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Crise, économie de défense, et Livre Blanc

Publié le 18 février 2013 par Egea
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Colloque sympathique et intéressant, cet après-midi (je n'ai pas pu assister à la séance du matin, malheureusement). Avec des aperçus, et les propos de Louis Gautier sur le LB, qui sont forcément au cœur de l'actualité (cf. ce papier "les heures les plus sombres de la défense", qui vient de paraître dans la Tribune).

Crise, économie de défense, et Livre Blanc
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1/ Constatons tout d'abord le regain d'intérêt pour l'économie de défense. Un événement annonciateur avait été le colloque "Guerre et économique" que nous avions organisé à Participation et Progrès, il y a quelques mois de cela (les actes sont bientôt publiés, rassurez vous, bande d'impatients !). On lira d’ailleurs le numéro de ce mois sur l’économie de défense, publié par la toujours excellente et affûtée Revue de Défense Nationale (comment, vous n'êtes pas abonné ?).

2/ Mais ce regain d'intérêt, alors que les "defence economics" avaient connu une certaine heure de gloire il y a quinze ans (Ch. Schmit, J. Aben, N. Chaix, JP Hébert, création de l'OED ...) puis une certaine désaffection, se justifie à mon avis par deux éléments :

  • la fin du cycle opérationnel et de la "guerre contre le terrorisme", inauguré par le 11 septembre : nous sortons actuellement de ce cycle, au risque d'une déprime opérationnelle, pour reprendre une expression entendue cet après-midi
  • la flagrance de la crise économique qui apparaît comme un fait stratégique structurant, et annonciateur de bien des crises de demain.

3/ C'était d'ailleurs un des thèmes sous-jacents du colloque de ce jour. Alors qu'habituellement, historiquement, la guerre est source de crise économique, la question paraît plutôt être aujourd'hui : la crise n'est-elle pas source de guerre ?

4/ Sur ce thème, Franck Sammeth, chargé d’études économiques à l’OED (Observatoire économique de la Défense) a observé les mesures de la crise chez les 4 grands Européens (ALL, FR, IT, RU) puis leurs dépenses de défense. Alors que ALL et FR maintiennent à peu près le niveau tant du PIB que de la dépense (baisse de 8,24% de la dépense entre 2990 et 2012 en FR tout de même), il est frappant de constater que RU qui a une baisse du PIB maintient sa dépense de défense (malgré la SDSR) et que l'Italie fait le choix d'une baisse de 17,6% des dépenses de défense, surtout en matière d'équipement !

5/ Christophe-Alexandre Paillard, adjoint au DAS, compare l'Allemagne Wilhelminienne et la Chien contemporaine pour examiner s'il y a pareillement risque de "problème du dernier entrant" qui veut faire sa place. Enfin, Aude Fleurant, chargé d'étude à l'IRSEM, s'intéresse à la vision américaine de la crise : analyse cyclique, régulièrement portée sur le thème du déclin (après la 2GM, au retour du Vietnam, à la fin des années 1980 (le moment de Paul Kennedy) et aujourd'hui). Elle remarque qu'alors que les États-Unis ne lui paraissent plus en mesure de polariser l'ordre mondial, la France lui semble beaucoup plus capable de s'adapter au monde multi- (zéro-) polaire.

6/ Mais le clou de l'après-midi est constitué par la dernière table ronde. Jean Dufourcq et Robert Ranquet prennent un malin plaisir à expliquer que l'écriture de ce LB, quatre ans à peine après le précédent, est inutile, surtout pour justifier une LPM. Louis Gautier, membre de la commission LB, est obligé de répondre : il faut mettre un terme à l'arc de crise et se concentrer sur les voisinages européens, et puis la crise est venu remettre à plat les équations financières (on remarquera qu'elles sont énoncées dans la loi de programmation) et puis les révoltes arabes et puis... c'est à peu près tout. Dès lors, conserver la dissuasion, la capacité d'entrée en premier, la capacité de commandement, la projection de puissance (PA, SNA) et conserver la technologie. Tout, quoi ! Quant à l'Europe, chacun voit bien que quelque soit le cadre, UE ou OTAN, il y a une carence de volonté européenne. Finalement,il faut resserrer les priorités compte-tenu de la contrainte financière, surtout que ces priorités ne sont pas "épaulables" (sic) par les partenaires. Ah oui, le LB ? fin mars début avril....

7/ Derrière la faconde et l'aisance de l'orateur, l'auditoire sent bien que le LB est à la peine : alors que le monde est finalement plus volatile qu'il y a cinq ans, comment justifier une restriction budgétaire ? Le LB n'a-t-il finalement pour ambition que de justifier la future LPM ? Alors que les risques montent, à cause justement de la crise économique, celle-là même qui force à baisser la garde ? La contradiction est insurmontable. Elle explique les délais, bien plus que les "chocs géopolitiques hebdomadaires" que je prends un malin plaisir a recueillir.

O. Kempf


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