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The Great Ecstasy of Robert Carmichael

Publié le 10 décembre 2012 par Olivier Walmacq

A

Genre : Drame (interdit aux moins de 16 ans)

Année: 2006

Durée : 1H42

L’histoire : Robert Carmichael est un jeune homme introverti mal dans sa peau. Ennuyé par son quotidien et par son rôle de violoniste dans un petit orchestre, il se met à partir en vrille. Il sèche les cours et traîne avec Larry et Joe, deux garçons peu recommandables. Leurs seules ambitions : zoner, fumer, sniffer et dealer. Bientôt le groupe s’égare et se jette dans la violence.  

La critique de Vince12 :

C’était le choc du festival de Cannes de 2006, The Great Ecstasy of Robert Carmichael réalisé par un jeune réalisateur britannique du nom de Thomas Clay. A Cannes, le film fera son petit scandale. Certains se révolteront contre le caractère violent et subversif de l’œuvre. On rapporte même qu’une femme se serait évanouie au cours de la projection.

On en entend beaucoup sur le film. Variety décrit un film qui « fait passer Orange Mécanique pour un clip de Britney Spears ». D’autres évoquent « le nouveau Funny Games », « pire qu’Irréversible », « Du Ken Loach revu par Kubrick ». Bref les louanges se chantent, et laisse présager le film choc de la décennie. Pourtant force est de constater que depuis Cannes 2006, on a plus entendu parler de The  Great Ecstasy of Robert Carmichael. Réputation usurpée? Qu’en est-il vraiment de ce film ?

Soyons honnêtes, le film a été franchement surfait et malgré sa violence il n’est pas le chef d’œuvre choc que certains décrivent.

Attention SPOILERS !

B

Dans une petite ville sur les côtes de Grande Bretagne, la classe ouvrière côtoie celle des riches, ce qui instaure certaines tensions. A la télévision on ne parle plus que de la guerre en Irak qui fait rage.

Dans ce contexte Robert Carmichael, un jeune étudiant perdu en manque de confiance pour l’avenir, se débat. Il est violoncelliste dans un petit orchestre qui n’a pour spectateur qu’une modeste foule de personnes âgées.

Il suit également des cours sur le cinéma, étudiant des chefs d’œuvres tels que le Corbeau ou Requiem pour un Massacre.

Mais dans le fond Robert s’ennuie de ce quotidien et préfère aller traîner avec Larry et Joe ses meilleurs potes. Joe est le leader du groupe et c’est un garçon peu recommandable. Sous son influence Robert se drogue et touche à toutes les substances illicites.

Chez lui, Robert a même pris l’habitude de se masturber dans les toilettes tout en lisant le Marquis de Sade. Clairement le jeune homme part en vrille.

Joe présente alors à Robert et Larry son cousin qui sort de prison. Ce dernier les incitera à se droguer encore plus et à commettre leurs premiers actes de violences.

C

La frustration de Robert se fait de plus en plus ressentir. Un soir, lui et ses amis plus shootés que d’habitude décident de faire un casse dans une villa appartement à un couple de riches. Obsédés par l’idée « de faire payer aux bourgeois », nos trois loubards s’excitent, les choses dégénèrent et déboulent sur une explosion de violence.

Voilà donc pour le scénario de The Great Ecstasy of Robert Carmichael. On suit alors la trajectoire d’un jeune homme oppressé par le monde dans lequel il vit et qui finit par exploser. Thomas Clay nous situe bien une Angleterre où la jeunesse est délaissée. Les adultes les rejettent, ne leur font pas confiance et l’avenir de ces jeunes semble voué à l’échec alors qu’à la télévision on ne parle plus que de la violence de la guerre en Irak.

Clairement The Great Ecstasy of Robert Carmichael aborde des thématiques intéressantes en montrant l’explosion d’un jeune refoulé n’ayant aucune idée de vers où il va. Pourtant le traitement n’est pas à la hauteur.

D

The Great Ecstasy of Robert Carmichael, bien qu’étant réaliste, souffre également de certains clichés. Mais surtout les thèmes ne sont pas développés en profondeur. La violence et l’addiction ne font pas vraiment l’objet d’analyse.

Bien sur qu’on peut saisir le débat : l’homme trouve un refuge dans la violence pour exister. Cela dit sur ce thème précis, bien d’autres films sont passés avant The Great Ecstasy of Robert Carmichael, avec brio. On citera volontiers Taxi Driver, Les Chiens de Paille, entre autres. C’est donc là l’un des défauts du film de Thomas Clay, il n’apporte au final rien de neuf sur le débat de la violence tant au cinéma que dans la société.

Le réalisateur tente de développer la thèse qui consiste à dire que Robert réagit au contexte qui l’entoure, à la violence autour de lui. Mais le réalisateur est plutôt maladroit en choisissant de montrer à répétition des images de la guerre en Irak via la télévision. Là encore il y’a de bonnes idées mais le débat est assez simpliste par rapport à une réalité sans doute plus complexe.

Autre défaut de The Great Ecstasy of Robert Carmichael, son rythme. Le réalisateur veut nous amener progressivement vers le final et faire monter la tension petit à petit. Très bien vu de sa part, mais encore une fois mal exploité. Au final on a l’impression que Clay a un quota de 1H30 à tenir avant le final et qu’il tente de combler cette durée du mieux qu’il peut et résultat, il ne se passe pas grand-chose pendant les trois quarts du film.

E

Au niveau de la violence on en a beaucoup parlé. En réalité le film contient deux scènes de violence et plus précisément deux viols sur des femmes. Au passage les deux victimes ne sont pas rendues très sympathiques tout au long du film. Mais parlons de ces deux scènes.

Dans la première Clay joue la carte de la suggestion et rien n’est montré. La caméra reste froidement braquée sur une pièce alors que l’on entend des cris provenant de la chambre d’à côté. Tiens ! Ça me rappelle quelque chose, pas vous ?

Dans la seconde il faut bien avouer que le réalisateur nous prend à contre pied en choisissant d’être explicite et de tous montrer. C’est d’ailleurs cette seconde scène, qui constitue le final du film, qui a marqué les esprits. Certains l’ont décrite comme la pire scène jamais faite. Soyons honnête on a vu bien pire, certes elle est trash, très violente et ne laisse pas indifférent mais elle ne parvient pas forcément à créer le malaise voulu, notamment parce que tout comme la première, elle donne une impression de déjà vu. Trois jeunes pénétrant dans la villa d’un couple de richards, et qui dans un salon luxueux, violent la femme sous les yeux de son mari ligoté bâillonné contraint de regarder et le tout sur fond de musique classique. Franchement ça ne vous rappelle rien du tout ?!

F

Et notre personnage principal qui achève sa victime en voyant défiler des images de guerres en accéléré. Moi ça me rappelle un film russe d’ailleurs cité dans le film de Clay lors de la scène du cours de cinéma.

C’est l’un des autres défauts majeurs de The Great Ecstasy of Robert Carmichael, il ne se démarque jamais de ses références majeures : Funny Games, Orange Mécanique, Requiem Pour Un Massacre, on pourrait même citer Elephant sur la mise en scène. A trop vouloir citer ses références, Clay oublie de faire son propre film.

Sans compter que The Great Ecstasy of Robert Carmichael ne parvient jamais à établir un climat ou une ambiance comme les films cités ci-dessus.

Nul doute qu’il y’avait de bonnes intentions mais ça ne suffit pas. On peut mettre tous ces défauts sur le compte du jeune âge de Thomas Clay (25 ans) manquant sans doute encore d’expérience. Cela dit le film n’est pas non plus à jeter et je ne serais pas trop sévère car il y’avait de bonnes idées malheureusement mal exploitées.

Note : 10/20


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