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Main dans la main : rien ne se perd, rien ne se gagne, tout se transforme

Publié le 28 novembre 2012 par Aurelieb @aureliebacheley

 

Main dans la main : rien ne se perd, rien ne se gagne, tout se transforme

Récompensé au festival de Rome, Main dans la main est le troisième long-métrage de Valérie Donzelli. Hélène et Joachim vivent une histoire peu commune résumée en ces termes par la réalisatrice de La guerre est déclarée : « Une fusion qui permet de ‘défusionner’ les deux personnages de celle qu’il vivaient avec leur relation initiale ». Autrement dit, comment une rencontre improbable et surnaturelle (les deux personnages sont tenus par une force qui les empêche de se séparer) va progressivement briser les relations passionnelles qui unissent un frère à sa sœur et une femme à sa meilleure amie.

Deux boiteux amoureux

Quand Hélène Marchal (Valérie Lemercier), bourgeoise parisienne, rencontre Joachim (Jérémie Elkaïm), miroitier dans un petit village de la Meuse, c’est malgré eux qu’ils vont devoir apprendre à grandir en étant la béquille de l’un et de l’autre, et affronter leurs peurs feintes. « Hélène, de par sa position sociale, est dans un chemin de confort qui l’emprisonne. Quant à Joachim, il vit chez sa sœur, ne parvient pas à s’émanciper, à quitter le nid. Au moment où les deux se rencontrent, ils sont contraints d’affronter leurs peurs » explique Jérémie Elkaïm. Dans la vie il faut « savoir perdre pour gagner » : mettre de côté une passion pour en découvrir une autre, sans renoncer à la première car c’est impossible, mais se bousculer soi-même pour vivre autre chose.

Mélancolie

Main dans la main est empreint de mélancolie, celle qui marque « le passage à l’âge adulte » selon la réalisatrice (thème abordé avec Broken de Rufus Norris, ici). « C’est ce moment où on perd des choses, et on en gagne aussi » explique Jérémie Elkaïm dont le personnage a une large part de féminité, de fragilité qui le rend si singulier. Aucune tension sexuelle ne transparaît entre les deux personnages. C’est l’harmonie des corps et des vies qui prime, la recherche de la bonne recette qui rendra le couple heureux, pour atteindre l’idée reçue que l’amour est « un état épanouissant » alors que « ce n’est pas forcément le cas ». Valérie Donzelli aime « l’idée de faire des gestes du quotidien une chorégraphie » pour fabriquer une situation harmonieuse mais il n’est pas simple de danser avec tout le monde. On le voit au travers du regard de Constance (Béatrice de Staël), qui observe un ménage à trois, un « trouple » comme elle l’appelle. Il représente son propre regard  sur la situation qu’elle vit avec Hélène et Jojo. Les déchirements entre les trois personnalités sont permanents, mais l’amour aussi, et ils ne parviennent ni à être heureux, ni à vivre séparés. Finalement « chacun est seul » déplore Constance.   Le côté « naturaliste« , ce n’est pas le « truc » de Valérie Donzelli explique Jérémie Elkaïm. « Il y a d’autres chemins, d’autres vérités », des parcours atypiques, des rencontres inattendues qui existent, et « de plus en plus quand on grandit » selon Valérie Donzelli. Cette mélancolie est joliment appuyée par des images filmées en super 8, technique à laquelle elle est « totalement accro » (là encore, on retrouve le côté pop de Broken).

La réalisatrice, Valérie Donzelli

Elle a pensé au scénario de Main dans la main pendant le montage de La guerre est déclarée. « J’avais envie de quelque chose de plus léger » explique-t-elle. Un regard décalé, caricatural, étonnant. Jérémie Elkaïm et Valérie Donzelli connaissent bien Valérie Lemercier, et comme l’explique Jérémie, la réalisatrice aime « faire un film comme elle fait la cuisine : avec ce qu’elle a sous la main ». Il poursuit : « Elle m’avait d’un côté, Valérie Lemercier de l’autre, elle trouvait qu’on allait bien ensemble du point de vue graphique : elle en a fait un film ! ».  A découvrir le 19 décembre, une recette étrange mais plutôt goûteuse,  une de ces expérience cinématographique dont on se souvient, même si Main dans la main n’est pas explosif en bouche.



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