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Au sujet d'opinions différentes sur les mêmes vins

Par Mauss

Oliv vient de publier ses commentaires sur la dégustation comparative "Grands Echézeaux - Richebourg" avec un millésime choisi dans 4 décennies différentes, lors du dernier WWS à Villa d'Este. ICI

Un de ces jours, j'écrirai quelque commentaire sur la différence croissante d'écriture entre les forums/blogs et les revues papier, tant on a là, avec ce rapport superbement écrit, un exemple de ce que ne sont plus capables de faire la majeure partie des revues papier. Le coeur y parle autant que l'intelligence. Cela devient rare.

Certes, il y aura toujours l'interrogation sur le niveau de connaissances et de communication de celui qui écrit, mais dans le cas présent, on a un exemple qui fera date.

Mais le sujet du jour est ailleurs. Il est vrai que lors du debriefing à une telle dégustation, il y avait pratiquement autant de personnes partageant peu ou prou les mêmes vues que de personnes ayant un point de vue différent sinon parfois opposé. Telle cette dame de champagne voyant des vins "féminins" dans les Richebourg alors que tel autre sommelier les ressentait "masculins".

En fait, à la base, et c'est incontestable, chacun a une vue personnelle sur ce que doit être un grand cru de la côte de nuits. Outre le fait qu'il y a là un espace entre ceux qui ont acquis une longue expérience de ces vins mythiques et ceux qui sont quasi vierges, on ne doit pas oublier la différence créée par le ressenti de chacun sur le style que doivent avoir ces vins.

Prenons un exemple extrême : pour ceux qui aiment surtout les vins riches, capiteux, à la limite des "sur-" (extraction, maturation, etc…) une première approche des vins de la DRC peut être sacrément surprenante, tant ici on privilégie la finesse, la grâce, la complexité naturelle du pinot noir, ce cépage orgueilleux comme le riesling qui ne supporte pas la médiocrité !

Si vous aimez les quasi-confitures dugatpyiennes (oui, je sais, j'exagère un tantinet : là aussi on a évolué… quoique), vous serez surpris, c'est le moins qu'on puisse dire, par les évanescences inouïes des crus de Frédéric Mugnier où le mot sublime prend tout son sens.

Où veux-je en venir ? Simplement au fait que ce serait bien sympathique, pour un critique, qu'il soit professionnel ou amateur, de dire (d'écrire) en préliminaire à des notes complètes de dégustation :

a : son expérience en temps et en largeur (i.e. nombre de domaines fréquentés "dégustativement") de la région ou des AOC discutées

b : ses références, son podium afin que chacun puisse mieux comprendre les bases des commentaires écrits.

Un exemple : quand un Franck Dubourdieu joue les joyeux assassins de tel ou tel château bordelais, que ne nous dit-il pas quelles sont ses propres références qualitatives ? 

Bon  tout le monde a compris : le vin restera toujours dans un monde de relativité, mais c'est quand même plus sympa quand on connaît un tantinet les règles, les principes, les codes de lecture.

Merci à Oliv et Perez qui ont fait sur LPV un rapport de leurs journées au WWS très largement supérieur à ce que la presse écrite a pu relater… jusqu'à présent.

Bon : il n'empêche que sur ce forum de référence, il y a un nombre maousse costaud de scories politiques un peu inutiles dans un contexte qui ne devrait se concentrer que sur des opinions sur le vin. Dès qu'on aborde les questions annexes comme les valeurs des vins, on lit des lieux communs bien trop souvent répétés. Une fois pour toutes, tout amateur peut se plaindre de ne pouvoir trouver les grands crus à des prix supportables par sa cassette. Mais pondérer, voir nuancer son opinion sur un cru à partir de telles considérations annexes, c'est très vite tomber dans du n'importe quoi. 

Et poum ! Cela me fait revenir à mon dada n° 1 : seule la dégustation à l'aveugle vous évite ces dérapages inutiles, néfastes, et tellement communs !

Mais oui, ne vous énervez pas : je suis aussi le premier à dire qu'un vin se boit généralement à table où tout le monde voit son étiquette et donc a fatalement, dans ses neurones y affectés, des points en + ou en - qu'il octroie au vin en fonction de son appréciation culturelle, historique, dégustative du vin présenté. Consciemment ou non ! C'est indéniable et ne pas prendre en compte un tel état de fait, c'est approcher une débilité profonde. Oui, oui : il y en a qu osent :-)

Comme quoi, tout cela est fort complexe et mérite d'être discuté ad libitum !


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