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Jérôme Dubus : "la Gauche veut-elle la peau du Grand Paris ?"

Publié le 20 janvier 2013 par Delanopolis
Le sagace Jérôme Dubus a confirmé à l'Express ce que tous les observateurs sérieux peuvent penser : derrière le bastringue de "Paris Métropole", la gauche parisienne a décidé de torpiller le Grand Paris, ambition qui pourrait mettre à mal les baronnies et autres empilements bureaucratiques dont elle se repaît. Jérôme Dubus : Initié, porté et lancé par Nicolas Sarkozy, le projet du Grand Paris est aujourd'hui en péril. Depuis l'élection de François Hollande, il ne se passe pas une semaine sans qu'un ministre s'exprime sur ce sujet pour repousser sa réalisation aux calendes grecques.

Dans un premier temps, la Société du Grand Paris a appris qu'elle ne recevrait pas la dotation de 4 milliards d'euros qui lui avait été promise dans le protocole de janvier 2011, puis devant la protestation unanime des élus régionaux et locaux de tous bords politiques, une vague promesse a été arrachée au Premier ministre d'un versement partiel (1 milliard) de cette dotation en 2014, voire 2015. Mieux: il est envisagé d'affecter à d'autres usages différentes recettes fiscales attribuées par la loi à la SGP pour la réalisation du projet, ce qui s'apparente à un détournement de fonds publics doublé d'une duperie vis-à-vis des contribuables franciliens, en particulier vis-à-vis des entreprises sur lesquelles ces taxes sont prélevées.

Dans un second temps, Cécile Duflot a lancé un audit technique et financier du projet. Le rapport a été rendu public peu avant Noël. S'il confirme l'intérêt du projet, ses conclusions et ses préconisations sont de nature à inquiéter. Mettant en avant une réévaluation du coût de l'opération qui passerait de 22,2 MM€ à 29,9 MM€, le rapport conclut à la nécessité d'étaler sa réalisation jusqu'en 2030, voire 2040 selon les scénarios, au lieu de 2025 -terme fixé par le protocole Etat/Région de janvier 2011. Alors que ce même protocole prévoyait une réalisation simultanée de toutes les lignes composant le nouveau réseau, le rapport préconise une réalisation étalée, par phases (3 ou 4, voire 5 selon les scénarios envisagés).

Si l'on peut comprendre que ce grand projet d'infrastructure fasse l'objet d'une expertise technico-financière avant son lancement opérationnel, on peut s'étonner, en revanche, du renchérissement considérable de son coût (hors dérive monétaire), lié, en particulier, au changement de certaines caractéristiques techniques (longueur des quais et des trains et variantes de tracé par exemple) qui contribue à "charger la barque" et à justifier une réalisation étalée dans le temps.

Et pourtant, ce projet du Grand Paris Express avait fait l'objet d'un consensus politique, après un débat public riche et approfondi auquel ont participé plusieurs dizaines de milliers de franciliens.

Rien d'étonnant à cette unanimité puisque le projet répondait parfaitement à 3 priorités :

Offrir des liaisons performantes en rocade, de banlieue à banlieue, afin de décharger la partie centrale du réseau ferré de transports en commun (de 10 à 15%) et de réduire le trafic automobile et les temps de transport ;

Améliorer la desserte de pôles économiques majeurs ou en devenir de la métropole en les reliant aux infrastructures nationales (gares TGV) et internationales (aéroports) ;

Désenclaver certains territoires, en particulier dans l'est de l'Ile de France.

A l'exception d'une voix discordante, celle d'Europe Ecologie Les Verts, l'ensemble des acteurs politiques, économiques et sociaux franciliens se sont rassemblés autour de ce projet, soulignant son importance stratégique pour le développement de l'Ile de France.

La gauche renie-t-elle ses engagements?

Alors que cherche donc la gauche? Veut-elle renier ses engagements de janvier 2011? A-t-elle fait semblant à l'époque de se rallier au projet parce que, à l'issue du débat public, il recevait l'appui quasi unanime des forces vives franciliennes? Le 25 Octobre 2012, à l'occasion de l'arrêt du projet de SDRIF, le Conseil Régional a solennellement "réaffirmé sa volonté que le réseau du GPE soit effectivement réalisé". Mais quelle action concrète sa majorité socialiste conduit-elle auprès de l'Etat pour qu'il respecte ses engagements? Les écologistes sont-ils si puissants qu'ils peuvent faire échec à la réalisation d'un projet vital pour l'Ile de France sur lequel leurs alliés socialistes se sont engagés sans ambiguïté?

Un projet de cette ampleur, dont la réalisation doit s'étaler sur une quinzaine d'années, ne souffre pas les atermoiements ni les faux semblants. Il exige de la détermination et de la suite dans les idées. Manifestement la majorité qui gouverne aujourd'hui la France et la région Ile de France en manque cruellement.

S'il s'agit d'un problème de financement, compte-tenu de l'état très dégradé des finances publiques, plusieurs solutions peuvent être envisagées :

- La recherche sérieuse d'économies sur les dépenses courantes de l'Etat et de la Région dont les dérives sont manifestes ;

- L'affectation du solde des dépenses d'investissement d'avenir financées par le Grand Emprunt à la réalisation du Grand Paris Express comme je l'avais déjà demandé dès son origine ;

- Enfin, un recours plus important au partenariat public/privé qui pourrait sécuriser la phase actuelle de lancement.

En réalité, ce Gouvernement ne croit pas au Grand Paris et le problème de financement n'est qu'un prétexte pour une fois de plus remettre en cause une réalisation voulue par Nicolas Sarkozy. Il est grand temps que tous les élus franciliens fassent entendre puissamment leur voix pour éviter le pire.

Jérôme Dubus

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