Xavier Niel : 5 millions d’abonnés Free Mobile et des innovations à venir

Dans un entretien accordé au Figaro, Xavier Niel répond à de nombreuses questions et revient sur le succès de Free Mobile.

Encore une fois, le PDG d’Iliad n’est pas là pour se faire des amis et le prouve dans cette interview de nos confrères où il pointe du doigt certaines pratiques de ses concurrents, tout en parlant de l’avenir de Free et Free Mobile.

Ainsi, pour faire un rapide bilan du quatrième opérateur, Xavier Niel affirme :

Nous avons terminé l’année avec environ 5 millions d’abonnés. Free a réinventé le marché, divisé les prix par quatre, rendu près de 2 milliards d’euros de pouvoir d’achat aux 65 millions de Français, libéré les usages qui explosent, mis en évidence le vrai prix du terminal. Et cela va continuer en 2013. Nous avons quelques innovations à venir qui vont vous surprendre.

Il pointe également du doigt la « fausse » crise du secteur durant laquelle Free Mobile a recruté 2000 personnes alors que ses concurrents n’ont pas licenciés, mais fait « des plans de départs volontaires » alors que dans le même temps, ils ont « versé plus de 5 milliards de dividendes ».

Concernant la défaite de Free contre SFR pour la subvention des terminaux, X. Niel rapporte que sa société va faire appel, mais constate qu’il n’a pas réussit à « convaincre les Français qu’acheter le terminal nu revient moins cher que de le prendre subventionné avec un forfait. »

Pour Xavier Niel, « Free est un punching-ball », et malgré toutes les attaques de ses concurrents, cela semble positif puisque’à chaque fois qu’on nous tape dessus, nous faisons des recrutements records. Nos opposants font gratuitement notre marketing ! »

Pour ce qui est de la couverture réseau, Free travaille toujours avec Orange pour l’itinérance, mais espère le plus rapidement possible passer complètement sur son propre réseau, car cela représente évidemment un important intérêt financier. Free Mobile couvrirait aujourd’hui 50% de la population.

Nous avons un peu moins de 2200 antennes actives ou prochainement mises en service. À date nous avons investi plusieurs centaines de millions d’euros. Aujourd’hui nous couvrons 50% de la population et nous atteindrons le prochain seuil de notre licence (75%) dès 2014. [...] Nous sommes le seul opérateur à avoir respecté ses engagements de déploiement 3G dans les délais de sa licence.

Les forfaits à 0 euro (ou 2 euros) représentent un petit quart de la base de Free Mobile et selon Xavier Niel, ceux-ci sont rentables pour Free !

Revenons à la 4G, qui selon le PDG d’Iliad est une affaire sérieuse, affirmant : « Nous disposons de fréquences 4G et notre réseau est prêt. » Sans pour autant donner de date précise sur une possible offre de Free Mobile, et en pointant du doigt le peu d’offres des autres opérateurs. « Pour le moment, il y a plus de slogans publicitaires que d’antennes ! »

Sur le cas SFR, Xavier Niel a aussi son mot à dire ! Iliad n’a pas l’intention de racheter le second opérateur, « la consolidation n’est pas à l’ordre du jour pour nous », mais verrait pourquoi pas contre une mutualisation des réseaux. « C’est une piste intéressante qui permettra à tout le monde d’améliorer ses résultats. »

Enfin, Xavier Niel revient sur sur bras de fer avec Google, YouTube avec le ralentissement des vidéos et la « neutralité du net ».

YouTube n’est pas un ennemi. C’est un bon service. Je ne suis pas bilingue, mais je ne crois pas que Net neutrality signifie « tout gratuit pour les gros acteurs ». Si demain, tout le monde se met à regarder la télévision via ce service ou un produit équivalent, il faudra des capacités colossales nécessitant des investissements très lourds. Que demandez-vous à Google ? Vous avez un acteur qui est un passager sans billet de notre réseau et utilise d’importantes capacités, mais sans contrepartie financière. On ne cherche pas le partage de revenus, on demande juste que soit payée la quote-part, sans marge, du réseau qui est utilisé chez nous, quand un acteur, seul, accapare une grande partie des capacités. C’est le fonctionnement historique d’Internet. C’est une question de principe plus que d’argent. Et si nous ne le faisons pas maintenant, nous serons étranglés plus tard. Si un acteur fait des milliards d’euros de chiffre d’affaires en utilisant très peu de bande passante, comme Facebook, ce n’est pas pour autant que l’on voudra une part de ses revenus.

Quant au fameux blocage des publicités via la Freebox Revolution, Xavier Niel promet de demander l’avis de nos abonnés, dès ce matin sur le site de Free ! Mais ça ne rebloquera pas les publicités, pour l’instant.

Vous avez bloqué la publicité de Google chez vos abonnés. Pourquoi ce coup de force solitaire ? Tous les acteurs pensent qu’il faut négocier avec Google et obtenir une juste rémunération. Nous sommes les seuls à avoir eu le courage d’établir un rapport de force. Vous croyez que les groupes américains sont naturellement généreux. Pendant dix ans, on nous a dit que les opérateurs de réseau n’existaient plus face aux Américains, qu’ils étaient morts. Là, nous avons vu que pendant une semaine on est redevenu soudain plus à la mode. Cette affaire a eu un écho considérable aux États-Unis.