involontairement. Problème? Il croit que c'est des conneries. Monumentale erreur. A un moment, Jacob retrouve d'anciens camarades du Vietnam, mais dans son cas, ne sont-ils pas aussi des fantômes attendant le jugement dernier? On peut en effet se poser la question tant leurs apparitions est crédible dans cette optique. Eux aussi seraient morts au Vietnam, Ving Rhames étant le plus touché par ce traumatisme. L'échelle de Jacob n'a donc rien à voir avec un film sur le traumatisme du Vietnam, rien à voir. Lyne a juste repris le contexte, comme il aurait pu le faire pour un autre événement. (fin des spoilers) En sachant que si le film fonctionne autant, c'est aussi grâce à un Tim Robbins monumental. A la fois fragile et pris dans un engrenage inévitable à chacun, il est irréprochable et trouve un premier grand rôle marquant, le premier d'une longue lignée.

Un film cauchemardesque au possible et jouant sur des aspects diaboliques.

Note: 19/20


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