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Sandrine Cabut: « L’homme, plus bête qu’hier, moins que demain ? »

Publié le 18 novembre 2012 par Donquichotte

Réflexion à partir d'un article du journal Le Monde...

** "L'homme, plus bête qu'hier, moins que demain ?" LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 15.11.2012 Par Sandrine Cabut

EXTRAITS :

« L'humanité marche-t-elle, lentement mais sûrement, vers l'abêtissement ? 

Sandrine Cabut: « L’homme, plus bête qu’hier, moins que demain ? »

 Gerald Crabtree, professeur de biologie du développement à l'université de Stanford (Californie), suggère que les performances de notre cerveau ont atteint leur apogée il y a quelques millénaires et sont désormais sur le déclin.

"Je parie, écrit-il, que si un citoyen moyen de l''Athènes de 1000 avant JC apparaissait soudainement parmi nous, il ou elle serait parmi les plus brillants et les plus intelligents, avec une bonne mémoire, un large éventail d'idées et une vision claire sur les questions importantes".

A cette période, poursuit-il, l'intelligence était un facteur critique pour la survie, ce qui a entraîné une intense pression de sélection ».

Sandrine Cabut

Voilà pour moi le point central qui m’est suggéré ainsi : l’homme de la nature, l’indien du Québec, à certaine époque, par exemple, était plus intelligent que l’homme moderne. Pourquoi ? Parce que ses capacités intellectuelles et émotionnelles – devant les aléas et les difficultés de la vie, ceux d’antan, quand l’indien vivait au jour le jour dans la nature sauvage - sont mises à l’épreuve à chaque seconde, chaque jour... tout le temps. Il en est de sa survie.

Et pourquoi l’homme moderne le serait moins, intelligent ? Parce qu’il n’a pas besoin de l’être... et  il en est de sa survie ; il vit dans un monde « formaté » où rien ne peut lui arriver qui n’ait été prévu ; il vit enfermé et il aime ça. Et s’il lui arrive quelque chose, il a une « assurance » qui l’a prévue et qui va le dédommager.

Mais de quelle intelligence parlai-je?

Je crois que nous avons d'abord eu - j'entends aux tous débuts de l'humanité, au temps d'homo sapiens (et même avant) - cette intelligence de "comment survivre"; cette intelligence de tous les instants, où chaque mouvement peut vous mettre en péril, où chaque arbre peut cacher l'animal ou l'ennemi qui va vous détruire, où, finalement, tous les "sens" de l'homme doivent être en éveil: l'ouïe, la vue, la perception, le coeur, le sens de l'anticipation... L'homme devait aussi construire quelque chose, et s'assurer qu'il y ait un lendemain (une suite, un après, même pas encore un dessein, un but) possible; il devait voir la nature comme une alliée (au-delà du danger qu'elle représentait), il devait la modifier déjà, pas encore la détruire, mais "faire avec". Ainsi ses habiletés "manuelles" étaient requises en tout temps: manier la hache, faire du feu, abattre l'animal, aménager l'espace de vie... tout dépendait de sa capacité manuelle, (son instinct et son intelligence étaient avant tout manuelles).

Cette intelligence se manifeste encore aujourd'hui. Mais en sommes-nous conscients, nous qui avons acquis cette autre capacité intellectuelle: celle de raisonner, de penser, d'abstraire? Cette autre intelligence se croit à l'abri de la première, elle croit pouvoir agir et construire sans elle, elle croit profondément que l'homme a atteint l'au-delà de la nécessité de survivre, elle croit même que des machines, maintenant intelligentes, pourront y pourvoir. Nous cherchons même ailleurs dans l'espace d'autres terres à conquérir pour nous assurer un avenir; en pure perte... nous n'y arriverons pas vivants. La pensée machine est rapide, la pensée manuelle est lente. Celle-ci peut seule permettre à l'homme de revenir à un temps - un temps posé - que l'on peut encore mesurer et donner à l'homme des "moments de vie intenses et réels".

L'homme n'est pas que de tête, il est aussi de nature. Séparer l'un de l'autre peut être néfaste. L'homme est, et a toujours été un animal; cet aspect premier, et intime, de l'homme ne nous a pas quittés; l'homme est encore un rustre - le quotidien tel qu'il apparaît et est révélé dans nos media le montre que trop - une bête bête, avide, et souvent stupide. Cet autre intime de l'homme, sa capacité de penser, - et celles, manuelle et abstraite, accumulées, enfouies, inconscientes, qui ne demandent qu'à être révélées , réveillées et mises à contribution - paraissent sans limite, et cela est sans doute vrai. Mais cette capacité de penser ne peut agir seule, sinon l'homme se fracasse sur les écueils les plus simples: il oublie où il est, il oublie qu'il a été un rustre, il oublie jusqu'aux souvenirs, il oublie, ou ne sait même pas, comment faire cuire un oeuf... quand la machine (l'ordinateur, tous les ordinateurs que sont devenus les machines; même un simple réveil-matin doit aussi vous donner le temps qu'il fait alors que vous ne lui demandez que de vous réveiller à temps pour un rendez-vous matinal) le lâche.

Pourquoi dis-je que l'indien d'hier était plus intelligent que l'homme d'aujourd'hui? C'est simple... il savait survivre. L'homme d'aujourd'hui n'en a cure, de sa survie, il se détruit lentement, bref, il détruit ce qui l'a mis au monde: la nature. Les performances de notre cerveau, qui semblent sans limites, auraient-elles atteint leur apogée comme le suggère le professeur Crabtree?


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