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Collaboration mise en scène de Georges Werler

Publié le 08 février 2013 par Emidreamsup @Emidreamsup

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 Deux artistes au sommet de la gloire. Deux géants ! Richard Strauss (Michel Aumont) et Stéfan Zweig (Didier Sandre). Le premier, proche du régime nazi et se croyant tout puissant et intouchable, non concerné par la politique. Le second, craignant au contraire cette politique et la violence qu’elle allait sécréter. Ils s’admiraient. Ils créeront ensemble un opéra bouffe inspiré de Ben Johnson,« La Femme Silencieuse », immense succès arrêté dès la seconde représentation par le régime nazi, le nom d’un juif étant resté sur l’affiche malgré l’interdiction. Une fois encore la politique de la haine montrait son talent.

Ce mardi soir, j’ai eu la chance de découvrir sur la scène du théâtre de la Madeleine la pièce de Ronald Harwood, Collaboration, mise en scène par Georges Werler. Tournant depuis 2011, cette pièce avait attiré mon attention dès le début.

D’abord de par la période historique qu’elle explore. Pour ceux qui l’ignorent encore je suis fascinée par la Seconde Guerre Mondiale. Puis pour les protagonistes que la pièce met en avant. Si je m’intéresse depuis longtemps à Stefan Zweig, j’avais en tête que Richard Strauss était, à l’image de Wagner, l’un des compositeurs antisémite sous le régime d’Hitler.

Malgré la fatigue post-Festival de la BD d’Angoulême, j’étais bien heureuse de me retrouver dans cette salle.

Durant 2 heures, le mot Collaboration prend tout ses sens et bien plus encore.

Le premier met en avant le partenariat professionnel mais aussi l’amitié entre l’écrivain autrichien juif, Zweig (Didier Sandre) et le compositeur allemand, Strauss. Si les deux hommes n’ont a priori pas grand chose en commun en dehors de leur amour pour l’Art, les liens les unissant deviennent de plus en plus fort au fil des années. Je connaissais l’amitié unissant Zweig à Freud, mais celle-ci donne de nouvelles informations quant à la fragilité de l’écrivain et les raisons qui l’ont amené à se suicider avec sa femme en 1942 au Brésil.

Le second est celui plus tristement historique et lié à la Seconde Guerre Mondiale prennant tout son ampleur avec Strauss qui se voit contraint de jouer le jeu des nazis pour sauver la vie de ses petits enfants et de sa belle fille juive.

Mais au final, le mot Collaboration est parfaitement défini à travers les mots que Strauss (Michel Aumont) prononce lors de sa dernière scène où il doit justifier ses actes durant la Guerre.

Vous l’aurez compris, Collaboration n’est pas seulement le récit linéaire de la création de l’opéra « La Femme silencieuse » qui a réuni ces deux grands artistes. Cette pièce est aussi le récit d’une belle amitié qui a réussi tant bien que mal à survivre à l’oppression nazi.

Au delà du texte magnifique de Ronald Harwood, il faut souligner l’incroyable performance de deux grands acteurs français : Michel Aumont et Didier Sandre. Ils portent la pièce sur leurs épaules et nous offrent une performance toute en simplicité avec une montée en puissance au fil du récit, pour aboutir à un final à couper le souffle.

Une pièce qu’il faut voir et faire voir.

D’ailleurs je me suis demandée pourquoi il n’y avait pas plus de jeunes dans la salle. Je suis persuadée que ceux qui doivent étudier la Seconde Guerre Mondiale y gagneraient beaucoup.

Infos utiles : 

Au Théâtre de la Madeleine
Jusqu’au 5 mai 2013
Réservez votre place ici


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