Magazine Culture

Théâtre : les étudiants d’Aix-Marseille font cause Commune

Publié le 18 février 2013 par Thierry Gil @daubagnealalune
Dessin de Tardi

Dessin de Tardi

Que reste t-il de la Commune de 1871? Aucune commémoration. Rien dans les manuels scolaires. Le silence et l’amnésie plutôt que le souvenir de cette révolution du peuple de Paris qui débuta en mars 1871 et s’acheva 73 jours plus tard dans un bain de sang Les aspirations démocratiques et libertaires des communards furent cruellement réprimées (entre 20.000 et 30.000 morts) ainsi que par la déportation d’hommes et de femmes de toutes conditions et de toutes origines. Quelles traces a laissé cet évènement dans nos sociétés? Qu’en est-il aujourd’hui de la parole des peuples, du pouvoir des citoyens?

Pourquoi la Commune de 1871, cet épisode de notre Histoire au cours duquel le peuple de Paris tenta d’abolir le sacrifice des intérêts d’une majorité au profit d’une minorité privilégiée a t-il disparu des programmes scolaires ? La réponse se trouve dans la question elle-même. Le 11 juillet 1880, la loi portant amnistie générale des communards est adoptée. Si elle leur permet de sortir des prisons, de revenir de déportation ou d’exil, cette loi vise seulement à éteindre l’action publique (les poursuites pénales) et à effacer la peine prononcée, mais sans effacer les faits. Ce n’est en aucun cas une révision de la condamnation ; c’est un pardon légal qui vise au silence et à l’amnésie.

Alors que le 18 mars prochain est organisé un rassemblement pour célébrer le début de la Commune de 1871 par une manifestation à Paris de l’Assemblée nationale au Sénat et exiger que l’on donne à cet épisode de l’Histoire une place à la mesure de son importance, c’est sur la scène du Théâtre Antoine Vitez implanté à Aix-en-Provence sur le campus Schuman d’Aix-Marseille Université que les étudiants de théâtre ont décidé de réhabiliter la Commune et les communards. Cette création universitaire mise en scène par Mathieu Cipriani s’est fixée un double objectif : d’abord rendre hommage aux hommes et aux femmes qui furent victimes de la répression sanglante qui suivit ce « mouvement d’émancipation économique du travail » et interroger chacun d’entre nous sur le rôle de la Culture dans la compréhension et la transformation de la réalité.

Ni la culture ni l’instruction n’ont été une garantie pour préférer la démocratie au fascisme (Franck Lepage)

Pour son metteur en scène la Culture pourrait être un gage de démocratie si elle était accompagnée d’une éducation politique : « Je participe à l’idée que la formation artistique doit se placer sur le même pied d’égalité que la formation politique ». Cette articulation est selon lui sous-jacente au contexte de cette production théâtrale. Il s’interroge sur la capacité de ces jeunes gens en passe d’entrer dans le monde du travail à devenir les acteurs de leur propre histoire : « Les répétitions de ce spectacle seront employées à développer à travers le jeu théâtral, écrit-il, non seulement un esprit critique autour d’un personnage historique et son époque, mais aussi une pratique du pouvoir collectif proche de celui qui fut amorcé durant cette révolution ». Pour lui comme pour un certain nombre d’acteurs culturels en marge du système, la culture ne saurait être le fait du prince ni l’affaire de quelques experts mais le moyen par lequel, n’importe qui pourrait être en mesure de trouver les ressources nécessaires à la compréhension d’une réalité, afin de mieux la décrire et d’agir éventuellement pour la transformer.

Théâtre Antoine Vitez, les 26, 27, 28 février, 1er et 2 mars 2013. Mercredi, jeudi à 19h. Mardi, vendredi et samedi à 20h30. Réservations au 04 42 59 94 37.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Thierry Gil 4963 partages Voir son profil
Voir son blog