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Chroniques de l’Enfer (monde en décrépitude)

Par Borokoff

A propos d’End of Watch de David Ayer ★★★½☆

Michael Peña, Jake Gyllenhaal - End of Watch de David Ayer - Borokoff / Blog de critique cinéma

Michael Peña, Jake Gyllenhaal

A Los Angeles, Brian Taylor (Jake Gyllenhaal) et Mike Zavala (Michael Peña), deux officiers de police chevronnés et très proches au travail comme dans la vie, aiment « tchatcher » et plaisanter en sillonnant les rues du quartier de South Central, l’un des plus dangereux de la ville. Un jour, après avoir arrêté le membre d’un cartel mexicain, ils mettent la main sur une importante quantité de drogue et parviennent à remonter un réseau criminel et de trafic d’êtres humains dont l’ampleur les dépasse bientôt. Mais trop tard, Brian et Mike ont mis le pied dans la fourmilière, et un contrat pour les tuer plane désormais au-dessus de leur tête…

 Réalisateur des (déjà) très sombres Au bout de la nuit (2008) et Bad Times (2005), David Ayer s’était surtout fait connaitre pour ses scénarios de Fast and Furious et de Training Day (2001).

Pour son troisième long-métrage, dont il signe également le scénario, Ayer s’affirme comme un réalisateur sur lequel il faudra compter désormais.

End of Watch de David Ayer - Borokoff / Blog de critique cinéma

Le quartier de South Central, cet ancien militaire dans la marine américaine le connait bien pour y avoir vécu. Pour décrire la trajectoire fatale de deux très bons flics de Los Angeles, Ayer a mis au moins un procédé filmique qui peu étonner voire agacer au début du film. Brian et Mike, son collègue aux origines mexicaines, passent leur temps à se filmer entre eux, en caméra cachée, Brian prétextant qu’il souhaite faire un documentaire intimiste sur la police de L.A.

Située au cœur de l’action, cette caméra intrusive, aux cadrages amateurs et approximatifs, offre, avec les quatre autres caméras (dont deux harnachées sur Gyllenhaal et Peña) qu’utilise Ayer pour filmer à 360° l’action, une multiplicité de points de vue qui donnent autant le vertige qu’elles peuvent laisser songeur quant à l’utilité et à la réelle finalité du dispositif.

End of Watch de David Ayer - Borokoff / Blog de critique cinéma

Il faut être patient pour comprendre la justification de cette caméra que trimbale en permanence Brian avec lui. Son caméscope est comme un journal intime qui souligne les liens très forts d’amitié et de travail qui l’unissent à Mike. Relation quasi-fraternelle entre les deux hommes. Ce n’est pas là la seule nécessité de cette caméra embarquée à bord. Pour Brian et Mike, mais surtout pour Mike, cette caméra vidéo révèle les deux hommes comme des héros ordinaires. Des héros qui n’hésitent pas par exemple à braver les flammes pour sauver la vie de trois enfants pris dans l’incendie de leur maison.

L’utilité de la caméra, que Brian transporte avec lui au travail comme dans sa vie privée et sentimentale, c’est de montrer qu’il ne semble jamais réaliser à quel point son métier est risqué ni son courage illimité. Pour les deux flics, amis comme cochons, sillonner les rues de L.A. et se faire tirer dessus apparaît même parfois comme un jeu. Un jeu dans lequel ils ne mesurent ni le danger ni jusqu’où peut aller leur propre bravoure.

Les narcotrafiquants mexicains ont aussi embarqué une petite caméra pour filmer leur quotidien et leurs exploits sordides (dont des mitraillages sur des communautés noires de Los Angeles) parce qu’ils se croient dans un jeu vidéo.

Mais qu’on se le dise, ce procédé filmique n’a  rien à voir avec un quelconque hommage aux flics de Los Angeles. Ce n’est pas un hymne pompeux et appuyé à la bravoure policière, encore moins un spot publicitaire à leur effigie où à leur gloire. Mais il permet de montrer deux flics dans toute leur humanité, sans complaisance ni démagogie, alors même que la tension de la mise en scène s’accroît jusqu’à la chute tragique. Dans End of Watch (titre que l’on pourrait interpréter comme « insoutenable à regarder à la fin »), il ne s’agit pas de faire une leçon de morale sur la criminalité galopante à Los Angeles. Le film est davantage une chronique tendue et un constat réaliste (pour ne pas dire fataliste) sur la misère d’un quartier gangréné par la violence, la cruauté et l’abjection grandissantes dont font preuve les cartels de la drogue, à qui plus rien ni personne ne font peur, surtout pas la police, qui semble bien désemparée voire impuissante face aux nouvelles méthodes employées en face.

End of Watch est un cauchemar, une vision d’horreur de Los Angeles, vécue comme un monde en déliquescence, où la loi ressemble à une vaste blague pour les criminels, une utopie dont ils se moquent ouvertement, n’hésitant pas à narguer la police voire à s’en prendre directement à ses membres, égrenant même des cadavres dans les rues de la ville. Bien sûr, la corruption de la police de L.A. n’a encore rien à voir avec celle du Mexique, mais l’emprise récente des cartels mexicains sur la police et la société américaines a de quoi inquiéter. Un constat sans concession donc, pour un film nuancé et maîtrisé, glaçant et implacable. Net donc, et sans bavure (policière)…

http://www.youtube.com/watch?v=jiPdAHVjIqA

Film américain de David Ayer, avec Jake Gyllenhaal, Michael Peña, America Ferrera (01 h 48)

Scénario de David Ayer 

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Mise en scène : 

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Acteurs : 

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Dialogues : 

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Compositions de David Sardy : 

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