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Quattrocento : un voyage dans le temps?

Publié le 05 avril 2008 par Victorclaass
Le livre de James McKean intitulé Quattrocento est surprenant. Entré en littérature comme un curé dans un night-club, le luthier McKean a un style ampoulé et parfois maladroit, mais raconte une histoire fascinante. La structure cinématographique de son livre est parfaite et rythmée pour qui veut la suivre.
Je ne m'attacherais pas à raconter l'histoire - elle offre des pistes d'interprétations intéressantes, mais je vous invite à les trouver vous-même. Ce qui m'intéresse, c'est que le personnage principal Matt O'Brien est atteint du syndrome de Stendhal et que je m'en vais ajouter cette brique à l'édifice que je suis en train de construire. Cette malade de surmenage artistique, décrite par le Grenoblois dans Rome, Naples, Florence - et reprise par Dario Argento - se manifeste par des vertiges et des sensations d'appartenir aux tableaux que l'on aurait trop vus. L'on perd connaissance après s'être rêvé dans les paysages et auprès des portraits des centaines de galeries que l'on aurait visité. Inutile de dire que c'est une maladie italienne en grande majorité.
Quattrocento est catalogué par la National Library of Congress dans les livres liés au thème "Voyage dans le temps", mais l'histoire elle-même dément cette classification imprécise bien que nécessaire. Matt voyage dans les tableaux et accède finalement à la vérité de ses voyages: ce n'est pas dans le temps mais dans les espaces différents que l'on peut se mouvoir. A grand renfort de physique quantique, Matt apprend que les temps sont finalement tous contemporains les uns des autres et il faut savoir comment emprunter les bonnes portes.
Pour Matt, c'est le syndrome de Stendhal lui-même qui agit comme moyen de transport entre les espaces, et m'offre ainsi un intéressant parallèle avec mes théories de peintures plus narratives que picturales. Mais ce qui est encore plus intéressant, c'est qu'en découvrant la théorie de la note "diabolus in musica", celle qui est à la fois parfaite en théorie, sur un clavier non tempéré, mais qui est en même temps impossible à accepter musicalement, Matt plonge dans un autre de ces voyages. Le complexe de Stendhal existe aussi en musique pour lui.
Un accordeur de piano lui explique la théorie des claviers tempérés, lui apprenant qu'aucun piano n'est accordé parfaitement, puis il accorde le piano selon les principes de rigueur physique, comme un piano devrait être accordé, non pour l'oreille, mais pour le respect des rapports entre les fréquences de vibration, base de la musique. Au lieu d'entendre une musique horrible, qui l'avait pourtant choqué une première fois, Matt part encore dans un de ces voyages fictionnels qui lui font vivre le monde de la peinture; qui le font vivre dans le monde de la peinture.
Ainsi, la narration picturale et la narration musicale peuvent avoir les mêmes effets sur le spectateur. et le paysage dans ces deux mondes peuvent raconter une histoire similaire et prendre son public par la main pour l'emmener vers le fond du décor, derrière le décor, dans le décor.

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