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[Critique] DJANGO UNCHAINED de Quentin Tarantino

Par Celine_diane
[Critique] DJANGO UNCHAINED de Quentin Tarantino
Le revenge movie demeure encore l’un des plus grands fantasmes de cinéma. Ces dernières années, le trublion Tarantino en a même fait sa marque de fabrique. Des geysers de Kill Bill perpétués par une Black Mamba énervée aux juifs d’Inglorious Basterds en passant par les féministes survoltées de Boulevard de la mort, le cinéaste revisite l’Histoire, redonne la parole et les armes aux bafoué(e)s d’hier et d’aujourd’hui, accouche de diverses relectures de genres, du carnage japonais aux films de meufs, de guerre, de gangsters. Dans Django Unchained, dont l’action se situe peu avant la Guerre de Sécession, c’est un esclave (Jamie Foxx) qui prend sa revanche sur d’affreux négriers et collabos esclavagistes du Sud des Etats-Unis (Léonardo DiCaprio, Samuel L. Jackson) : l’occasion parfaite pour Tarantino de jouer sur ses tableaux préférés : esthétisation parodique de la violence, détournement des codes d’un genre (ici, le western spaghetti), délire visuel et scénaristique général. Django Unchained, sorte d’écho Black Exploitation du récent Inglorious Basterds (avec le génial Christoph Waltz en point d’ancrage), c’est finalement 2h45 de pur Tarantino, dans ce qu’il a de meilleur (sens du spectacle et du cadre), mais aussi dans ce qu’il a de pire (maigreur du scénario, forme qui prime sur le fond). S’il mixe les styles et les audaces- dans un déluge utopique aussi réjouissant qu’aspiré par son propre vacuum, le cinéaste n’ose jamais sortir de sa zone de confort : son cinéma tourne en rond, ressasse les mêmes fonds de commerce, et ce, dans une atmosphère d’auto satisfaction hystérico-redondante. Autrement dit, si la voix est toujours là, l’air est maintenant connu de tous depuis des siècles. Cela peut en lasser certains. 
Pour autant, le Monsieur ne perd pas le sens du tempo et du détail. Django Unchained est une œuvre décomplexée, jouant comme à l’accoutumée la carte populaire et de la sous-culture. On l’aime aussi pour cela Tarantino : son romantisme malade, noyé sous une violence déchaînée (avec un autre fantasme en filigrane cette fois : le héros qui sauve sa belle des mains des méchants), son amour pour l’opprimé, une colère masquée (envers sa patrie d’origine) sous un humour ravageur, de l’absurde au cynique. Pour autant, la machine ne cesse de dérailler : son final à grands renforts d’hémoglobine et de bons sentiments sur fond de rap US n’amuse pas (l’intention est trop voyante, le décalage tombe à plat), ses grands numéros d’acteurs en pleine auto dérision (notamment DiCaprio ici) possèdent un petit quelque chose de désagréablement criard. Ses plans ne sont plus que des tableaux sans âme et ses postures sont sur-étudiées, gigantesquement tape-à-l’œil, parsemées tout du long jusqu’à l’écœurement, jusqu’à l’auto destruction, jusqu’à ne plus rien signifier au-delà de l’instant. A la fin, le spectateur est certes contenté, mais jamais questionné, surpris, secoué. Peut-être est-il vraiment temps pour le cinéaste de proposer autre chose, quitte à (et surtout pour) se mettre en danger…
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