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Eloge de l'imperfection : Ruby Sparks, Prince et Boris Cyrulnik

Publié le 22 novembre 2012 par Notsoblonde @BlogDeLaBlonde

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Quand j'ai visionné, un peu par hasard, la bande-annonce du film "Elle s'appelle Ruby " ("Ruby Sparks" en V.O.), j'ai tout de suite su que ce film allait me plaire.

Un peu barré, juste ce qu'il faut, il repose sur le postulat selon lequel un personnage de roman peut devenir réel. Bon. Pourquoi pas.

Mais à partir de ça, on découvre une réflexion intéressante sur l'amour et la quête de la perfection. Illusoire et dévastatrice (comme Black Swann et bien d'autres d'ailleurs, l'ont déjà montré).

Le pitch : Un écrivain est  surpris, un jour, de découvrir que le personnage dont il a rêvé et dont il a couché l'histoire sur papier est devenu réel. Il s'agit d'une sublime rousse qui a tout pour lui plaire, bien entendu, puisqu'elle est l'expression de ses fantasmes nocturnes. Lorsqu'il découvre qu'il est capable de la manipuler à sa guise en modifiant son récit, il entreprend d'en faire son pantin, maitrisant ainsi tous les paramètres de son existence, de sorte à ce que sa "créature" soit exactement comme il l'entend.

Bien entendu, l'histoire tourne mal.

J'aime l'idée de voir là-dedans que la quête de la perfection n'est pas la solution et qu'on ne doit pas chercher dans l'autre la réponse à ses moindres désirs. Qu'on ne peut pas choisir un partenaire en se basant sur des critères arrêtés (ce qui va à l'encontre du principe de fonctionnement des sites de rencontre basés sur l'établissement d'affinités particulières, principe de rencontre qui me sidère), tout simplement parce qu'un être humain n'est pas un produit et que ce qui rend une relation intéressante est justement la surprise que réserve l'autre et l'expression de son libre-arbitre. Cutivant l'idée que l'altérité est avant tout une source d'enrichissement.

Dans cette histoire-ci il y a aussi l'idée qu'on apprend de ses erreurs et que lorsqu'un seconde chance se présente, on peut faire le choix d'agir différemment, de tirer parti de ses dérapages précédents pour essayer d'avancer (oh tiens, je repense immédiatement à "Camille redouble"). Et c'est finalement ce qui nous permet tous de surmonter les plus grandes épreuves et d'en ressortir grandi. Au moins un peu.

Tu l'as compris ce film m'a touchée. Alors que je me suis installée devant en étant persuadée qu'il allait sans doute se résumer à une parfaite bluette. Pas du tout. En tout cas je l'ai trouvé plus profond que je me l'imaginais. Jolie surprise que j'avais envie de partager ici

Et puis c'est aussi l'occasion de redire  combien j'aime les failles, les fêlures et les rugosités qui font la différence et rendent ceux que l'on fréquente un peu plus touchants, un peu différents, un peu plus sensibles aussi...

Qu'il n'y a rien qui ne m'émeut autant que d'avoir autour des moi des personnes que j'estime en situation de souffrance et que, pour m'aider à supporter ça, j'essaie de me convaincre que réussir à surmonter ça les rendra encore plus fort (oui, même si c'est cliché, Nietzsche a tellement raison).

Que la résilience (définie par Cyrulnik comme "la capacité à se développer quand même dans des environnements qui auraient pu être délabrants") (genre j'ai lu Cyrulnik)(bon mais en même temps je l'ai lu et je t'invite à en faire autant : il est passionnant) peut  s'accomapgner  d'une création artistique foisonnante.

Que souvent je repense à cette interview qu'avait donné Alain Souchon il y a un bon moment maintenant, interview au cours de laquelle il se confiait sur la longévité de son union avec sa femme (depuis 1970, toujours la même, un exploit dans ce milieu). Il avait alors expliqué qu'il prenait les choses comme elles étaient même si il avait clairement conscience d'être un peu atypique quand, autour de lui, nombreux étaient les amis qui se séparaient. Ceux-là étaient souvent effondrés, "pour les enfants surtout" ne manquaient ils d'ailleurs pas de préciser. Ce à quoi il avait avoué répondre systématiquement : "oh ne t'inquiète pas, tu en feras des artistes", expliquant au passage que souvent les épreuves traversées ouvrent une porte vers l'expression artistique.

Et force est de constater, quand on parcourt les biographies des grands artistes contemporains ou passés, qu'ils sont légion, les accidentés de la vie qui ont réussi dans l'art. Que ce sont leurs erreurs de parcours, les épreuves personnelles, la maladie, le manque, la grande pauvreté, la violence...qui ont marqué leur vie. Que rares sont ceux qui, au contraire, ayant eu une vie protégée et d'apparence radieuse, ont vraiment percé et marqué leur époque.

J'ai vu dernièrement "je te promets" ("the vow" en V.O.)(parce que c'est un film sur la mémoire et que ce sujet me passionne, en particulier son traitement au cinéma)(je te dis tout, t'as vu)  et le personnage principal est une jeune femme qui, suite à un traumatisme personnel, change de vie pour embrasser la carrière de sculpteuse. Après un accident, elle perd en partie la mémoire et, notamment, le traumatisme qu'elle a surmonté est effacé. Dès lors, elle n'a plus aucun attrait pour son art et retourne à sa "vie d'avant".  Ce n'est que lorsque l'épisode traumatique lui revient, qu'elle redevient capable de s'exprimer à travers la sculpture.

Cette histoire est tirée de faits réels. Et j'y ai vu comme une validation du fait que l'épreuve peut être source d'inspiration artistique. Qu'elle ouvre des portes qui sans ça peuvent rester toute une vie fermées. J'ai aimé.

Je termine en empruntant les mots d'un (grand) autre :

"Heureux soient les fêlés car ils laissent passer la lumière" a dit Michel Audiard.

Bien vu.

Pour finir en musique je te laisse avec le "Kiss" de Prince parce que  "You don't have to be rich to be my girl,  You don't have to be cool to rule my world,  Ain't no particular sign I'm more compatible with, I just want your extra time and your kiss"


Prince - Kiss par cdipre

 (ah bon sang les clips des années 80, mais les clips des années 80!)

A très vite,

XO


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