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Forages en Arctique : 8 raisons pour lesquelles on ne peut pas faire confiance à Shell

Publié le 10 janvier 2013 par Bioaddict @bioaddict

Shell veut forer dans les eaux vierges de l'Arctique, au large de l'Alaska l'été prochain. Les dangers pour l'environnement sont pourtant nombreux. Une marée noire dans cet environnement fragile serait en effet un désastre. Greenpeace vient ainsi de lancer une operation pour que Barack Obama, président des États-Unis, stoppe les forages en Arctique et suspende les permis de Shell ! Forages en Arctique : 8 raisons pour lesquelles on ne peut pas faire confiance à Shell 

Shell affiche ses intentions de trouver du pétrole en Arctique dès l'été 2013. Et les autorités américaines sont sur le point de prendre la décision d'offrir à Shell cette possibilité. Mais il s'avère que le géant du pétrole connait revers sur revers. Dernier événement en date d'une longue liste d'échecs : le Kulluk, une plateforme de forage de Shell, qui s'est échouée dans le golfe d'Alaska en raison des conditions météo difficiles mais inhérentes à l'Arctique...

Après plusieurs essais infructueux de récupération de la plateforme, c'est seulement ce 6 janvier, après une semaine d'une dérive incontrôlée, que la plateforme a finalement pu être récupérée par des remorqueurs et remise en eau.

Greenpeace interpelle ainsi aujourd'hui le Président américain Barack Obama afin qu'il stoppe les forages en Arctique et suspende les permis de Shell. L'ONG évoque 8 raisons pour lesquelles on ne peut pas faire confiance au groupe pétrolier :

1. Shell ne sait pas évaluer le coût d'un plan de nettoyage d'une marée noire.

En mars 2012, en réponse aux questions d'une commission d'enquête du parlement britannique, Peter Velez, Directeur de la section réponse d'urgence de Shell a admis que Shell n'avait pas évalué les coûts d'une opération de nettoyage en Arctique. La compagnie laisse ainsi la responsabilité financière aux actionnaires mais potentiellement aussi aux citoyens...

2. Un bateau de Shell, le Arctic Challenger, est considéré comme "pas assez sûr" par le Gouvernement américain.

En Juillet 2012, les autorités américaines ont annoncé qu'un des éléments clé du plan de réponse marée noire de Shell n'était pas autorisé à naviguer vers l'Arctique, car le navire ne remplissait pas les standards de sécurité des gardes-côtes américains. Le navire, l'Arctic Challenger, est une péniche construite il y a 36 ans, dont le rôle est de remorquer des équipements de sécurité. Mais les autorités américaines ne sont pas satisfaites de ce qu'elles ont pu observer à bord, et semblent penser que l'Arctic Challenger aurait le plus grand mal à supporter les conditions de navigations extrêmes en Arctique. Dans un premier temps, les ingénieurs de Shell avaient annoncé que le navire pourrait supporter des tempêtes de puissances exceptionnelles. Ils sont, depuis, revenus sur cette annonce.

3. Les gardes-côtes américains "pas très confiants" face aux dispersants utilisés par Shell.

Dans une interview à Bloomberg, le commandant des gardes-côtes américains a exprimé des doutes quant à l'impact des dispersants en Alaska dans l'éventualité d'une marée noire. Il a déclaré : "Je ne suis pas sûr des effets des dispersants dans les eaux glacées d'Alaska". Or, dans le plan d'intervention d'urgence de Shell, l'usage de dispersant est une des principales actions mises en oeuvre...

4. Le bateau de forage de Shell s'échoue par" grand frais".

Le 15 juillet, le bateau de forage de Shell, le Nobel Discoverer s'est échoué sur le rivage à Dutch Harbour, Alaska, avec un vent à 56 km/h. Le Noble Discoverer, comme le Kulluk vieillissent, et ils ne sont plus tout à fait les vaisseaux modernes dont Shell se targuait.

5. Le bateau de forage de Shell prend feu.

En novembre, le moteur du Noble Discoverer a pris feu alors que le bateau faisait route vers Dutch Harbour.

6. Le dôme d'endiguement, une sorte de bouchon géant visant à contenir toute fuite de pétrole résultant de l'explosion d'un puits, a été endommagée pendant les tests.

En décembre, l'Arctic Challenger, navire du groupe doté d'un système censé éviter tout risque de marée noire lors des forages, a été "endommagé" au niveau du "dôme d'endiguement" (sorte de bouchon géant visant à contenir toute fuite de pétrole résultant de l'explosion d'un puits ) lors d'un "test final" d'homologation. Un représentant du bureau fédéral de la sécurité et de l'environnement a déclaré qu'il était "écrasé comme une canette de bière".

7. Le vice président de Shell l'admet : "il y aura des fuites".

Dans une interview à la BBC, Pete Slaiby a admis qu'une marée noire était ce qui inquiétait le plus les gens : "Si vous me demandez s'il y aura un jour une fuite, oui, j'imagine qu'il y en aura."

8. La plateforme de Shell s'échoue.

La plateforme pétrolière Kulluk de Shell s'est échouée au large de l'Alaska le 31 décembre. En raison de conditions météo particulièrement violentes (un hiver en Alaska...), cette plateforme n'a pas réussi à quitter le golfe d'Alaska, allant s'échouer le 1er janvier 2013 au sud des îles Kodiak. La plateforme Kulluk était transportée à l'aide de deux remorqueurs, mais l'amarre de l'un d'eux s'est rompue. Le Kulluk est une barge non motorisée de 81 mètres de diamètre conçue pour opérer dans la glace. La plateforme transporte près de 530 000 litres de diesel et environ 45 000 litres d'huile lubrifiante et de fluide hydraulique. Si pour le moment, aucune fuite de pétrole n'est constatée, la situation est toujours sous haute tension en raison d'une météo déplorable : il a fallu pas moins de 6 jours aux équipes de secours avant d'arriver à la réguler. Le Kulluk est le soutien du Noble Discoverer, et réciproquement. Si l'un des deux était inutilisable, c'est l'ensemble de la campagne de Shell qui est mise en cause.

Selon l'Institut de géophysique américain (USGS), 13% des ressources planétaires en pétrole et 30% des ressources en gaz seraient présentes au nord du cercle polaire arctique. Le réchauffement climatique, qui a déjà fait fondre une partie des glaces d'été en Arctique, laisse ainsi entrevoir de nouvelles ambitions aux exploitants de gaz et de pétrole. L'arctique devient aujourd'hui le nouvel eldorado de l'or noir... avec tous les dangers pour l'environnement que cela implique.

Si vous aussi, comme Greenpeace, vous êtes contre "cette course suicidaire aux hydrocarbures",  signez la pétition pour Obama, et rendez-vous sur le site : http://energie-climat.greenpeace.fr/

Alexandre Sieradzy


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