Article paru aujourd’hui dans l’Echo dans le cadre des manifestations organisées ce week-end à Limoges (16 h 45 place de la Motte) et demain à Paris.
En attendant, en lieu et place de débat c’est d’injures, de clichés et de caricatures, le tout ponctué de manifestations parfois violentes. Les opposants – nommons-les, la droite conservatrice, l’extrême droite, avec le soutien de toutes les autorités religieuses – sont peu avares en clichés éculés. Ce projet de loi aura défoulé les passions homophobes, rétrogrades, réactionnaires, humiliantes. Ceux qui le combattent sont des opposants de toujours aux progrès de la société. Ils se sont opposés au droit à l’avortement, à la légalisation de la contraception, à la reconnaissance des enfants adultérins, à la suppression du divorce pour faute, à la dépénalisation des relations homosexuelles et au Pacs.
Il est temps de multiplier les efforts pour faire de ce débat un débat démocratique digne, pour une égale dignité entre les couples alors qu’un tel projet est déjà mis en œuvre dans d’autres pays d’Europe et du monde. Lesbiennes, homosexuels, bisexuels et trans sont des personnes comme les autres, de mêmes que les enfants élevés par des couples de même sexe.
Le projet de loi va à l’évidence dans le bon sens. Il est toutefois incomplet sur plusieurs points.
C’est le cas avec la PMA (procréation médicalement assistée) pour les couples de femmes, absente du projet de loi gouvernemental. Au nom de quoi l’épouse d’une femme ne pourrait recourir à la PMA comme l’épouse d’un homme alors que chacun des deux couples en a besoin, le souhaite, l’a décidé dans le respect des principes éthiques ? Persister dans ce refus serait une nouvelle fois doublement discriminant pour les femmes. François Hollande semblait avoir enterré cet engagement. Il s’en remettrait désormais à la sagesse du Parlement ou des députés socialistes, communistes et verts avaient annoncé vouloir déposer des amendements dans ce sens.
Dès son intitulé, le Projet devrait de surcroît disposer « l’ouverture du mariage à tous les couples sans distinction de genre ». Ce serait un signe fort pour toutes les personnes Trans dont on sait la douleur, les lourdeurs, l’arbitraire qui marquent leur courageux parcours et dont on dit qu’elles doivent encore attendre pour une réelle amélioration de leur condition. De plus, alors que certains élus municipaux s’apprêtent à refuser demain le mariage à des couples de même sexe, nous savons bien que la discrimination sera comme toujours accrue pour celles et ceux qui ont réussi à affirmer leur genre au lieu de celui que l’état-civil de leur naissance leur avait imposé.
Le projet n’aborde pas les questions liées à la filiation. Or, il faut absolument y répondre, compte tenu de l’évolution de la famille et, plus particulièrement, du développement des familles dites recomposées, comportant de fait plusieurs parents, parfois de même sexe. Quels droits pour les parents biologiques et les différents et successifs parents sociaux dans tous ces cas ? Comment répondre à cet égard à l’intérêt supérieur de l’enfant, c’est à dire aussi pour que rien n’entrave la construction de son équilibre affectif ?
Le projet n’aborde pas non plus la question de la formation. Bien des choses peuvent être un frein à l’exercice par les couples de même sexe de leurs droits et devoirs de parents. Face aux discriminations fondées sur le sexe, le genre et l’orientation sexuelle, il faut créer les conditions pour que – à l’école et partout – les différents personnels ayant à voir avec l’enfant et ses parents de même sexe, soient sensibilisés à ces questions et informés sur l’égalité des droits pour toutes les familles. De même, une approche spécifique devrait bénéficier aux élèves et, plus généralement, à la jeunesse dans les médias qui lui sont destinés.
On ne pourrait se satisfaire entièrement d’une loi s’arrêtant au milieu du gué.
Pazmany – Erkki K.
Tags: adoption, manifestation, mariage pour tous, PMA
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