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Triche, fake et « faux-lovers »

Publié le 23 janvier 2013 par Cath_woman @Cath_woman

Triche, fake et « faux-lovers » dans les médias sociaux

Quand la révélation survient…

Trolls et stalkers sont des empêcheurs de tricher en rond ? Peut-être mais il y a surtout les gens qui font bien leur job : les observateurs du Web. On parle ici de ceux qui ont envie de partager des idées, proposer des dispositifs innovants sans vendre du vent, des conseilleurs qui parfois prennent le risque de payer cher leur audace, des pros passionnés de marques. Ceux-là sont attentifs à l’éco-système, ne font pas de grandes tirades sur ce que devrait être la cover facebook ou le jeu-concours du siècle, ils « benchmarkent », veillent, bûchent, certains jouent même avec des lignes de codes. Disruptif pour eux n’est pas un mot de hipster c’est une manière de vivre et de penser le web. Alors quand ils l’observent mal traité, ils le disent, mieux ils argumentent !

Petit manuel du bien-être sur les médias sociaux

Les social media guidelines… Important ! Fondamental ! Trop souvent oubliées ! Trop souvent mal rédigées ! Fais pas ci, fais pas ça ! Et si on se posait quelques questions ? Si au lieu d’interdire, on cherchait à se rendre responsables, à comprendre le sens et l’impact de chaque action ? Parce que finalement rien est jamais mieux accepté que lorsque c’est admis, compris. Hier j’aurais pu réciter une liste à la Prévert des bonnes pratiques sur chacune des plateformes que nous investissons au quotidien. La grammaire de Twitter, l’image qui cartonne sur Instagram, le nombre de ligne pour un statut Facebook idéal et j’en passe… Oui nous pouvons toujours discuter de ça. Mais j’aime prendre un peu de distance et reconsidérer la question au-delà des outils.

Alors permettez-moi une petite anecdote que j’aime à partager :

Formatrice dans une école de journalisme pour la certification en community management, je me retrouve un jour à parler de Foursquare. Comme à l’accoutumée, la plateforme n’emporte pas la passion de mes élèves. « Trop intrusif » diront certains. Je comprends le caractère intrusif d’une géolocalisation passive mais assez mal cette représentation pour une géolocalisation active. Le choix, la volonté font toute la différence. Plusieurs jours durant, je reposais la question : « alors la géolocalisation, ça ne vous plait toujours pas ? », toujours la même réponse « non et franchement je ne veux pas de compte Foursquare ! ». Imperturbable devant tant de résistance, je leur signifiais tout de même que le matin même ils avaient tous fait un acte de géolocalisation active les concernant mais aussi passive me concernant ! Silence contrit. « Mais nous n’avons pas de compte Foursquare ! » C’était en effet le cas. Alors avec toute la perfidie de la formatrice qui cherche à titiller le cerveau aiguisé de ses élèves, je les laissais mariner un peu et trouver la solution. Et là… « on a tous mis un tweet disant que nous sommes au CFPJ avec toi ! » BINGO ! (Fierté de la formatrice oui oui je suis souvent très fière des élèves !).

Emportés dans la logique de l’outil, ils en avaient oublié le sens de leur action, pourtant là réside l’essentiel ! Le fait d’être sur Twitter, une plateforme qui n’est pas dédiée à la géolocalisation leur avait fait oublié que le contenu de leur tweet revenait pourtant à cela ! C’était le premier point, le second, il réalisait ce qu’ils critiquaient le plus : une intrusion dans la vie de l’autre, un acte de maitrise sur l’autre a priori non consenti.

Droit à l’erreur et prise de risque

Sans tambour, ni trompette, se tromper et le reconnaître n’est pas dramatique. L’échec est mal vécu mais ne doit pas empêcher de poursuivre. Comme dit l’adage « faute avouée est à moitié pardonnée ».  Sur le territoire numérique, grande place est laissée à l’expérimentation, c’est ce qui en fait aussi un terrain de jeu formidable que nous chérissons.  Alors personne privée ou marque, peu importe le droit à l’erreur doit exister et il ne sera que plus facile à exercer que chacun explore en toute humilité.

Bien sûr, vous avez aussi totalement le droit de recourir à l’achat de followers, de fans, fakes, bots, aucune loi ne l’interdit ! Mais il faudra alors être capable de l’assumer si un observateur relevait un jour un niveau d’activité anormal et le partageait avec les membres de ses communautés.

Le sens critique en action

S’interroger sans cesse sur ce que l’on fait, le sens de ses actions, les limites, la bonne distance, expérimenter en calculant les risques pour son identité, sa réputation…

Permettez-moi une autre anecdote :

Depuis quelques mois, probablement victime de son succès, nos voyons fleurir sur Twitter des comptes robots, fakes, certains de mes collègues et néanmoins amis ont vu leur nombre de followers augmenter de manière exponentielle en une nuit parfois. Pierre Ristic, consultant projets numériques et IT aka @Memoristic sur Twitter fut, en octobre dernier, une victime mécontente d’un mass follow non désiré ! 25000 followers gagnés, des « faux-lovers puants » comme il dit !. Il a tweeté son étonnement et sa colère car il a regardé et constaté que la qualité n’était pas là. Il a fait appel à d’autres sur Twitter pour comprendre, difficile de trouver des  responsables. Sa colère n’avait d’égale que son envie de ne pas être taxé de fraudeur, de tricheur. Il a agi vite et bien, il a fait le ménage, à la main pour une grande partie. 3 jours pour faire le tri mais il est revenu à la normale et stabilisé depuis. Quand on lui demande ce qui peut expliquer ce mouvement anormal sur un compte comme le sien : « Casser du klout concurrent ou des tests réalisés par des développeur de « fakes follows farms » ». Les deux logiques sont en effet possibles. L’exigence de Pierre, si elle doit être saluée, n’est malheureusement pas la règle absolue, certains profitent de mouvements identiques et, bien que les raillant parfois, n’ont pour autant pas balayé leurs fakes à croire qu’un faux-lover peut avoir son utilité. Appât du nombre, effet vitrine du restaurant plein versus le vide… ou insuffisance du chiffre.

Que l’on soit personne physique, marque, agence, entreprise, plateforme, avoir un usage responsable des médias sociaux, ce n’est pas se torturer l’esprit de manière névrotique voire psychotique pour atteindre une hypothétique perfection c’est avant tout assumer ce que l’on dit, ce que l’on fait ou laisse faire.

L’éthique sur les médias sociaux a un prix, souvent celui du temps passé à travailler ses points de contact avec les communautés, parfois celui du moins paraître.


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