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Ken FOLLET - L'hiver du monde (trilogie du siècle T2): 8+/10

Par Eden2010

Ken FOLLET - L'hiver du monde (trilogie du siècle T2): 8+/10

Ken FOLLET – L’hiver du monde (trilogie du siècle T2) : 8+/10

Avec ce deuxième tome de la trilogie du siècle,j’ai, pour ma part, retrouvé le Ken Follet que j’adore !!!

Fascinant, prenant, palpitant ! Un vrai « tourne-pages ».

Mais commençons avec l’intrigue (en évitant les spoilers !!!)

Nous rejoignons les familles dont nous avons fait connaissance dans le premier tome (« la chute des géants », voir mon commentaire, plus mitigé :http://edenlalu.centerblog.net/68-ken-follet-la-chute-des-geants-7-10) en l’an 1933 – alors que monte en Allemagne le nazisme – et nous les accompagneront à travers les conflits, la guerre, les combats personnels et internationaux et ce jusqu’en 1949, au début de la guerre froide.

Ce qui est astucieux, c’est que quelques années ont passées depuis la dernière page du premier volume, ce qui nous permet de commencer ce livre avec la nouvelle génération. Les représentants de « nos » familles sont donc les descendants directs des héros du premier volume, devenus à leur tour de jeunes adultes pour traverser l’histoire de ce siècle.

Grâce à la dispersion à travers le monde de ses héros, Ken Follet parvient à nous faire suivre ce conflit mondial et terrifiant de tous les points de vues imaginables, du moins presque, puisque nous retrouvons une partie de la famille Pechkov en Russie, une atre en Amérique, nous retrouvons les Von Ulrich en Allemagne, les Williams et les Fitzherbert en Grande Bretagne, et même le fils de Gus Dewar, l’américain, n’est pas oublié !

Nous assistons donc, comme je le disais, à la montée du nazisme, nous suivons l’affrontement entre le parti d’Adolf Hitler, les socio-démocrates et les communistes, nous vivons en compagnie de nos héros la montée en douceur de la peur, de la crainte, puis de la terreur.

Et oui, aucune de « nos » familles ne sera épargnée par la guerre qui éclate, inévitablement, nous le savons avant même d’ouvrir ce roman.

Voici en quelques lignes, pour simple rappel, les familles que nous suivons :

Sans être complet (ce serait trop long et pénible), et simplement pour faire le lien avec le premier tome et les familles auxquelles nous nous sommes attachées, voici donc les familles que nous retrouvons :

Un regard américain nous est livré grâce à la famille Pechkov et notamment Greg, le fils de Lev Pechkov (du moins le pense-t-il, mais il suffit d’avoir lu le premier tome pour savoir que ses origines sont un peu différentes …) et la famille Dewar et quelques nouveaux personnages.

Du côté anglais, nous suivons bien évidemment la famille Fitzherbert, et notamment le fils du comte,Boy, qui épousera Daisy Pechkov, la demi-sœur de Greg Pechkov.

La famille Williams, dont était issue Bernie (le mineur) sera essentiellement représentée par Lloyd, le fils d’Ethel (et beau-fils de Bernie), qui se lancera dans la politique pour affronter les fascistes anglais après avoir observé avec horreur les évènements outre-Manche.

L’Allemagne n’est pas oubliée, notamment avec la famille von Ulrich. Ici, nous suivons désormais Carla, la fille de Maud et de Walter et son frère Erik. Si la première est opposée aux nazis, Erik, lui, s’enrôle dès son adolescence dans la jeunesse hitlérienne et entre dans le parti du Führer. Néanmoins, ici, j’ai un seul regret, puisque j’avais hâte de voir comment Ken Follet allait nous faire partager le point de vue des nazis – et bien, Erik n’est au fond pas un « vrai » nazi, il semble plus suivre sans vraiment être un « dénonciateur », ce qui était l’un des immenses soucis dans les familles allemands opposés aux nazis – leurs propres enfants n’hésitaient pas à trahir les pensées de leurs parents qui étaient alors arrêtés.

Vous le notez – un seul point de vue est un peu négligé, celui des vrais nazis, qui finalement restent du début jusqu’à la fin les ennemies dont nous ne parvenons pas à saisir la pensée profonde ; peut-être l’auteur ne parvenait-il pas lui non plus à imaginer comment un homme pouvait sincèrement et avec conviction croire qu’il faut impérativement se débarrasser de façon définitive de tous ceux qui ne sont pas aryens, adhérer à ce principe et véritablement exécuter de bon cœur ces ordres odieux ?

Quelques autres familles complètent le puzzle pour livrer une image quasi complète d’une époque houleuse.

J’en reviens à mon petit récapitulatif :

Nous suivons ainsi une période noire de notre Histoire contemporaine, le nazisme, la 2nde guerre mondiale et le début de la guerre froide.

Ce conflit nous est présenté de l’extérieur, mais également de l’intérieur, nous suivons les hommes politiques, les débats parfois futiles, les manifestations, nous croisons les grands personnages de l’époque, ceux qui ont posé leur marque indélébile dans nos livres d’histoire, mais également des anonymes.

Ainsi nous pouvons tenter de comprendre la politique de l’époque tout en suivant des destins personnels, tous terribles. Nous observons la disparition des juifs, suivons des soldats, voyons des jeunes hommes mourir pour une cause à laquelle ils ne croient même pas, nous les voyons greloter de froid sans vêtements dignes de ce nom et espérer rentrer à la maison – où peut-être plus rien n’existe. Nous admirons les femmes qui prennent le relais pour faire vivre les familles et faire survivre les blessés. Nous admirons les caractères héroïques, mais nous comprenons presque les lâches.

Ce roman nous donne aussi une idée des efforts consacrés à stopper Hitler dans l’ombre, les espions, pour la plupart anonymes et oubliés, un réseau dangereux mais présent.

Alors, en quoi est-ce que j’ai préféré ce roman au premier tome et où était le point faible ?

Ce qui m’a immédiatement séduite dans ce deuxième tome, c’est qu’on ouvre le roman, on se plonge dans l’action qui nous happe au bout de quelques lignes seulement et ne nous lâche plus jusqu’au bout ! Et, petit bonus, alors même que deux années se sont écoulées depuis la publication du premier tome, il n’y a strictement aucun souci à reprendre l’action – puisque les temps ont changés, les personnages sont différents tout en rappelant de façon astucieuse les évènements du premier tome qui nous reviennent donc tout naturellement en mémoire. Ce sont les enfants de nos héros. Des personnalités marquées de l’empreinte de leurs parents, mais des caractères à part. Je pense qu’on pourrait même lire sans aucune difficulté ce deuxième livre sans avoir lu le premier !

De plus, comme je le disais dès le début, avec ce deuxième tome j’ai retrouvé le rythme que j’aime chez Ken Follet.

A-t-il lu ma critique (pas vraiment virulente, mais tout de même) et m’a-t-il écoutée (j'aimerais bien!!!!!)

Car ici, si l’auteur nous plonge dans les débats, ce n’est jamais trop lourd, trop sec, trop long, il maintient un point de vue personnel, presque intime, il garde la personnalité du personnage dont nous avons endossé la robe.

Contrairement au premier volume, je ne me suis à aucun instant ennuyé, et pourtant, Ken Follet nous entraîne dans des débats et discussions diplomatiques, mais cette-fois il dose les détails politiques et les mélange savamment avec le vécu imaginaire de ses personnages.

C’est un mélange qui prend bien mieux dans ce tome, et l’ensemble du roman s’en ressent dès les premiers chapitres !

Les caractères semblent au premier regard un peu plus profonds, mais c’est plutôt un leurre. En fait, ils ont simplement plus d’histoire, puisque leurs « parents » (toujours fictifs) ont déjà « vécu » (dans le tome précédent), leur histoire semble donc bien plus ancré dans le réel.

Pourtant, j’ai trouvé qu’encore une fois on aurait pu aller bien plus loin, pousser un peu plus. Car ici, les personnages sont soit héroïques et bons (même les êtres les plus superficielles ont au fond d’eux un grain d’héros) soit bornés et mauvais ; oui, j’exagère un peu, et pourtant, un peu plus de nuance dans les personnages n’aurait pas été de trop.

J’exagère peut-être … mais je le fais sciemment, car je souhaite souligner qu’en fin de compte la quasi-totalité des caractères qui nous font traverser ce tome (mise à part quelques personnages secondaires, travaillant notamment dans la Gestapo) sont finalement « bons », malgré leur éducation, malgré leur apparente indifférence.

Je l’ai déjà mentionné : ce qui me manquait vraiment, c’est d’entrer dans la peau d’un « vrai » nazi. Oui, nous en croisons un depuis le début, Thomas Macke, un petit fonctionnaire qui prend de l’envergure sous le régime fasciste, mais ce n’est pas un personnage que nous « suivons », nous n’entrons pas dans son intimité mais ne faisons que le croiser alors qu’il monte en grade dans la nouvelle administration. J’espérais découvrir ce côté noir dans Erik Von Ullrich, mais lui semble plutôt être un mouton qui se laisse abuser par les uniformes, les discours et les belles paroles sans être véritablement, profondément « nazi » (je mentionnais plus haut que sa famille n’a même pas à se méfier de lui alors qu’il entre dans la jeunesse hitlérienne, ce qui était pourtant un réel problème).

Sinon, mise à part cette absence, j’ai vraiment apprécié la grande variété de destins : des politiques, des hommes et femmes simples, les simples survivants, les soldats, tous.

Ken Follet est ainsi parvenu à dresser un portrait qui semble assez fidèle et n’oublie pas les horreurs les plus perfides. Il nous rappelle la montée du nazisme avec la terreur physique qui accompagnait souvent les manifestations sous le drapeau de la croix gammée, il nous fait observer l’horreur de la guerre, qui était loin d’être propre - tant de soldats sont morts, mais encore plus ont été blessés de façon atroce, rares étaient ceux qui n’ont pas ramenés des cicatrices physiques, tous ont gardé des traces psychologiques.

Loin de la ligne du front, les femmes se faisaient violer, agresser, elles survivaient tentaient de survivre dans la solidarité, protégeant leurs enfants, tentant de sauvegarder de leur ville ce qui pouvait être sorti des ruines.

D’autres horreurs n’ont pas été passées sous silence. Ken Follet mentionne bien évidemment les camps de concentration, mais également l’élimination systématique des allemands juifs, homosexuels, handicapés, physiques ou mentaux. Et cela touchait tous les âges, à l’insu des familles parfois.

La terreur est présente dans le roman, du début jusqu’à la fin, il s’insinue dans tous les dialogues.

Ce roman nous permet de nous replonger une nouvelle fois dans cette histoire et d’imaginer ce qu’était la vie alors.

Grâce à la plume unique de Ken Follet, une période terrible prend vie devant nos yeux, nous distrait tout en nous rappelons ce qui ne doit jamais être oublié.

En fin de compte, en fermant ce roman, nous sommes ravis de l’avoir lu et étonné de l’avoir lu aussi rapidement !

Donc, ceux qui avaient, comme moi, un doute après le premier tome, je vous rassure, ici on retrouve le « vrai » Ken Follet.

Même si, mais c’est personnel, ce roman est loin d’égaler en intensité « les piliers de la terre », j’ai adoré !

Une toute petite, minuscule observation au sujet de la traduction, au demeurant excellente (on sent à peine que c’est une traduction) : les traducteurs avaient quelques difficultés avec les genres des mots allemands et il est excessivement rare qu’ils tombaient juste. Les « le » et les « la » étaient systématiquement mal placés. Il est vrai que la traduction de l’anglais est traître, c’est toujours « the » - alors on a le choix … Mais cela est sans la moindre incidence et de toutes les façons, si on ne maîtrise pas l’allemand, on ne s’en aperçoit absolument pas.

Maintenant, il va falloir attendre le tout dernier tome !


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