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Django Unchained (Quentin Tarantino, 2012)

Par Doorama
Django Unchained (Quentin Tarantino, 2012) Le Dr King Schultz achète un esclave noir, Django, pour identifier les hommes qu'il recherche... C'est un chasseur de prime habile, qui va vite voir le potentiel de Django dans cette discipline. Les deux hommes deviennent partenaires, amis mêmes, et se mettent d'accord pour accomplir le projet de Django : récupérer sa femme, esclave de Calvin Candie...
On connait par coeur le terrain sur lequel évolue Tarantino... Films de genre, hommages, références, dialogues ciselés, scènes d'anthologie, humour et décalages... Sur ces terrain-là, Tarantino est excellent, Django Unchained le démontre plus brillamment que jamais en proposant un spectacle d'une rare jubilation, en équilibre parfait entre un sens cinématographique démesuré, un humour ravageur et des acteurs simplement ébouriffants. Django Unchained frappe fort, avec de nombreux atouts...
 Avant toute chose, ce qui impressionne, c'est cette manière avec laquelle Tarantino communique son enthousiasme, son exaltation, et son plaisir au spectateur. Peut-être est-ce là sa plus grande qualité : multiplier des scènes qui "restent là". Comme peu de réalisateurs, il parvient à proposer une relecture presque sublimée de ces petits péchés mignons de cinéphiles. Il les transforme (les transcende ?) en véritable démonstration, presque tangible, palpable, de ce qu'est l'essence, le moteur du 7ème art. Sans jamais tenter d'imposer sa vision au spectateur, Tarantino semble faire des films pour son propre plaisir seulement, se foutant des attentes de l'industrie (même si... mais bon.), mais pensant avant tout au plaisir que peut procurer une scène bien pensée aux spectateurs. Tarantino à ce talent, cette culture aussi, pour revisiter des scènes et des codes usés, et leur insuffler un souffle neuf. Le résultat est immédiat : Tarantino propose des scènes idéales, il réécrit des prototypes, des petits instants de magie à l'impact systématique. On s'extasie, certes, mais quelle que soit la portée du cinéma de Tarantino, ils sont peu ces réalisateurs à être capable de tenir une telle cadence, alternance sans temps morts de qualité et d'intelligence, capable de générer autant de plaisir !
Spectacle parfait donc, proposant une éternelle histoire de vengeance presque basique (car les méchants paieront... en fait tout le monde paye !), des dialogues toujours aussi savoureux et des situations décalées à l'extrême, mais qui ne trébuchent jamais, Django Unchained sait faire oublier toutes ses faiblesses en laissant derrière sa vision cette envie de parler de telle ou telle scène, avec le sourire encore aux lèvres. Parfaitement jouissif, extrêmement drôle (plus qu'à l'habitude), traversé d'une énergie étonnante et surtout incroyablement ludique, Django Unchained séduit de bout en bout. On passera son usage Tarantiniesque de quelques choix musicaux plus contestables qu'à l'accoutumée, puisqu'ils sont largement compensés par deux ou trois utilisations puissantes et tellement parfaites... (la tuerie Hip-Hop, on y croyait pas, pourtant ça fonctionne comme du Wagner !). On passera les longueurs (certaines) de ses 2h45, puisque Tarantino est l'un de ceux qui sait faire durer certaines scènes pour atteindre le point G du spectateur. On se souvient de la scène d'ouverture de Inglorious Basterds dans cette petite ferme française, Django reproduit régulièrement ces plaisirs.
Django n'est certainement pas le meilleur film de son réalisateur, mais c'est peut-être celui qui procure le plus de jouissance au spectateur. On découvre un Tarantino un tantinet assagi, comme envahi par une forme de sagesse (cinématographique, bien sûr), mais avec une parfaite maîtrise de l'impact de ses scènes. Fun au possible, sympathique et parfois réellement impressionnant quant à sa réalisation (le souvenir de Django de sa femme fouettée à la plantation, et de leur fuite est tout simplement une scène parfaite, petite leçon de cinéma...). A la rédaction, nous attendions notre nouveau Tarantino, par ce que même s'il peut parfaitement exaspérer certain, il est aussi difficile de ne pas se sentir en phase avec son cinéma nourri et inspiré de tant de courants... Nous attendions donc un "bon Tarantino", standard, typé, qui nous aurait permis de vous dire qu'on a vu "le dernier Tarantino (...) très chouette, (...) mais Tarantino fait encore du Tarantino !"... Mais nous ne pouvons plus vous dire ça ! Django Unchained a bien surpassé ce stade, en proposant un film d'une rare truculence,  incroyablement drôle et généreux, si savamment élaboré.
Et puis, il faut aussi vous dire que le génial Christoph Waltz y est encore meilleur que jamais, lui aussi truculent, savoureux, et qu'il incarne son personnage formidablement. Balancez à côté un Di Caprio décidément toujours aussi impressionnant lui aussi, et vous obtenez un Django Unchained qui n'est certainement pas un chef d'oeuvre de cinéma dans l'absolu, mais est en revanche un monument de plaisir cinématographique pur.  "Comme des gamins"... Nous étions comme des enfants qu'on emmène au cirque pour la première fois... Quentin nous a offert des moments de simple et pure jubilation qui ont littéralement balayé toutes réserves quand à son style quelquefois "envahissant" et too much. Il a joué en expert avec notre point G, avec un G comme Django ! Même si, à force d'un certain dilettantisme, certes jusqu'ici toujours couronné de réussite, Tarantino se rapproche dangereusement de l'échec et de la chute (c'est presque inévitable...), son Django Unchained s'impose une fois de plus comme un parfait exercice d'équilibriste toujours à la limite, sans jamais dépasser la ligne. Du grand art Tarantinien, trop long, oui peut-être, mais trop bon !
Django Unchained (Quentin Tarantino, 2012)

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