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Les puits de carbone bleu peuvent-ils sauver l'humanité ?

Publié le 19 décembre 2012 par Bioaddict @bioaddict

Les écosystèmes marins tels que les forêts de mangroves, les herbes marines ainsi que les marais d'eau salée, peuvent capturer et stocker une quantité importante de carbone. Ces "puits de carbone bleu" représentent aujourd'hui la solution la plus efficace et la plus rentable pour lutter contre le changement climatique selon l'ONU. Comment, pourquoi et quelles sont les limites ? Les puits de carbone bleu peuvent-ils sauver l'humanité ? 

Pourquoi l'Homme doit sauver les puits de carbone bleu pour se sauver lui-même

L'important potentiel que représentent ces niches de carbone bleu pour atténuer les effets pervers du changement climatique est aujourd'hui complètement négligé. Pire... Alors que ces "puits de carbone bleu" sont des alliés naturels dans la lutte contre le changement climatique, ils continuent cependant à se dégrader ou à disparaître à un rythme alarmant. Surexploitation des produits du bois, conversion en bassins d'aquaculture, urbanisation, détournement de l'écoulement d'eau douce... autant de facteurs qui font qu'aujourd'hui, plus de la moitié des forêts de mangrove dans le monde a disparu. Dans certaines zones du Sud-Est asiatique, jusqu'à 90 % des mangroves ont ainsi disparu depuis les années 1940. Et c'est ainsi l'effet inverse d'augmentation des gaz à effet de serre qui se produit. La pollution des eaux marines et la destruction des écosystèmes côtiers ont en effet pour conséquences de diminuer les capacités de stockage de carbone des océans.

"Les écosystèmes marins - plus particulièrement les écosystèmes d'origine végétale des zones côtières, tels que les mangroves, les herbiers marins et les marais salants, ont démontré leur capacité à capturer le carbone sur le long terme, aussi bien dans la biomasse des plantes au dessus des fonds marins que dans les couches de sédiments enterrés. C'est la raison pour laquelle il est aujourd'hui largement reconnu que tous ces endroits où se trouvent des végétaux représentent un évier naturel important où vont se déverser les gaz à effets de serre. La dégradation et la destruction de ces écosystèmes aboutissent à la transformation de ces éviers naturels en sources significatives de gaz à effets de serre, puisque le carbone capturé au long des siècles dans les couches de sédiments peut se déverser en très peu de temps dans l'environnement" expliquent ainsi le groupe de travail scientifique international sur le carbone bleu de l'UNESCO.

Selon l'ONU, les puits de carbone bleu et les estuaires piègent et séquestrent entre 235 et 450 terragrammes (Tg C, c'est-à-dire 870 to 1,650 millions de tonnes de CO2) par an, soit l'équivalent de la moitié des émissions de l'ensemble du secteur mondial des transports, estimé à environ 1000 Tg C par an. En évitant la disparition et la dégradation de ces écosystèmes et en favorisant leur remise en état, on pourrait compenser 3 à 7 % des émissions actuelles de combustible fossile (7 200 Tg C par an) en vingt ans. L'effet serait comparable à au moins 10 % des réductions nécessaires pour que les concentrations de CO2 dans l'atmosphère se maintiennent en-dessous des 450 ppm pour que le réchauffement climatique ne dépasse pas 2° C.

L'ONU lance "le portail du Carbone Bleu"

Afin de valoriser l'importance du carbone bleu, le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) vient ainsi de lancer un portail internet, "Le portail du Carbone Bleu ". : http://bluecarbonportal.org

Ce portail offre une plate-forme dynamique pour discuter des enjeux de carbone bleu, illustrer les initiatives à travers le monde, et créer un réseau de différents projets pour partager des informations, des idées et des ressources.

"L'objectif est de développer un partenariat globale pour faire progresser la gestion rationnelle des écosystèmes côtiers et marins afin de s'assurer que soient maintenues leurs fonctions de séquestration et de stockage afin de lutter contre les émissions de gaz à effet de serre" explique le PNUE.

Christian Nellemann, directeur du rapport sur le Carbone bleu de l'ONU publié en 2009, explique : "C'est maintenant qu'il faut agir pour conserver et améliorer ces puits de carbone. Nous sommes en train de perdre ces importants écosystèmes et ceci au moment même où nous en avons besoin. Et ils pourraient bien avoir totalement disparu d'ici une vingtaine d'années."

Mais l'océan peut-il à lui seul sauver l'humanité ?

En absorbant le CO2, l'océan joue un rôle majeur de tampon aux perturbations de l'atmosphère. On estime ainsi qu'il a absorbé un tiers des émissions de CO2 dues à l'activité humaine depuis le début de l'ère industrielle. Mais cette absorption de quantités croissantes de CO2 n'est pas sans conséquences ; la principale est l'acidification des eaux, qui menace la biodiversité océanique et risque donc de réduire l'efficacité de la pompe biologique.

La hausse de la température, associée à la hausse de la concentration en carbone dissous dans les eaux de surfaces, réduit de plus la solubilité du CO2 dans l'eau : plus l'eau est chaude, moins la pompe physique est efficace, donc moins l'océan absorbe de carbone.

L'augmentation de la température de l'eau augmente aussi la stratification de l'océan, limitant la circulation verticale : l'eau chaude, moins dense, reste en surface, et il y a peu d'échange et de mélange avec les eaux profondes plus froides et plus riches en nutriments. Cela menace la biodiversité, contribue à modifier la productivité du plancton, et réduit la part de carbone dissous qui sera entraînée vers les fonds océaniques.

Il semblerait donc que la capacité des océans d'agir comme des puits à carbone s'affaiblisse à l'avenir, avec quelques signes tendant à indiquer que cette tendance est d'ores et déjà détectable.

Ainsi, s'il est aujourd'hui indispensable de préserver les écosystèmes marins pour valoriser les puits de carbone bleu et atténuer le réchauffement climatique, c'est la sobriété énergétique qui doit rester la priorité stratégique de toute politique durable et responsable pour freiner le réchauffement climatique et ainsi sauver l'humanité.

Christina Vieira

voir les sources de l'infos

CSC : le rôle des milieux naturels dans la lutte contre le changement climatique

Groupe scientifique Carbone Bleu

UNEP

Des océans sains : nouvel atout dans la lutte contre le changement climatique


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