Tous les symboles ont leur importance, à titres divers. Certains d’entre eux cependant sont fondateurs au point qu’ils sont présents dans toutes les traditions initiatiques. Leur message est universel et ils gagnent à être considérés dans leur relation. Par ces relations , ils forment un tout.
Les symboles sur lesquels je m’attarderai constituent trois triades. Ce sont:
Les axes du temple.
Les astres du temple
Les grandes Lumières du temple
Les deux premières triades, axes et astres, sont universelles. Les trois grandes Lumières qui constituent la troisième triade sont spécifiquement maçonniques quoique nous retrouvons équerre et compas en Chine ou dans chez les Compagnons. C’est cette triade qui relie la maçonnerie au flot de la tradition initiatique au cours du temps.
La Première Triade.
Elle est constituée par les axes du temple qui sont au nombre de trois.
Le rituel nous enseigne , mine de rien, que le Temple contient le lieu de croisement des trois axes du monde. C’est à dire le centre de référence , le point de repère indispensable, d’ou tout part et où tout peut revenir. En ce lieu unique pour chacun de nous ici présent, tout est ou redevient possible .
Etre dans le temple , c’est être symboliquement au début de tout. Toutes les Traditions font appel au centre du monde, à son caractère sacré. Que ce soit la montagne mythique, le temple de l’empereur de Chine, la Jérusalem céleste, l’arbre sacré…etc. Le centre, c’est le sacré, le lieu de création, le paradis…
Il y a cependant une petite complication !
Les axes n’ont pas tous la même valeur ; on ne peut pas les interchanger. Nous évoluons sur le plan horizontal car nous sommes humains, matériels donc liés aux deux axes : orient- occident, midi - septentrion.
Là, nous sommes à l’aise, dans notre élément. Nous vivons et nous nous déplaçons par nos propres moyens . Symboliquement , c’est bien. Mais c’est bien peu ! Plat, sans altitude, ni profondeur mais si confortable !
Songez un peu à la difficulté de la verticale, au compliqué de sa conquête. Sans aide technique , nous sommes condamnés à des sautillements pathétiques pour retomber aussitôt au sol, sur le plan. Il faut pour s’élever physiquement, ou descendre sous l’eau ! des aides compliquées, coûteuses.
Nous ne sommes pas autonomes dans la verticalité, ce n’est pas notre milieu. Il en est de même au niveau spirituel : l’élévation hors et au dessus de la condition commune est hasardeuse, difficile.
Le plan, qui contient le pavé mosaïque, c’est le matériel, le pouvoir sur les choses, la vie de tous les jours.
La verticale qui transperce le plan, c’est le spirituel qui donne le sens, la forme la vie. C’est la verticale qui nous sort du cabinet de réflexion et nous guide vers la voûte étoilée, montrant comme l’échelle de Jacob qu’il faut puiser , en profondeur, pour exalter ce qui peut l’être.
Le symbole semble clair : montée de l’animal au spirituel en passant par l’humanitude. Jusqu’où ? C’est une autre affaire, mais monter ! La Maçonnerie, société initiatique est une aide technique qui permet de passer du plan à la verticalité. Une machine élévatrice en quelque sorte !
La Deuxième Triade.
L’étoile polaire est un constituant avec la lune et le soleil de la deuxième triade.
Cet astre est fixe, les deux autres axes étant mobiles. Les anciens connaissaient déjà la fixité de la polaire, passage de l’axe du monde. C’est sur la verticale que se situe le fixe , le certain, l’assuré. Au contraire, lune et soleil sont d’une mobilité extrême. Encore le soleil est-il ordonné, constant dans son apparence ! Mais la lune, vraiment…
On la dit féminité, grosse puis maigre dans ses phases. Elle est la vie matérielle, maternelle à cycles longs de quatre semaines. Le soleil est plus simple finalement et dicte les heures de l’activité humaine, à cycle court .
La vie est lunaire , secrète, intime ; le travail est lui solaire. Il s’effectue au grand jour. Au point que les travailleurs de l’ombre, mineurs et forgerons n’avaient pas bonne réputation dans les sociétés traditionnelles. Ils sont sans doute trop près du feu !
Les axes créaient l’espace, les astres nous mettent dans le temps, ils sont le temps et sa mesure. Ensemble dans le temple, axes et astres nous situent symboliquement à l’origine du temps et de l’espace. Ouverture et fermeture des travaux : création d’une parenthèse. Ici et maintenant.
« Nous ne sommes plus dans le monde profane , nous ne sommes plus à l’Ordre . »
Tout est possible en principe, dans cette parenthèse régénérée.
Mais sur le pan spirituel il est bien difficile de s’élever avec notre pesanteur de boue.
La Troisième Triade
C’est bien là encore, la leçon dans cette troisième triade, constituée par les trois grandes Lumières : Equerre, Compas, Volume de la loi sacrée .
L’Equerre , c’est à nouveau le plan. Encore lui ; le plat, le carré, le cube, l’anguleux, le primaire, la terre . Ce de quoi nous sommes faits.
Le Compas , c’est au contraire le rond, le doux opposé à la rudesse. C’est le cercle, la sphère, le ciel en opposition à la terre. Mais le compas est aussi le report. Report de la distance à l’identique d’un lieu à un autre . L’ouverture du compas prend la mesure et la conserve pour la transporter, la Transmettre .
Vecteur de la quantité, le compas crée dans le tracé , l’élévation du batiment à partir du plan. Du plan , il permet le passage au volume
Verticale , quand tu nous tiens
Bien des chapelles byzantines ou des mosquées , aux murs blancs de chaux, à la coupole bleue sont formées de la réunion de l’équerre et du compas : un cube surmonté d’une demi- sphère. Au point que l’on peut se demander si ce n’est pas la sphère qui serait un jour de folie tombée sur le cube !
Quant au Livre, n’est- il pas le doigt pointé vers le haut, en direction du but énigmatique ?
On ne construit pas sans fondations, sans état préalable des lieux . C’est ensuite que l’œuvre peut commencer avec des chances de réussite.
Les deux premières triades sont les expressions d’un constat :
L’idée d’un état dont il faut prendre conscience pour le mesurer et ainsi
l’ améliorer.
Mais l’améliorer dans son plan spécifiquement horizontal, avant de le transcender .
La troisième triade nous propose une méthode ou plutôt une voie. Cette voie n’est pas la seule mais c’est la nôtre. Le rituel ramène au monde neuf où tout est possible en principe.
Cependant , on ne crée pas un nouveau monde pour rester dans le même mode d’être. S’il faut passer de l’avoir à l’être, il faut aussi passer de l’être au faire.
Il faut faire pour être fait. La maçonnerie spéculative est en somme une voie opérative ; Simplement son caractère opératif n’est plus du domaine matériel.
Le résultat recherché n’est pas celui de l’action immédiate sur les choses. Le résultat attendu, c’est celui de l’acte sur soi-même.
« Nous sommes ce que nous faisons et ce ce que nous faisons nous construit. »
C’est seulement une fois construits que nous pouvons revenir au plan pour y répandre aux quatre points cardinaux.
C’est ce que je NOUS souhaite à tous du fond du cœur.
J’ai dit.
Patrick SARTINI
Lecteur du Monde et citoyen de Pernes les fontaines
http://rhodesian84.blog.lemonde.fr/
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