Pourquoi la voyoucratie journalistique ?

Toujours soucieux de ne pas s’arroger les pensées d’autrui, il est donc naturel de rendre à Gustave Flaubert la paternité de « voyoucratie ». Si ce dernier était encore parmi nous, cet écrivain de génie ironique et pessimiste au possible, aurait sans doute eu loisir à étoffer son œuvre de quelques manuscrits relatant la déchéance morale et intellectuelle des hommes de notre temps.

L’ami Gustave n’aurait pas passé ses journées à s’affaiblir en observant, sans doute d’un œil amusé, les quelques perles télévisées de la téléréalité. Non, le grand Flaubert aurait eu bien assez à faire à piquer ici ou là, les intérêts particuliers de nos amis journalistes qui peuplent le petit royaume d’une voyoucratie parfaitement assumée !

Oui mesdames et messieurs ! Oui chers lecteurs assidus ! Pauvres français que nous sommes, nous sommes entourés, cernés et condamnés à demeurer d’êtres à la merci d’une clique de bandits, une clique de voyous savamment organisés qui nous abreuvent chaque jour de ce qu’ils considèrent être de l’information !   

Nous qui pensions avoir accédé à la modernité avec tout ce qu’elle a engendré de nouvelles technologies et d’ouverture sur le monde, nous voici rendus à l’ère des Temps Modernes grimés par Charlie Chaplin où, le noir et blanc règne autant sur les âmes que sur les pensées humaines. Les journalistes français ont kidnappé nos esprits, ont suspendu notre évolution intellectuelle et nous entrainent lentement mais surement dans une spirale dépressive et dépréciative !

Une démocratie comme la notre mérite que ses journalistes remplissent au mieux leur mission première qui reste d’informer et d’analyser les situations. Relais permanents d’une actualité en perpétuel mouvement, leurs choix rédactionnels influencent forcément une opinion publique suspendue aux lèvres de l’information en continu.

En triste bilan de cette année 2012, si nous devions nous rendre comptables du service effectif rendu par nos journalistes nationaux, celui-ci avoisinerait le zéro absolu ! Est-ce nécessaire de nous replonger dans la dernière campagne présidentielle où les enjeux cruciaux concernant la France ont été zappés au profit des ragots de bistrots de notre personnel politique et des états d’âmes d’un ancien Chef de l’Etat en cruel période de désamour avec son Peuple ? Doit-on s’appesantir sur les récits d’une crise, vécue ici et ailleurs, sur le seul plan des intérêts particuliers en oubliant la globalité ? Peut-on enfin, estimer que les diverses trahisons (morales et sociales) de quelques patrons peu scrupuleux ou de starlettes du moment puissent à ce point occulter les réalités vraies vécues chaque jour par nombre de nos compatriotes ?

Informer est un art qu’ils ne veulent plus maitriser. Désormais, nos grattes papier se limitent à errer de polémique en polémique en attirant la tête de gondole qui comblera les attentes du chaland qu’ils tentent d’appâter. Du Sarko’ show à Nadine Morano, on pique les musulmans, on dérive sur les tweets de Valérie à Ségolène, on se gave de pains au chocolat avec l’ami Jean-François et on passe la frontière avec Gérard Depardieu ! Qui n’en veut de l’info toute fraîche et pas chère ? 

Non, nos journalistes sont des bandits, des voyous vous dis-je ! Ils s’autorisent dans les milieux autorisés à choisir ce qu’il convient de nous relater. Ils sélectionnent l’information qu’ils entendent distiller. Ils ne partagent plus un savoir, ils imposent leur propre pensée en niant celle là même que nous pourrions nous forger ! Ils bradent notre capacité à comprendre en gavant nos cerveaux d’une réalité virtuelle et orientée.

Bien malin celui capable de prédire l’avenir. Si nos amis journalistes perpétuent la tradition de leur vile pensée, je ne donne guère d’espoir à notre société apeurée. Il est encore temps de redresser la barre !

A la manière de Confucius : « Apprendre sans réfléchir est vain. Réfléchir sans apprendre est dangereux ».