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Festival de Gérardmer

Par Interstella_fr

C’était la deuxième fois que je me rendais à ce festival de cinéma, dédié au « film fantastique ». Le concept du fantastique est assez large pour recouvrir pas mal de genres différents, contrairement aux apparences : films d’horreur, films gores, films de science-fiction, ou encore films de l’étrange. Cette multiplicité des définitions me convient bien, car on ne peut pas dire que je sois particulièrement friande du sentiment de peur au cinéma, surtout quand on entre dans des thématiques qui me terrorisent et m’angoissent particulièrement, avec, en premier lieu, les enfants fantômes, thème chéri du film d’horreur…

Je ne vais pas m’appesantir sur l’organisation et la sélection ; pour cela je vous laisse avec le bilan de mes confrères sur FilmdeCulte.
Voici un compte-rendu express des 15 films que j’y ai vus.


The_Complex

The Complex / Hideo Nakata (compétition)

Après Ring et Dark Water qui m’avaient terrifiée, autant dire que je suis rentrée légèrement crispée à cette séance. Le film est particulier, car commence sur une histoire de vieillard mort dans un appartement voisin, et dérive sur tout à fait autre chose (deuil, folie, souvenirs…)
Malheureusement je reste assez hermétique à la forme et au fond, dans lesquels rien ne m’accroche réellement durablement.

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House_of_Last_Things

House of Last Things / Michael Bartlett (compétition)

Est-il question d’enfants fantômes ici encore ? Oui et non. Ici on rentre dans un film de vraie mise en scène. Un couple en deuil quitte sa maison et la confie à une jeune femme, dont l’immature petit copain vient vite troubler le professionnalisme. Peu à peu, des éléments étranges apparaissent, y compris dans le comportement des protagonistes eux-même. Je trouve ce film vraiment atypique, pas forcément complètement réussi, mais ambitieux, jouant énormément sur la musique, sur le corps (souvent dénudé) de son acteur principal et sur quelques jolies résonances.

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La_Maison_au_bout_de_la_rue

La maison au bout de la rue / Mark Tonderai

Bon, alors celui-là, déjà sorti aux États-Unis (juste parce que Jennifer Lawrence a du succès), a une réputation affreuse. Mais comme j’aime bien la petite Jennifer, j’y suis quand même allée. C’est un film sans personnalité et sans génie, mais qui se regarde bien, et où J-Law est très agréable à suivre, avec un personnage plutôt attachant.

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The Bay / Barry Levinson (compétition)

Barry Levinson (Rain Man, Good Morning Vietnam et tant d’autres choses…) cherche ici à se renouveler, avec le concept du found footage (de fausses images « réelles », qui font croire qu’elles ont été filmées par de vraies gens). Ici, sur fond d’épidémie étrange : sur le papier, c’est pour moi. Néanmoins, comme souvent avec ce procédé, il y a aucune rigueur : fréquemment la caméra est une caméra « imaginaire », dont il est difficile de justifier une vraie existence dans la diégèse, surtout vers la fin du film. Je trouve aussi l’actrice « principale » (Kether Donohue) proprement exécrable, surtout dans ses scènes « Skype » où elle joue avec sa langue pour « faire naturel ». Dommage, j’aime bien les sales bestioles et quelques détails un peu salissants, j’aime aussi tout le jeu avec les technologies mobiles qui permettent, effectivement, de « documenter » nos vies quotidiennes. Mais j’aurais voulu aller plus loin dans l’angoisse et dans l’horreur.

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The Crack / Alfonso Acosta (compétition)

Il va m’être un peu difficile de parler de ce film, car alors je commençais un vilain rhume, j’ai cru bon de prendre un médicament le matin avant la séance… et, aidée par le rythme très lent du film, je me suis endormie et n’ai pas dû en voir plus de 5 minutes d’affilée.
Néanmoins à la sortie, en évoquant avec mes camarades ce que j’en avais compris, je n’ai pas raté grand-chose. Film conspué par le public du festival, justement parce que la notion de fantastique y est plus subtile que dans les autres films de la programmation, j’aimerais bien pouvoir le défendre, mais hélas je ne peux pas dire que je l’ai apprécié. Beaucoup d’ennui malgré tout.

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Forgotten

Forgotten / Alex Schmidt

Voici un petit film allemand tout à fait propret, avec son scénario solide, ses deux actrices au look hollywoodien, et ses frissons contrôlés. On peut du coup lui reprocher un manque de relief, mais tout se suit très bien. Pour ma part, j’ai été très accrochée par cette histoire de mauvaise blague de petite fille, de jeu qui tourne mal, et de vengeance.  Avec sa petite saveur de conte moderne, il ne manquerait à ce film qu’un peu de cachet, un peu de particularité, pour passer dans la catégorie supérieure.

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You’re next / Adam Wingard (compétition)

J’avais très peur de voir ce film à cause de ce que j’en savais : des personnages avec des masques d’animaux qui envahissent une maison. Mais en fait, rien de réellement angoissant dans la manière dont est utilisé ce concept. La seule originalité du film, c’est que le personnage fort est une fille. Ce qui est à la fois bien (ça fait du bien de voir un personnage féminin au premier plan dans ce registre) et assez rance (le fait qu’elle soit une fille est presque considéré comme quelque chose de fantastique…) Du coup, il y a beaucoup de scènes de mise à mort assez plaisantes, de stratagèmes divers et variés qui sont amusants. Mais enfin ça ne va jamais vraiment plus loin, même si c’est effectivement très divertissant.

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Henge
Henge / Hajime Ohata

Moyen-métrage japonais au budget apparemment modeste, on trouve ici une imagination de mise en scène vraiment vivace. Comment montrer un humain se transformer en monstre sans effets numériques ? En concentrant tout sur l’humain et la relation entre cet homme et son épouse. Malgré tout, le côté cheap du film se ressent un peu trop à mon goût et me bloque parfois dans l’adhésion, y compris jusque dans le jeu de l’acteur principal, légèrement outré, dirons-nous. De Hulk à Godzilla en lorgnant vers Hellboy, j’apprécie néanmoins beaucoup le fond du film, en particulier sa fin que je trouve magnifique.

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Mama

Mama / Andrés Muschetti (compétition)

Le film le plus glamour de la compétition, avec à l’affiche Jessica Chastain (Tree of Life…) et Nikolaj Coster-Waldau (Game Of Thrones), le tout produit par Guillermo del Toro, pour la caution « tiens tiens tiens ».  Et en effet, derrière cette machine très efficace (photo, casting, direction artistique, tout est très au niveau) se cache aussi un scénario qui a ses zones d’étrangeté, à commencer par ces deux fillettes élevées pendant 5 ans par une entité forestière. L’évolution de la grande, qui a gardé quelques souvenirs de sa « civilisation », est mise en rapport avec celle de sa petite sœur, imprégnée dès son jeune âge par « Mama », jusqu’au point de non-retour. Jessica Chastain est très bien dans un rôle assez fort, et là encore assez bien vu dans son évolution. Malgré une fin qui tire un peu en longueur, c’est un film qui ne prend pas beaucoup de risques mais qui réussit ses intentions.

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Vanishing Waves / Kristina Buozyte

Vanishing Waves est un très beau film de science-fiction lituanien, où il est question d’une équipe de scientifiques qui essaie de rentrer en connexion, en « branchant » l’un de leurs membres avec des électrodes, avec le cerveau d’une femme dans le coma. Intéressante approche qui met en valeur la rupture entre le discours scientifique qui traite des données, et la connexion entre les deux humains, forcément imprégnée d’émotions, de désirs, de souvenirs. C’est un film très sensible,  sensuel, onirique, et avec une petite surprise pour les Français en la personne de Brice Fournier, aka Kadoc dans Kaamelott, dans un second rôle très sérieux.

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Cloud Atlas / Lana Wachowski, Andy Wachowski & Tom Tykwer

Cloud Atlas était LE gros événement du festival de Gérardmer, puisqu’il s’agissait d’une avant-première d’un « gros film hollywoodien ». Néanmoins, ce film, déjà sorti aux États-Unis, en a déçu et décontenancé plus d’un, au point que ce projet des réalisateurs de la trilogie Matrix et de celui de Cours, Lola, Cours, me rendait certes curieuse, mais sans forcément m’emballer à 100%. Cette séance, en plein festival de films inégaux, a été une vraie déferlante. Je trouve la construction du film, son propos et ses résonances assez fabuleuses. J’espère pouvoir revenir sur ce film que j’ai adoré quand je le reverrai à sa sortie, en mars en France. En espérant ne pas avoir été aveuglée par la « vision en festival »…

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Berberian Sound Studio / Peter Strickland (compétition)

Encore un film dont le rythme lent et l’atmosphère lourde n’ont pas laissé d’occasion à mon état grippal et à ma fatigue de se faire oublier. J’ai dormi très vite et très fréquemment, mais là encore après vérification à la sortie, je n’ai pas raté tant de choses de l’intrigue. Il y a de bonnes idées dans ce film qui joue sur la frontière entre la fabrication d’un film, le film, les rêves, mais tout est très distendu… pour arriver finalement à un propos un peu mince. Quelques images de technique cinématographique sont bien utilisées, quelques astuces de mise en scène aussi (le son, le doublage…) mais je suis restée à quai.

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Hansel & Gretel : Witch Hunters / Tommy Wirkola

« C’est l’heure de voir un film un peu crétin, complètement décomplexé, mais où on pourra au moins rire un peu, même si c’est au second degré ! » Eh bien… même pas. Le film est simplement creux, bête, laid, pas grand-chose pour plaire. Les sorcières sont d’affreuses créatures maquillées, la maison de sucrerie donne envie de tout sauf d’en manger un bout, et il y a juste ce qu’il faut de sexisme sous couvert de mettre un personnage féminin dans le tandem… Bref, pas grand-chose à sauver ici, les scènes d’action qu’on pourrait attendre s’avèrent toutes décevantes. On ne s’ennuie pas franchement, mais bon…

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Fin / Jorge Torregrossa (compétition)

Fin (« The End« ) suit un groupe de copains venus passer quelques jours dans une maison à la campagne. Il y a longtemps qu’ils ne se sont vus, et l’un d’entre eux, celui qui était mentalement instable, est mystérieusement absent. Alors que l’on s’attend à ce que ce personnage invisible mène des attaques contre ses anciens amis, le film part en fait vers tout autre chose. Il s’agit bien de fin du monde, mais traité d’une manière assez inhabituelle et anti-spectaculaire à souhait – sans dévoiler le cœur du concept. Malheureusement  ce choix est à double tranchant, puisque tout se met finalement dans un rythme assez convenu, et finalement, on se laisse tranquillement bercer pour arriver à la fin du film, logique et sans enjeu. Néanmoins je trouve l’idée jolie, l’interprétation assez bonne aussi. Et c’est un film qui a plutôt bien vieilli dans mon esprit depuis le festival.

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Room 237 / Rodney Ascher 

[Petite parenthèse d'introduction sur Shining] J’ai vu Shining quelques jours avant le début du festival juste pour voir ce documentaire qui décrypte le film de Kubrick. Je ne l’avais jusqu’ici jamais vu car je savais que je serais terrorisée, pour avoir vu et revu ici et là des extraits, images ou bandes-annonces ; mais je savais que j’allais adorer. Je m’étais trompée, car oui, j’ai bel et bien été terrorisée, au point de me cacher sous une couverture à de nombreuses reprises, mais j’ai été aussi assez déçue : je pensais adhérer au jeu outré (chacun à leur manière) de Jack Nicholson et de Shelley Duvall, mais la plupart du temps, je les trouve vraiment grossiers. Et je trouvais que tout ça n’allait pas très loin, que tout était simple, voire simpliste.
Je l’ignorais, mais ce documentaire est justement fait pour moi. Derrière une forme bien spécifique qui m’a d’abord rebutée (l’ensemble de Room 237 est fait de montages, parfois retouchés, d’images de films, de Kubrick souvent), le film s’emploie à décrypter tous les sous-textes cachés du film. Symboles, détails de décor, de montage, géographie des décors : tout n’est pas au même niveau de crédibilité, mais peu importe. J’ai découvert pas mal de plans de Shining que je n’avais même pas vus (cachée que j’étais sous ma couverture) et qui sont en effet parsemés de détails fascinants. Le documentaire m’a montré et prouvé que le premier degré de Shining n’est pas satisfaisant, et qu’en tout cas, seul, il ne suffit pas à en faire le film d’un génie. Je n’entre pas dans les détails : le documentaire sera très certainement visible largement en France. J’entends d’ailleurs d’ici les flopées de gens qui passeront leur séance à ricaner, ainsi que les remarques qui seront faites : « C’est tiré par les cheveux » « Vous faites dire aux œuvres des choses que les artistes n’ont jamais conçues », etc. [J'ai été prof, je sais que "les explications de texte ça ne sert à rien", "les maths ça ne sert à rien CONCRÈTEMENT dans la vie", et autant de réflexions basses de plafond]. Cela étant, effectivement, certaines pistes font (volontairement ?) sourire. Mais d’autres sont trop grosses pour n’être qu’un détail, car même si on a tendance à déifier Kubrick, il faut quand même reconnaître qu’il ne laissait pas grand-chose au hasard, et, au-delà de ça, que ses œuvres étaient construites et composées de milliers de couches successives. À réserver aux curieux un peu ouverts d’esprit, donc.

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Palmarès, informations sur les films sur le site officiel du festival de Gérardmer.

Merci encore à FilmDeCulte et à sa rédaction !


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