Magazine Politique

Choc et feu

Publié le 26 décembre 2012 par Egea

Je retrouve cette expression, entendue depuis 25 ans sans l'avoir jamais vraiment comprise. C'est chez De Gaulle (Le fil de l'épée), qu'on m'a offert pour Noël. Mais DG passe, comme bien d'autres, comme ci chacun savait ce qu'est le choc, ce qu'est le feu. Or, derrière ces onomatopées, derrière le "le feu tue", qu'y a-t-il ? Cela a-t-il encore un sens aujourd’hui ?

Choc et feu
source

Qu'est le choc ? le face-à-face physique de la masse contre la masse, des deux énergies qui s'entrechoquent, la plus puissante étant supposée emporter l'autre, à tout le moins la faire vaciller. Le choc est le duel antique, l'affrontement premier, comme les deux cerfs qui s'opposent pour emmener la harde.

Qu'est le feu ? L'arme de jet qui permet d'affaiblir à distance et d'éviter - ou préparer - l'affrontement. Le feu est second par rapport au choc. Le feu vise à modifier le rapport de forces, surtout si le feu converge en un point donné du dispositif ennemi.

Le feu est l'arme indirecte : lance contre épée, arc contre fantassin, arbalète contre chevalier, arquebuse contre château-fort, puis bombarde, mousquet, fusil, mitrailleuse, canon de 75, avion, grosse Bertha, stuka, forteresse volante, bombe H....

A mesure des progrès des armes indirectes, on a forci les armes de choc, notamment par une protection (cuirasse) et une énergie (cheval puis moteur) accrues. Sauf pour la dernière !

Le feu ultime, le feu nucléaire, a mis un terme à la dialectique du choc et du feu. Il n'y a plus de choc aujourd’hui : que du feu. IED ou drones, toujours violents, toujours à distance. Il n'est que l'attentat suicide qui, par son extrémité même - le suicide - vienne rappeler l'inanité du choc.

Aujourd'hui, le feu triomphe. Mais sans lever son paradoxe. Car le feu est indirect : peut-on contrôler à distance ?

Le succès de l'indirect n'est pas une solution. Il ne tranche pas les problèmes - comme l'épée résolut autrefois le nœud gordien. Nous sommes trop empêtrés aujourd’hui dans nos nœuds gordiens, trop complexes pour nous... et nous sommes trop faibles pour décider.

La guerre n'est plus une solution, paraît-il. Donc, les conflits restent ouverts et ils purulent incessamment. Comprenez-vous quelque chose à ce qui se passe au Mali ? L'indécision est la règle, la règle du feu.

Le feu frappe sans danger, mais sans permettre la victoire, donc la cicatrisation.

O. Kempf


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Egea 3534 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines