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»OH… ! »de Philippe Djian

Par Ngiroux

Oh dijanMichèle, jeune cinquantaine, divorcée, cofondatrice d’une maison de production. Sa mère, soixante-quinze ans, vogue vers un remariage avec un homme trop jeune. Son père, emprisonné à vie que l’on surnomme le« Monstre d’Aquitaine » pour avoir abattu soixante-dix enfants dans un camp de vacances. Un ex-mari, parfois son meilleur ami, excellent tragédien, son meilleur public leur fils unique. Et ce fils exigeant la paternité d’un enfant qui n’est pas le sien. Tortueusement, Michèle assouvit sa sexualité avec le mari de sa meilleure amie. Mais, une nuit, chez elle, elle est sauvagement attaquée, puis violée.
Elle reçoit un message –«Je t’ai trouvée très étroite, pour une femme de ton âge. Mais bon. » – je tombe à la renverse. J’en ai le souffle coupé. Je le relis deux ou trois fois, puis je réponds : « Qui êtes-vous ?» mais je n’obtiens pas de retour.
Je ne suis ni déchirée, ni meurtrie. Plus ou moins irritée mais ça devrait passer. Je ne pratique pas la sodomie à la moindre occasion, si bien que j’ai légèrement saigné, mais ce n’est pas grand-chose. C’est maigre. Je n’ai aucune image. Le teneur du message, cependant, le ton – l’ironie, le tutoiement – et la tournure méprisante employés me font penser qu’il s’agit d’une punition – forcément liée à mon travail ou aux diableries de mon père – que m’adresse quelqu’un qui me connaît.
Michèle développe des sentiments étranges, pour le moins insolites face à son violeur : Et pourtant cette menace attire, tient en éveil, électrise au plus profond de soi. En fait, là tapi dans l’ombre, qu’il surgisse, et que nous en venions aux mains, que je me mesure à lui, de toutes mes forces, à coup de pied, à coups de poing, à coups de dents, que j’empoigne ses cheveux, que je l’attache nu au bord de ma fenêtre. Seigneur, comment puis-je avoir de si effroyables pensées.
Mais « Oooooh…… » que Djian nous réserve des surprises.
Du Djian, direct, qui étonne, mystifie, sans fioritures, un suspense qui agrippe son lecteur dans un tourbillon abracadabrant, invraisemblable, encore du Djian pure laine. Un finaliste dans de nombreux prix littéraires.



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