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Les alimenteurs: un regard sur l’industrie alimentaire

Par Eldon

Après s’être intéressée, avec Brigitte Rossigneux déjà, à l’industrie pharmaceutique (Les Médicamenteurs), puis avoir enquêté sur l’omniprésence des substances chimiques dans notre environnement (La Grande Invasion), la documentariste Stéphane Horel se penche sur le contenu de nos assiettes que propose l’industrie alimentaire.

« On a vécu dans les années 1980-2000 ce que tous les pays occidentaux ont vécu : une augmentation très importante du surpoids et de l’obésité chez l’enfant et chez l’adulte, avec des chiffres extrêmement impressionnants », rappelle Serge Hercberg, directeur du Programme national nutrition santé (PNNS) mis en place dans un souci de santé publique par le gouvernement de Lionel Jospin en 2001. Pointée du doigt, la responsabilité des industriels de l’agroalimentaire, qui mettent sur nos tables plus de 500 000 produits différents. « L’offre alimentaire proposée en France est extrêmement transformée par rapport aux aliments de base, avec pertes de minéraux, de vitamines et de tout un tas de nutriments nécessaires à la bonne santé de l’organisme, relève Pierre Meneton, chargé de recherche à l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale). L’autre conséquence de cette transformation est l’ajout de produits en quantité plus ou moins importante : des sucres, du sel, des graisses, des colorants, des conservateurs. » Très impliquée auprès des pouvoirs publics et des élus, l’Ania (Association nationale des industries alimentaires) veille activement aux intérêts d’un secteur qui emploie en France 400 000 personnes, compte 10 000 entreprises et pèse 134 milliards d’euros. En 2008, alors ministre de la Santé, Roselyne Bachelot a pu mesurer l’efficacité de son lobbying. A l’initiative d’un projet de dispositif réglementaire visant à encadrer la publicité dans les programmes télé destinés aux enfants, son ministère en a été dessaisi au profit du ministère de la Culture. « La publicité pour les produits trop gras, trop salés ou trop sucrés représente en général 23 % du budget d’une chaîne », justifie Christine Kelly, membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel. En s’engageant dans le cadre du volontariat sur une charte commune placée sous le contrôle du CSA, industriels, publicitaires et chaînes ont pu préserver ensemble leurs équilibres économiques respectifs : « L’objectif de cette charte d’engagement, analyse Olivier Andrault, chef de mission alimentation et nutrition à l’UFC-Que choisir, était d’éviter la mise en place d’une loi, d’une réglementation, de quelque chose d’obligatoire. » Pas de risques, ainsi, que nutritionnistes et pédiatres se mêlent de définir le taux maximal de sucre, de gras ou de sel autorisé dans les produits, voire qu’ils puissent dresser la liste de ceux que l’on pourrait promouvoir ou non sur les antennes. A l’échelle européenne, c’est la mise en place d’un étiquetage présentant une meilleure lisibilité qui a été rejetée en mars 2010 par la commission parlementaire en charge de la question. « Le consommateur est dépossédé de toute connaissance, de tout contrôle sur l’environnement qui est le sien, regrette Pierre Meneton. On lui met dans l’assiette un certain nombre de choses : il ne sait pas comment elles sont fabriquées, il ne sait pas ce qu’elles contiennent, il ne sait pas les conséquences qu’elles peuvent avoir sur sa santé… et puis… il mange. »

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