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La leçon de Lance

Publié le 30 janvier 2013 par Cathcerisey @cathcerisey

L.A

Ma récente lecture d’un post d’une blogueuse américaine m’a fait réagir. Sur ce super blog qui regorge d’humour à commencer par son nom : Breast cancer, but Doctor I hate pink ! (Un cancer du sein? Mais docteur je déteste le rose!), la jeune femme nous interpelle sur la positive attitude prônée par certains, qui serait nécessaire voire suffisante pour vaincre le cancer.

En phase terminale d’un cancer du sein, elle revient sur le cas Lance Armstrong, qui, indépendamment des scandales de dopage, est connu pour avoir survécu à un cancer des testicules métastasé au cerveau.  Le credo du champion est de crier haut et fort qu’il a  vaincu la maladie grâce à sa force mentale et son amour irrepressible de la vie. Il écrit par exemple : « Je suis la preuve vivante que le cancer n’est pas une condamnation à mort« .

Ce survivant du cancer veut nous donner une leçon de vie et, encensé par un public avide d’histoires qui se finissent bien, tente de nous prouver que finalement, « si on veut on peut ».

Or comme je le dis plus haut, notre blogueuse américaine souffre d’un cancer du sein devenu incurable, et ses proches sont donc confrontés à un sacré problème  : comment parler à une personne malade, peut être proche de la fin, lui redonner la pêche, lui insuffler de l’espoir? Et bien entendu, la solution est toute trouvée : comparer son histoire à celle miraculeuse de notre star du cancer ! “Si Lance l’a fait, tu peux aussi » !

Mais peut -on comparer un cancer des testicules dont le taux de guérison frôle les 100% à un cancer du sein en phase terminale, s’interroge notre blogueuse? Peut-on comparer 4 mois de soins, il est vrai intensifs et ravageurs à des années de combat? L’amalgame est si facile ! Nous le savons, chaque cancer est différent, chaque personne est différente et chaque histoire l’est aussi.

Entendons nous bien. Pas question de minimiser la souffrance du champion et pas question non plus de culpabiliser l’entourage qui est bien démuni face à une personne qui lutte contre un cancer quel qu’il soit.

Cependant, si l’espoir fait vivre, le désespoir fait-il mourir pour autant? Je l’ai déjà dit maintes fois ici, aucune preuve scientifique ne vient étayer la thèse de ce lieu commun.

Nous avons tous l’envie de nous en sortir. Malheureusement, certains perdent la bataille. Aimaient-ils moins la vie ? Les survivants sont – ils tous d’invétérés optimistes? Bien sur que non … il est résolument impossible d’être positif H24 quand on doit se soumettre à des traitements lourds et à des contrôles  angoissants.

Enfin, tout ceci pose question. Faire de l’argent en vendant des livres sur le sujet, apparaitre en vainqueur dans des shows télé à grande écoute, faire de ses victoires sportives des petits miracles (sic), sont-elles des attitudes raisonnables ? Ne doit-on pas, en tant que personnage ultra médiatique se faire un devoir de donner une information juste à ces millions de gens émerveillés par l’exploit? Les stars n’ont-elles pas une certaine responsabilité vis à vis de leur public ?

Dire que le cancer est un fléau, que le parcours est long difficile et que beaucoup ne s’en sortent pas. Dire qu’il faut soutenir, aider, entourer les malades, donner à la recherche pour prendre le cancer de vitesse. Dire que le cancer tue encore, parler de l’après cancer, des difficultés, des inégalités… Se servir de ce magnifique pouvoir médiatique pour faire passer des messages.

Bien sur Lance Armstrong a crée une fondation qui aide probablement beaucoup et récolte des fonds importants pour les malades. Mes ses propos les culpabilisent et contribuent à donner une fausse image de la réalité.

J’irais même plus loin : parler vrai est un devoir quand on est star et survivant. Parce que nous, malades, n’avons pas la chance de pouvoir nous exprimer dans les médias et que cette tribune offerte sur un plateau d’argent pourrait contribuer à changer les mentalités qui en ont bien besoin. Changer ces croyances qui oscillent entre nous considérer comme des morts en sursis ou, à l’inverse, minimiser une maladie  “qui se guérit maintenant si bien”.


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