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Black snake moan

Par Rob Gordon
Rae est une petite catin. Lazarus est un acien bluesman devenu cultivateur. Quand le vieil homme noir découvre la jeune femme couverte de bleus dans un fossé et qu'il découvre qu'elle est accro au sexe, il décide de l'enchaîner à son radiateur. Histoire de la sevrer, et de lui inculquer quelques valeurs morales. Avec un tel résumé, on aurait pu croire que Black snake moan allait être un monument subversif, un objet barré et déviant dépassant allègrement les frontières du convenable. Pas vraiment : le film de Craig Brewer est d'abord une rencontre, tumultueuse puis tendre, entre deux êtres en manque cruel d'amour. Il faut d'abord savoir que Christina Ricci ne passe pas deux heures enchaînée et en petite culotte (ce qui décevra les plus pervers d'entre nous) : l'épisode de la séquestration n'est que la deuxième partie d'une pièce en trois actes. Car Black snake moan ressemble à une pièce de théâtre, dans sa construction comme dans sa mise en scène. Très peu de personnages, un nombre de décors restreint, ne manque que le rideau rouge entre chaque acte.
La grande qualité du film, c'est son ambiguïté permanente. On ne sait pas vraiment comment les évènements vont tourner. Et, surtout, on ne comprend pas au juste si les personnages (Lazarus, Rae, Ronnie le petit ami parti à la guerre) sont de grands malades, de gentils tarés ou simplement des humains comme vous et moi. C'est la grande question posée par le film : avoir des sentiments aussi exacerbés fait-il de vous une personne saine ou quelqu'un de totalement anormal? Craig Brewer finit par répondre à cette question. Sa réponse peut sembler moraliste (et elle l'est), mais c'est finalement la plus satisfaisante qui soit.
On ressort de Black snake moan assez enchanté, sans savoir exactement de quoi il s'agit, mais les yeux pleins de bonheur. Celui d'avoir assisté à un formidable pas de deux entre Samuel L. Jackson (qui vieillit bien, comme un Jean-Pierre Darroussin version blaxpoitation) et la bombesque Christina Ricci, au langage corporel assez troublant pour le spectateur mâle.
7/10

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