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30 jours de prière: quand les chrétiens évangéliques prient pour le salut des musulmans

Par Musulmane Convertie

30 jours de prière: quand les chrétiens évangéliques prient pour le salut des musulmansDepuis plusieurs années, alors que les musulmans se ressourcent spirituellement pendant le mois de ramadan, des chrétiens évangéliques prient pour eux afin qu’ils découvrent Jésus (que la paix soit sur lui).

Bien entendu, de nombreux musulmans prient aussi régulièrement pour leurs amis chrétiens afin que ceux-ci découvrent la lumière de l’Islam. Rien d’anormal. Nous aimons nos frères et sœurs en humanité et nous nous souhaitons les uns les autres ce que nous avons de meilleur.

Je me suis donc intéressée à ce mouvement et notamment à la vision de l’Islam qu’il véhicule parmi ses missionnaires. Après avoir écouté intégralement les chroniques de l’Islam, capsules audio destinées à des chrétiens, je souhaiterais mettre en évidence certains préjugés, assez représentatifs de ceux que l’on retrouve souvent dans ce milieu. Si certains écoutent les chroniques, ils verront que j’ai laissé de côté de nombreuses assertions complètement erronées (sur la notion de Jihad, la vie du prophète, le statut des femmes, etc.). J’ai choisi de ne pas m’y attarder dans cet article, car il s’agit de préjugés plus communs, moins spécifiques au milieu évangélique.

1. Dans l’Islam, il est plus important de FAIRE (en public si possible) que de CROIRE

 Cette idée est récurrente. Selon le narrateur des chroniques, l’Islam est une religion des apparences. C’est par les actes qu’un musulman manifeste sa croyance et la démonstration de sa foi serait plus importante que sa foi elle-même. Un avertissement est ainsi donné aux auditeurs chrétiens : « votre voisin musulman vous regardera vivre et regardera si votre manière d’être correspond à ce que vous professez« . 

Il est vrai que dans l’Islam, la croyance et les actions se complètent et sont étroitement liées. D’une part,  la foi doit se concrétiser dans des actions. D’autre part, tous les actes doivent être accomplis avec la foi, sans quoi ils n’ont aucune valeur. Ainsi, lorsque les musulmans jeûnent, ils demandent à Dieu d’accepter leur jeûne, car s’ils ne l’ont pas fait avec les bonnes intentions, c’est-à-dire pour Lui et dans le but de se rapprocher de Lui, le jeûne ne vaut rien et n’apportera aucun bénéfice au croyant. La foi est l’élément sine qua non de tous les actes accomplis par un musulman. Faire sans croire n’est pas accepté dans l’Islam, qui condamne l’hypocrisie.

Le narrateur insiste également sur le fait que les musulmans doivent faire ces actions publiquement, plutôt qu’en privé. Il cite en exemple la shahada (attestation de foi) et l’aumône. Or l’Islam encourage très clairement la pratique de l’aumône faite à l’insu de tous :

La meilleure charité est celle que donne la main droite tandis que la main gauche ne le sait pas. (Hadith rapporté par Boukhari)

 Si vous faites l’aumône de façon apparente, c’est bien, mais si vous la cachez en la donnant aux pauvres, cela sera meilleur pour vous. (Coran, sourate 2, verset 271)

 Quant à la shahada, elle peut se faire devant témoins, mais c’est le fait de prononcer cette attestation de foi en y adhérant avec son cœur qui fait de quelqu’un un musulman. Ceci est justement très symbolique de l’importance donnée à la croyance profonde plutôt qu’aux apparences. Dire la shahada sans y croire n’équivaut pas à une conversion. A l’inverse, un musulman qui renie Dieu (en apparence) pour sauver sa vie ne sort pas de l’Islam si dans son cœur il y croit toujours. Car Dieu sait ce qui est dans les cœurs.

Le narrateur des chroniques donne également l’exemple de la prière collective à la mosquée, obligatoire pour les hommes. Il serait selon lui plus important de se montrer à la mosquée que de prier vraiment pour soi, dans l’intimité. Il ajoute que pour les chrétiens, la disposition d’esprit compte bien plus que le rituel et l’apparence extérieure. Il s’agit ici d’un raccourci laissant entendre que pour les musulmans, le rituel et l’apparence sont plus importants que la disposition d’esprit, ce qui est totalement faux. Le rituel permet d’atteindre un degré de spiritualité élevé, qui reste le but ultime. Lors de la Salat (prière rituelle), le corps, l’esprit et le cœur se prosternent. De plus, la prière rituelle n’est pas le seul moyen d’adorer Dieu dans l’Islam. Les musulmans l’invoquent également à chaque instant de leur vie quotidienne : avant de manger, dans le métro, dans la file d’attente à la banque, dans la voiture, etc. Ils maintiennent une connexion constante avec Le Créateur.

Les 5 prières rituelles obligatoires ne sont que le socle des actes cultuels. Seules ces 5 prières doivent être faites à la mosquée et ce, pour des raisons qui n’ont rien à voir avec les apparences mais plutôt avec le souci de maintenir une cohésion sociale ainsi que des liens fraternels au sein de la communauté. L’entraide spirituelle et le partage des connaissances sont des éléments supplémentaires justifiant une telle obligation. Pour les autres prières, il est fortement recommandé de les faire à la maison, de manière non ostensible.

Autre chose qui semble avoir perturbé les concepteurs des Chroniques de l’Islam : dans l’Islam, il n’y a ni  louanges, ni chants. Cette supposée absence de louanges (car les louanges existent en Islam mais ne s’expriment pas par le chant) amène le narrateur à se demander si les musulmans sont capables d’atteindre la paix et la sérénité intérieure. La réponse est simple : les fidèles de l’Islam ressentent cette paix intérieure car ils prient avec leur cœur, dans un rapport direct et intime avec L’Unique.

Quant à moi, j’aimerais demander aux chrétiens évangéliques qui sont derrières les chroniques de l’Islam, s’ils ne confondent pas les sensations que peut provoquer une belle musique avec la vraie paie intérieure, dénuée de tout ornement…

2. Dans l’Islam, Dieu est lointain

Ce préjugé est de loin celui qui est le plus cher aux chrétiens car il leur permet de se sentir confortés dans leur foi. Allah est lointain alors que dans le christianisme, Dieu est proche. Cette idée est l’une des plus puissantes propagandes contre l’Islam et ne repose sur aucun argument valable.

 Nous avons créé l’homme et Nous savons ce que son âme lui suggère, et Nous sommes plus prêt de lui que sa veine jugulaire. (Coran, sourate 50, verset 16)

Si Mes serviteurs t’interrogent à Mon sujet, qu’ils sachent que Je suis tout Proche, toujours disposé à exaucer les vœux de celui qui M’invoque. (Coran, sourate 2, verset 186)

Les mouvements évangéliques n’hésitent pas à appuyer leurs dires par des témoignages d’anciens musulmans qui affirment haut et fort que dans l’Islam, Dieu est loin et inaccessible. Ce genre de témoignage (je pense notamment au pasteur Saïd Oujibou) est probablement sincère quant au vécu personnel. Cela dit, un ressenti individuel ne permet pas de conclure de manière absolument générale et catégorique que si une personne s’est sentie loin de Dieu dans l’Islam, alors c’est que ce Dieu est lointain.

Une multitude de témoignages, tout aussi sincères, peuvent être donnés par des chrétiens convertis à l’Islam affirmant exactement le contraire. Il s’agit dans les deux cas d’histoires personnelles à prendre comme telles et non comme des preuves théologiques en soi.

3. Dans l’Islam, Dieu n’est pas aimant et ne donne pas

Dans l’Islam, Dieu aime et est aimé, n’en déplaise aux chrétiens, mais il s’agit d’un amour indissociable de la crainte révérencielle que les croyants éprouvent envers Lui. Le Très Proche aime ses créatures d’un amour qui transcende l’amour humain et n’est comparable à aucun autre. Parmi les 99 noms de Dieu, on peut citer « le bien aimant« , « le tout miséricordieux« , «  le tout pardonnant« , « le donateur généreux« , « celui qui pourvoit« , « celui qui étend sa générosité et sa miséricorde« , etc.

Ceux qui croient sont les plus ardents en l’amour de Dieu (Coran, sourate 2, verset 165)

 4.      La souffrance due à l’absence de certitude quant au salut 

En écoutant les chroniques de l’Islam, on apprend que l’absence de certitude quant au salut est d’une souffrance insoutenable. Conclure cela, c’est oublier l’extrême miséricorde divine et la confiance que les musulmans placent dans Le Bienveillant. Sans avoir la certitude que leurs actions feront d’eux des âmes dignes du paradis, ils savent que Dieu est juste et clément. Cet état ne conduit donc pas à la souffrance mais à une grande humilité envers le Tout-puissant et envers ses semblables. Car ne pas savoir qui ira au paradis implique aussi le fait de ne pas savoir qui ira en enfer, puisqu’au final, tout dépend de la miséricorde divine.

Dis : « Ô Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde de Dieu. Car Dieu pardonne tous les péchés. Oui, c’est Lui le Pardonneur, le Très Miséricordieux« (Coran, sourate 39, verset 53)

Place ta confiance en le Dieu vivant qui ne meurt pas, et célèbre sa louange (Coran, sourate 25, verset 58)

Pour aller plus loin :



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