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The Master (2013) de Paul Thomas Anderson

Publié le 10 janvier 2013 par Flow

The Master.

(réalisé par Paul Thomas Anderson)

La difficile affirmation de Soi.

 

 

Difficile critique que celle de The Master. Le film déroute autant qu'il fascine. On a envie de s'en détourner constamment mais pourtant on est «contraint» de s'accrocher, d'écouter et de tenter de comprendre. Seul Paul Thomas Anderson est capable de créer une telle sensation chez le spectateur et c'est certainement la plus grande force d'un réalisateur hors-norme...

 

the master

 

Freddie, un vétéran, revient en Californie après s’être battu dans le Pacifique. Alcoolique, il distille sa propre gnôle et contient difficilement la violence qu’il a en lui… Quand Freddie rencontre Lancaster Dodd – « le Maître », charismatique meneur d’un mouvement nommé la Cause, il tombe rapidement sous sa coupe...

 

Je classais, il y a de ça quelques jours The Master quatrième de mes films les plus attendus de 2013. Et je n'avais pas tort. Le résultat est à la hauteur. Un film virtuose livré par un réalisateur hors-pair et porté par des acteurs exceptionnels. Pourtant, le film est déroutant. Le sujet, l'affirmation de soi en contradiction avec les autres et la toile de fond, une secte dans les années 50, ne sont pas vraiment glamours. Entre d'autres mains, le film n'aurait certainement pas l'impact qu'il a entre celles de Paul Thomas Anderson.

 

Je n'ai vu de ce réalisateur que son dernier film en date: There will be blood (que j'avais regardé à l'époque plus pour son titre fantastique que pour son sujet encore une fois...austère) et c'est une honte tant ses films sont à part. Le long-métrage qui écorchait méchamment les pionniers américains partage avec The Master ses qualités et les défauts de ses qualités. Ce sont deux films longs au rythme lent voire totalement éteint. Du coup, il paraissent interminables. De plus, les dialogues prennent le temps de nous laisser réfléchir, ce qui peut rebuter. Mais cette idée du cinéma est en totale adéquation avec le style du réalisateur. Poseur, il aime saisir la beauté de ce qui l'entoure et discerner le moindre petit froncement de sourcil de ses comédiens. Sa caméra semble épouser le monde et en saisir autant sa complexité que sa profonde absurdité (cf la scène du magasin au début du film).

 

Vous vous demandez certainement pourquoi au bout de deux paragraphes je n'ai toujours pas vraiment parlé du film? C'est parce que j'en suis totalement incapable ! Je ne sais pas quoi en penser sinon les quelques réflexions que je viens d'énoncer... Le sujet est difficile. Si j'étais philosophe, je vous parlerais de la complexité des relations entre le maître et son esclave (ou plutôt son animal domestique qu'il essaie de dresser), de Hegel et de sa dialectique qui hante la pellicule, de comment Dodd en tentant de dompter le dragon échoue lamentablement et reconnaît son échec en permettant au second de s'ouvrir à Soi... Mais je ne suis pas philosophe et je ne vais pas tenter de rationaliser un sujet qui me dépasse. Je laisse ça à d'autres. On pourrait parler également du background du film, cette Amérique des années 50 avec ses pseudos-guides, plus escrocs qu'intellectuels qui confondent illumination et dérives sectaires, symptômes d'un pays empreint au doute et aux contradictions ; mais je ne suis pas convaincu que le réalisateur s'intéresse vraiment à cette partie de son histoire. Il éparpille ici ou là quelques piques bien senties montrant le gourou sous son vrai jour mais à quoi bon, il n'y a qu'à le voir pour comprendre la supercherie.

 

Non, je laisse tous ces sujets délicats à plus intelligent que moi. Tout ce que je peux dire, et que je retiendrais de The Master, c'est cette mise en scène fascinante et l'interprétation qui l'accompagne. Les acteurs sont tout simplement formidables. Philip Seymour Hoffman en petit escroc pathétique et débonnaire fait des ravages, secondé par une Amy Adams au top en maîtresse de l'ombre. Mais c'est évidemment Joaquin Phœnix qui emporte l'adhésion en chien fou inconsistant qui apprend petit à petit à appréhender le monde qui l'entoure.

 

 

Une critique spéciale pour un film spécial que je vous invite à découvrir par vous-même plutôt que par l'intermédiaire d'une critique incapable de retransmettre la complexité d'une telle œuvre.

 

 

 

 

Note:

Pastèque de premier choix


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