Nous n’irons pas voir Auschwitz de Jérémie Dres

Nous n’irons pas voir Auschwitz
©Cambourakis

Nous n’irons pas voir Auschwitz est le premier roman graphique de Jérémie Dres. A la recherche de leurs origines, l’auteur et son frère partent en Pologne sur les traces de leur grand-mère décédée. Cette quête familale leur permettra de rencontrer la communauté juive polonaise d’aujourd’hui et de mesurer son renouveau. A travers une multitude de rencontres, avec la jeune génération d’artistes polonais à Varsovie, avec un rabbin progressiste américain ou encore avec l’historien Jean-Yves Potel, c’est une image moderne et contrastée de la nouvelle communauté juive de Pologne qui émerge de ce récit intimiste. Au-delà d’un simple travail de mémoire, ce que les deux frères vont découvrir va profondément enrichir leur identité, faire la lumière sur les relations judéo-polonaises et interroger les préjugés, notamment d’antisémitisme, qui ont pu leur être transmis durant leur enfance. De Paris à Varsovie, entre recherche identitaire et enquête documentaire, Jérémie Dres dresse avec un ton plein de justesse et de drôlerie un portrait de la communauté juive de Pologne. Par son aspect documentaire, ce roman graphique original aborde avec une perspective inédite, toute en fnesse, des problématiques peu traitées par la bande dessinée contemporaine : le rapport à l’avenir de la communauté juive de Pologne, à travers ses aspirations et ses contradictions.

Nous n’irons pas voir Auschwitz
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Nous n’irons pas voir Auschwitz de Jérémie Dres fait partie des ouvrages que j’ai découvert par hasard en flânant dans les allées du Festival Quai des Bulles de Saint Malo (2012).

Le titre de ce premier roman graphique a tout de suite parlé à l’intérêt profond que je porte à la Seconde Guerre Mondiale et tout ce qui l’entoure. N’étant pas juive et n’ayant pas (à ma connaissance) de lien de parenté avec des rescapés (ou victimes) des camps de la mort, me rendre à Auschwitz m’a toujours paru comme quelque chose de déplacé et d’effrayant. Alors en entendant Jérémie Dres parler de son oeuvre comme le récit de son voyage en Pologne à la recherche du passé de sa grand-mère mais sans se rendre dans l’horriblement célèbre camp de concentration, j’ai été d’autant plus intriguée.

Grand bien m’en a fait ! Nous n’irons pas voir Auschwitz nous entraîne dans la Pologne des années 2000 où être juif n’est toujours pas quelque chose d’évident. Il n’est (presque) pas question d’antisémitisme, mais plutôt d’un désir ou non de renouer avec un passé, des traditions… Véritable voyage initiatique pour l’auteur et son frère, ce récit souligne encore le fait que le passé n’est pas toujours fait pour rester enterré. Pour avancer, grandir et se connaître, il est parfois nécessaire d’aller à sa rencontre, même si celle-ci peut s’avérer décevante, surprenante ou difficile.

Nous n’irons pas voir Auschwitz
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Au fil des rencontres qu’il retranscrit dans ses planches, Jérémie Dres effectue un travail documentaire des plus intéressants pour nous brosser le portrait de la communauté juive polonaise de ce début de 21ème siècle. Cette quête autobiographique est d’autant plus captivante et instructive, qu’elle adopte un ton sobre (dans les traits de crayons comme dans le scénario) et multiplie les regards et les points de vue. Si le sujet de la Seconde Guerre Mondiale et de la recherche d’identité lié à ses ancêtres juifs ont déjà été traités maintes fois en littérature, l’approche de Dres est complètement inédite.

Ce roman graphique fera peut-être enfin taire les mauvaises langues qui pensent encore que ce genre est réservé aux geeks/adulescents et ne peuvent pas traiter de sujet grave.

Tout en subtilité, Jérémie Dres nous fait comprendre qu’il est parfois plus important de restituer/reconstituer un passé plutôt que de se souvenir pour réussir à se construire autour de lui.

Nous n’irons pas voir Auschwitz
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Cette lecture entre dans le Challenge Histoire lancé par Falaise Lynnaenne.