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La part des chiens de Marcus Malte

Par Sylvie

ROMAN NOIR

 

La part des chiens de Marcus Malte

Editions Zulma, Gallimard, Folio Série noire, 2003

Prix "Polar dans la ville" de Saint-Quentin en Yvelines, 2004

Marcus Malte est considéré comme l'un des grands représentants du roman noir français d'aujourd'hui. J'ai découvert son oeuvre grâce à une rencontre programmée à à la Médiathèque d'Antony le mardi 26 février...

Roman noir...que se cache derrière cette catégorie ? Une atmosphère très glauque, des personnages englués dans leur désespoir, un puit sans fonds, un manque d'amour cuisant....et aussi et surtout, un style hors pair, tout en clair obscur...

Dans ce petit chef d'oeuvre, l'auteur nous mène constamment de la fange aux étoiles, du désespoir au rêve, de la désespérance à l'absolu, des ténèbres au cosmos....

Comme toujours chez Marcus Malte, la forme  est aussi importante que le fonds, sinon plus. Il faut dire que le prétexte de l'intrigue est mince : Zodiac, qui tient son nom du cosmos tatoué sur son torse, suivi de "Le Polac", son démon/ange gardien, en fait son beau-frère, parcourent les routes à la recherche de la belle funambule, Sonia, leur bien aimée et soeur.

Zodiac est tombé amoureux enfant dans le cirque qui les avait recueilli tous les trois. Mais depuis que Sonia a disparu, il ne peut plus vivre...

Il paraît qu'elle se prostitue au servie du caïd du coin. Alors, tous les deux, Zodiac et le Polac, vont monter une expédition punitive....

Ames sensibles s'abstenir...Bienvenue dans le monde des Freaks où nains et autres bêtes de foire vont se livrer à des pratiques sado masochistes et plus encore....

Ce que l'on retient, c'est cette oscillation constante entre la fange la plus abjecte et la faculté des personnages à poursuivre leur idéal, leur rêve. Pour Zodiac, Sonia est funambule afin de descendre du ciel les étoiles censées donner la beauté aux hommes...

Magnifique image qui justifie l'amour absolu qu'il lui porte. Dans ce milieu obscène (la ville portuaire n'est jamais nommée, on pense à Marseille), l'amour éprouvé fait encore vivre, avancer dans une terre apocalyptique. Malte convoque tous les éléments de l'univers, de la pellicule de terre à l'étoile.

Ce clair obscur donne naissance à de magnifiques passages, vériables poèmes en prose :

"Raconte-moi encore, disait-elle en lui présentant sa main. Comme si les lignes tracées de son propre destin étaient une de ces histoires qu'on dit le soir au coucher. Un conte. Et c'était exactement cela. Les récits, les fameux poèmes qu'il allait puiser pour elle à la source de la Terre et du Ciel. Des myriades de vocables interstellaires tressés entre eux comme des fils de lin ou de pure soie. Embrasser l'univers. Souffler dessus. Essaimer les vieilles poussières, les cendres froides de plusieurs milliers de millénaires ou les braises ardentes de l'archée. Tout recommencer. Défaire, faire, refaire un monde qui ne porterait que ton nom, mon amour, qui serait le seul reflet de ton visage"

Un monde de saltimbanques au coeur brisé qui recherche la beauté dans la fange. On est ici proche des magnifiques fleurs du mal chères à Baudelaire.

Magnifique....


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