Breaking News (Johnnie To, 2004)

Ridiculisée par son action contre des gangsters, la Police de Hong-Kong décide de médiatiser leur arrestation afin de corriger son image. Mais l'assaut de l'immeuble dans lequel ils se sont réfugiés ne se déroulera pas aussi bien que prévu : il y a en fait deux groupes de gangsters, et eux ont compris l'intérêt des médias...
On l'aime bien Johnnie To, à la rédaction de doorama... Breaking News, à l'image d'autres de ses films, souffre d'hétérogénéité, mais se dote aussi de moments malins, quelquefois simplement brillants...
Le long plan-séquence, d'une dizaine de minutes, qui ouvre Breaking News donne une idée du talent de Johnnie To. Prologue en forme de gunfight qui pose superbement la situation initiale, il présente ses protagonistes, leur personnalité et leurs motivations dans un plan ahurissant, génialement conçu et techniquement impressionnant. Les gentils, les méchants y sont clairement exposés et tous les éléments du jeu du chat et de la souris qui va suivre, sont exposé avec autant d'efficacité que d'intelligence. Johnnie To lance Breaking News à cent à l'heure, le ton est donné, l'efficacité sera au rendez-vous.
C'est ensuite dans un immense immeuble hong-kongais, labyrinthique au point que le spectateur y perdre ses repères, que se poursuit la traque de Breaking News. Multipliant les points de vue des protagonistes et les champs-contrechamps, To transforme son bâtiment en un piège mortel, une souricière infestée d'hommes armés prêts à en faire usage : gangsters, seconde équipe de gangsters, police "normale",  forces spéciales et antigang y déchargeront bien des chargeurs dans des fusillades particulièrement efficaces, souvent belles... Et comme souvent avec To, un temps sera accordé dans Breaking News, pour enrichir ses personnages et donner à chacun d'eux, gangsters comme flics, une véritable vie privée, extérieure au scénario et faite de rêves et déceptions intimes, comme Heat le faisait aussi...  Entre moments d'action éclatants et intenses, sa volonté d'explorer les limites des codes du genre et son approche (certes superficielle) sur le monde médiatique et le pouvoir des images, Breaking News est un excellent morceau de cinéma hong-kongais, efficace et parfois virtuose.
Mais voilà, on a aussi toujours du mal à obtenir un sans-faute de la part de Johnnie To. Peut être est-ce dû à son origine culturelle ou à des codes difficilement appréhendables pour l'occidental moyen, mais Breaking News, après nous avoir souvent emmené relativement haut, nous laisse brutalement retomber. Ses changements de rythme sont brutaux, et donnent plutôt l'impression d'un découpage grossier... La fluidité de ses scènes d'action cesse avec leur fin et les alternances rythmiques de To optent pour l'à-coup et le contre pied (à l'image de ses gunfights dans ses couloirs étroits, avec champs-contrechamps déstabilisants  rendant le "qui est qui" confus...). Et puis, et c'est peut être le top à hong-kong, il faut faire quelque chose pour l'utilisation de la musique dans les films de Johnnie To ! Que la musique soit une question de goût, ok, mais n'importe quoi su n'importe quelle scène, nous a "sorti" bien des fois du rythme pourtant fou de Breaking News ! Donc, pour nous résumer Breaking News est passionnant, truffé de bonnes idées, de rythme et d'inventions (sinon de moments parfaitement maîtrisés), mais souffre aussi régulièrement de "fautes de gout" qui viennent un peu gâcher notre plaisir. Jouissif et tonique, à condition d'accepter ses rares, mais maladroites imperfections.

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