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Existe-t-il un miracle canadien ?

Publié le 10 décembre 2012 par Vindex @BloggActualite

Existe-t-il un miracle canadien ?-Reconstitution du drapeau canadien avec des feuilles d'érable rouge, l'emblème du pays-
J’ai en ce moment une petite pensée pour mon grand frère parti au Canada pendant un an. C’est une expérience semble t-il de plus en plus courante chez les français, d’après ce que j’ai pu voir dans un reportage sur le Journal de 20 heures de France 2 l’autre jour. Un phénomène qui s’amplifie donc. La France étant en difficulté économique et voyant son taux de chômage augmenter, on peut comprendre l’envie des jeunes de partir ailleurs, de vivre une expérience. C’est à la fois une opportunité de trouver un travail, de se confronter à une autre langue, de découvrir une autre culture, voir une autre civilisation, bref, un réel plus pour le curriculum vitae. Le Canada semble être un des grands réceptacles de l’immigration des jeunes français et françaises en recherche d’emploi, notamment le Québec. A priori, il semble évident que la francophonie joue un rôle dans le fait que beaucoup de français s’y rendent. Mais le Canada est apparemment aussi, dans un certain imaginaire, une représentation de plus en plus commune, un pays attractif économiquement, où les opportunités seraient nombreuses du fait d’une économie qui serait plus libre qu’en France.Nous allons tenter, dans cet article, d’expliquer pourquoi la jeunesse française semble attirée par le Québec et le Canada, rappelant les migrations qui eurent lieu dans le même sens il y a quelques siècles vers la Nouvelle-France. Essayons de démêler le vrai du faux et de trouver les causes de ce fait, de chaque côté de l’Atlantique, aussi bien en France qu’au Canada. Le Canada n’est-il qu’une illusion de prospérité, où est-ce une réussite bien réelle dont la réputation est fondée ?
Les français au Canada : une communauté importante
Tout d’abord, nous pouvons constater l’importance de la communauté des français au Canada. En effet, le nombre d’immigrés français de l’autre côté de l’Atlantique est toujours plus grand depuis ces dernières années, en particulier les années 2000. On peut le remarquer notamment en annonçant un simple chiffre : en 2011, 7 000 français ont obtenu un visa "vacances-travail" d'un an pour immigrer vers le Canada. C’est un chiffre important qui montre que les français correspondent au profit recherché par le Canada pour son immigration légale. En effet, par des salons organisés en France, le Canada et ses différentes provinces cherchent à attirer des français. Ainsi se tenait le salon Destination Canada à Paris, mi novembre. Les recruteurs Canadiens apprécieraient le savoir-être des français et leur savoir-faire dans certains domaines en particulier : informatique, hôtellerie, restauration, construction. Cela donne l’impression agréable aux français de se sentir jugés selon leurs capacités et non selon un copinage de plus en plus dénoncé mais important en France. Lors de ces présentations se concrétisent sans doute beaucoup de projets d’immigration vers le Canada, où habitent ainsi environ 150 000 français (2008).
Ces français s’installent en réalité majoritairement dans une province canadienne en particulier : le Québec, dont les deux principales villes sont Montréal et Québec. Ils y vont plus qu’ailleurs pour une raison évidente : la langue, puisque tout le monde sait évidemment que la langue parlée au Québec est le français, tout du moins le français Québécois, qui est une variante de notre langue, accompagnée d’un accent particulier et d’expressions particulières. Cette commodité linguistique est une aubaine pour des français qui sont peu réputés pour leur maîtrise de la langue de Shakespeare, l’Anglais, qui est la langue officielle et la plus parlée dans le reste de la fédération. Cet engouement des français pour la « Belle-Province » est visible encore une fois grâce aux chiffres : il semble que presque 75 pour cent des immigrés français s’installant au Canada vont au Québec. Aussi, 55 pour cent des français étant arrivés en tant que résidant permanent au Québec y restent, les 45 autres pour cent partant ailleurs au Canada. Ces 45 pour cent sont intéressants et dénotent probablement d’une certaine expérience que les français se constituent non seulement au Québec mais au Canada. Il est tout à fait possible que les immigrants français aient plutôt une envie de migrer vers le Canada avant tout, malgré le fait qu’ils s’installent majoritairement au Québec par commodité comme nous l’avons dit plus haut. Le Québec serait ainsi une province qui permettrait à beaucoup d’immigrants français de s’installer plus facilement, une sorte d’étape dans un parcours plus global dans tous le Canada, voir dans toute l’Amérique du Nord. Peut-être aussi que les autres provinces apparaissent comme plus attractives une fois arrivée au Québec.
Enfin, concernant la francophonie, il est aussi intéressant de constater que beaucoup d’autres personnes non françaises mais francophones émigrent en nombre aussi au Québec. Ainsi, belges, algériens et marocains seraient aussi un certain nombre, non négligeable, à partir tenter « l’aventure québécoise ».
Ainsi, nous avons vu que l’immigration française vers le Canada et en particulier vers le Québec était un phénomène de plus en plus important. Celui-ci mérite que l’on s’intéresse à ses causes possibles.
Pourquoi le Canada attire t-il autant ?
Existe-t-il un miracle canadien ?-Skyline de Toronto, capitale économique du Canada, avec sa bourse, troisième bourse du continent-
Pour beaucoup d’immigrants français, partir est un moyen de se lancer dans la vie active, de trouver un emploi. Le Canada est vu comme un pays où l’économie est moins dans le marasme qu’en France, un pays où il serait plus facile de trouver un emploi.
L’économie Canadienne semble être plus libérale qu’en France. Elle semble pourtant avoir été peu touchée par la crise des subprimes de 2008. Le Canada est le dernier pays occidental a avoir été touché par cette crise et le premier de ces mêmes Etats à en être sorti, avec des taux de croissances à faire envier bon nombre de nos dirigeants : 5 pour cent de croissance au troisième trimestre 2009. De même, pendant la crise des subprimes, le déficit public n’a pas dépassé les 3 pour cent du PIB alors qu’il a atteint 8 pour cent en France. Il faut dire que la discipline budgétaire est stricte au Canada depuis les difficultés financières qu’a connu le pays en 1995-97. C’est cette discipline budgétaire chronique qui a permis de débloquer plus facilement 55 milliards de dollars Canadiens pour calmer la crise. Le chômage a également moins augmenté par la crise, n’augmentant que de 1,8 point de pourcentage contre par exemple 6 points aux Etats-Unis. De même le système bancaire Canadien, mieux régulé, fut moins touché par la crise financière : l’économie en générale fut donc moins touchée. Etant un pays exportateur, le Canada a continué d’exporter pendant la crise de 2008, notamment aux pays émergents comme l’Inde et la Chine. Les indicateurs économiques du Canada sont pourtant revenus à un niveau moins euphorique dernièrement : 2,4 pour cent de croissance (2011), 7,2 pour cent de chômage (2012), 1,6 pour cent d’inflation et 10,8 pour cent de pauvreté (2005). La dette publique est moins importante qu’en France ou aux Etats-Unis, avec environ 35 pour cent du PIB. De même, il faut dire que le dynamisme n’est pas uniforme, certaines provinces (Alberta, Ontario, Saskatchewan) étant plus dynamiques que d’autres. 
Plus libérale, l’économie canadienne semble plus souple et riche en opportunité. C’est du moins ce que perçoivent ceux qui y tentent leur chance. Le code du travail canadien accorde moins de droit semble t-il et permet de licencier, et donc d’embaucher plus facilement. Les charges sociales pesant sur les entreprises sont moins importantes, les prélèvements obligatoires moins élevés (33,4 pour cent du PIB en 2005, contre plus de 40 pour cent en France à la même date). Créer une entreprise serait plus rapide. De même, le modèle canadien est perçu comme moins « sauvage » que celui de son voisin car il accorderait plus de protection sociale. Pas sûr car même s’il n’y a pas d’obligation légale de congés payés aux Etats-Unis, le plus souvent, il y a 2 semaines accordées, tout comme au Canada. C’est bien moins, évidement, que nos 5 semaines de congés payés. Il faut aussi dire que si le Canada a un économie performante, c’est grâce à des ressources naturelles importantes en eau, en gaz, en pétroles non conventionnels et en bois, en certains minerais… Le pays  peut alors les exporter en nombre, ce qui lui procure des devises, d’autant plus que ces dernières années, le cours des matières premières augmente. Rappelons aussi que l'économie Canadienne est ouverte, notamment depuis la conclusion des Accords de Libre Echange Nord Americain (ALENA), avec les Etats-Unis et le Mexique. Ces accords sont entrés en vigueurs en 1995. 
Bien sûr, le Canada n’attire pas uniquement pour des raisons économiques. Nous l’avons déjà dit, le fait que le français y soit parlé au Québec n’est pas étranger à cet attrait. Mais au-delà de cela, le Canada est synonyme de vastitude, de grands espaces, de paysages grandioses. Les français en oublient d’ailleurs la rigueur hivernale, qui est difficile à imaginer tant qu’elle n’est pas réellement vécue. Ce pays attire aussi sans doute pour sa réputation de sympathie : il semble que le pays soit chaleureux humainement et accueille bien ses hôtes.
Le Canada serait donc quasi paradisiaque. Mais il faut nuancer cette représentation et revenir à la raison et au sens de la mesure.
Un autre Canada ?

D’abord, il faut rappeler que la majorité des français qui vont au Canada s’installent d’abord au Québec. La situation de cette province peut quelque peu nuancer le portrait. En effet, parfois surnommée le « Nouvelle El Dorado », elle est pourtant moins dynamique que l’Ontario ou l’Alberta, plus touchée par le chômage (8 pour cent) et la pauvreté. Aussi, elle est plus taxée que les autres, même si elle offre toutefois plus de garanties sociales. Serait-ce parce qu’on y parle français que le système économique et social serait le plus proche du modèle français parmi les provinces canadiennes ? De même, concernant l’accueil et l’emploi, la situation québécoise serait plus nuancée. En effet, s’ils sont sans doute très chaleureux, les québécois ont toutefois des attitudes plus discriminatoires que le reste du Canada concernant l’embauche des immigrés. Les immigrés auraient plus de mal à trouver un emploi car le Québec ne reconnaît pas les diplômes étrangers non occidentaux. Les discriminations touchent néanmoins surtout les non occidentaux, donc pas les français. Cette discrimination existerait même si l’immigré a un diplôme canadien. Le recrutement serait finalement très lié à un « bouche à oreille » or les immigrés sont moins intégrés aux réseaux que les canadiens. Cela s’ajoute à une difficulté, celle d’immigrer tout simplement. Même si les canadiens accueillent beaucoup d’immigrés par rapport à leur population, il est relativement difficile d’immigrer au Canada. Les critères sont sélectifs : il faut maîtriser l’anglais et/ou le français selon les provinces et chercher du travail dans les domaines et secteurs où il manque de main-d’œuvre. Le système fédéral semble accentuer la difficulté, puisqu’un immigré doit être accepté par la capitale fédérale, Ottawa, et la capitale provinciale, à savoir Québec dans le cas de la Belle-Province. Pour acquérir ensuite la nationalité canadienne, 3 à 5 ans sont nécessaires au minimum.  Un français qui émigre ne doit jamais oublier non plus que le Québec, si francophone soit-il, n’est pas français. Les québécois sont accueillants mais défendent leur identité et n’apprécient pas vraiment certains comportements français qui peuvent parfois être désobligeants…
Gardons nous toutefois de peindre un tableau noir du Québec, comme certains le font. Si cette province n’est pas un paradis sur terre, nulle ne l’est tout d’abord. Chaque pays, Etat, a ses problèmes plus ou moins graves et une expérience à l’étranger a toujours de bons côtés : la découverte d’une culture, de gens, l’échange, l’acquisition de capacités, le voyage. Les liens entre Canada et France, et plus particulièrement Québec et France, sont importants par cette immigration. Ainsi, nombre d’entreprises françaises embauchent des canadiens et vice-versa. Ces liens sont d’une certaine manière la prolongation d’une cordialité entre les deux territoires, qui provient d’une histoire commune, d’une langue commune. Souhaitons une pleine réussite à tous les français qui tentent leur chance chez nos amis Québécois. 
Sources
WikipediaWikipediaWikipediaLa Presse20 MinutesLe PointAgoravoxhttp://cecilegladel.wordpress.com/2010/03/13/petits-conseils-pour-francais-en-quete-dimmigration-vers-le-quebec/
http://www.fondsfmoq.com/publications/articles-publies/le-medecin-du-quebec/le-miracle-canadien/
Vincent Decombe

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